Pour la première fois, Israël enregistre plus de 10 000 cas en un jour
Le taux de positivité est le plus élevé depuis des mois, alors que les autorités prédisent l'apparition d'un foyer majeur au printemps malgré la campagne de vaccination
Pour la première fois depuis le début de la pandémie, plus de 10 000 nouveaux cas de coronavirus ont été confirmés lundi en Israël, et ce malgré le confinement national en vigueur.
Le ministère de la Santé a déclaré mardi matin qu’un record de 10 021 contaminations ont été confirmées la veille, ce qui porte à 532 167 le nombre total de cas enregistrés depuis le début de la pandémie, dont
81 059 cas actifs.
Le taux de positivité des tests a dépassé 10 % lundi, pour la première fois en plus de trois mois, avec 10,2 % des 100 000 tests effectués qui sont revenus positifs.
On dénombre 1 114 cas graves, dont 347 dans un état critique et 277 sous respirateurs. Le bilan est passé à 4 049.
Les statistiques de l’université d’Oxford citées par le site Ynet montrent qu’Israël est leader mondial en matière de vaccination, avant le Portugal, Andorre, la République tchèque, l’Irlande et le Liban. Toutefois, ce chiffre est affecté par le fait qu’Israël a effectué le quatrième plus grand nombre de tests COVID-19 par habitant dans le monde au cours de la même période.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Santé Yuli Edelstein ont ignoré les statistiques pessimistes dans leurs tweets de mardi matin, qui mettaient en lumière la campagne de vaccination, largement considérée comme la plus importante et la plus rapide au monde. Cependant, les vaccins n’ont pas ralenti le rythme de la contamination.
Edelstein a dit que la journée de lundi a été marquée par un nouveau record, avec un total de 186 000 vaccins administrés, qui se divisent en
114 000 secondes doses et 72 000 premières. Il a déclaré que près de
2,2 millions de personnes sur les 9,2 millions de personnes qui vivent en Israël ont désormais reçu la première dose et 422 000 ont reçu la double dose.
« Nous continuons à plein régime, pour rouvrir notre économie et retourner à la normale », a déclaré Netanyahu.
Mais le retour à la normale ne semble pas imminent. Le cabinet Corona se réunira mardi après-midi pour décider d’une éventuelle prolongation du confinement au-delà de jeudi. Une prolongation d’une semaine est attendue. En effet, un reportage diffusé lundi signalait que les ministres seront confrontés à la sombre prédiction d’une nouvelle épidémie majeure potentielle dans les mois à venir.
Selon cette projection, rapportée par la Douzième chaine, la rapide propagation du variant britannique, considéré comme plus contagieux, pourrait déclencher la quatrième vague de contamination vers mars ou avril, après la réouverture de l’économie. Selon ce scénario, le nouveau variant prendrait de l’ampleur et serait responsable de la quasi-totalité – si ce n’est la totalité – des cas.
Selon les prévisions, même les membres relativement peu nombreux des groupes à risque qui n’ont pas été vaccinés pourraient suffire à envoyer des centaines de patients atteints de COVID-19 graves dans des services hospitaliers déjà saturés, qui sont actuellement soumis à une pression énorme.
Un responsable de la santé non nommé a déclaré à la Douzième chaîne que les fréquentes remarques de Netanyahu selon lesquelles Israël est en train de surmonter la pandémie sont prématurées, trop optimistes et irresponsables. Le Premier ministre a largement fait de la campagne de vaccination la pièce maîtresse de sa campagne à l’approche des élections à la Knesset prévues le 23 mars.
Parallèlement, les critiques se sont intensifiées à propos de la discrimination présumée dans l’application des mesures de confinement actuelles, les autorités infligeant beaucoup moins d’amendes dans les secteurs ultra-orthodoxes, où l’épidémie a été d’une intensité disproportionnée et où l’on signale de plus en plus souvent un mépris généralisé des mesures. Dans le même temps, la plupart des amendes sont infligées dans des localités arabes, où les infections sont nettement moins importantes que dans les zones ultra-orthodoxes, bien qu’elles soient toujours plus élevées que dans le reste de la population
Le radiodiffuseur public Kan a indiqué que la ville haredi de Bnei Brak, où 20 % des tests COVID-19 sont actuellement positifs, n’a enregistré que 2,6 amendes pour mille habitants, alors que Tel Aviv (4 % de taux de positivité) en a 5,6, Beer Sheva (6 %) 5,15 et Rishon Lezion (6 %) 4,3.
Les images d’un énième mariage de grande ampleur à Bnei Brak ont suscité l’indignation lundi soir, la police ayant mis beaucoup de temps – environ une heure après qu’il a été largement diffusé – à arriver. Les policiers ont finalement mis fin à l’événement, ont distribué des amendes et ont convoqué les organisateurs pour un interrogatoire en cas de suspicion de propagation d’une maladie.
וככה זה נראה מבפנים pic.twitter.com/4CL2XyZXqj
— יאיר שרקי (@yaircherki) January 18, 2021
L’ensemble de la classe politique a condamné cette décision, y compris Aryeh Deri, qui dirige le parti ultra-orthodoxe Shas. Il a déclaré que le mariage contrevenait à un commandement de la Torah qui demandait de « faire très attention à vos vies », qu’il avait causé « une grave profanation du nom de Dieu » et qu’il avait entaché l’image de toute la communauté ultra-orthodoxe.
La ville israélienne enregistrant le taux de positivité le plus élevé (28,5 %), Beitar Illit, a reçu de nombreux appels pour éviter de « dénoncer » les résidents qui bafouent les règles. Le principal tribunal rabbinique de l’implantation a déclaré qu’il était interdit de contacter les autorités sans son approbation.
Roni Numa, chargé du gouvernement pour la lutte contre la pandémie dans la communauté ultra-orthodoxe, a déclaré lors d’un point de presse lundi que la fermeture des écoles de la communauté Haredi nécessitait une plus grande répression.
Numa a déclaré qu’il serait extrêmement difficile de fermer les écoles ultra-orthodoxes pendant dix jours supplémentaires, et a ajouté que quelque 15 % des écoles ultra-orthodoxes restaient ouvertes. « Si une petite partie seulement est ouverte, si nous n’arrêtons pas, [l’épidémie] continuera de s’étendre », a-t-il prévenu.
Il a ajouté que 30 % des infections en Israël provenaient de la communauté ultra-orthodoxe, mais qu’il semblait que le taux élevé d’infection diminuait. Ce groupe constitue environ 10 % de la population générale.
Environ 20 % des tests de dépistage du virus reviennent positifs dans les zones ultra-orthodoxes, contre environ 5 % dans la population générale, a déclaré Numa.