Israël en guerre - Jour 345

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Analyse

Pourquoi l’EI a-t-il attaqué l’Iran le jour de l’anniversaire de la mort de Soleimani ?

L'attentat à la bombe de la semaine dernière près de la tombe du général de la Force Al-Qods, qui a fait 84 morts, est le dernier épisode de la guerre de l’EI contre les chiites

Des personnes assistent à la cérémonie funéraire des victimes de l'explosion d'une bombe mercredi dans la ville de Kerman, à environ 820 km au sud-est de la capitale Téhéran, en Iran, le vendredi 5 janvier 2024. (Crédit : Vahid Salemi/AP)
Des personnes assistent à la cérémonie funéraire des victimes de l'explosion d'une bombe mercredi dans la ville de Kerman, à environ 820 km au sud-est de la capitale Téhéran, en Iran, le vendredi 5 janvier 2024. (Crédit : Vahid Salemi/AP)

Le 3 janvier, à la suite de l’explosion qui a tué au moins 84 personnes près de la tombe du général Qassem Soleimani dans la ville iranienne de Kerman, plusieurs responsables iraniens ont suggéré une possible implication israélienne. Selon le vice-président du Parlement iranien, l’explosion présentait les caractéristiques d’une attaque israélienne, malgré le fait qu’elle soit radicalement différente des opérations attribuées en Israël en territoire ennemi, qui consistent généralement en des assassinats ciblés de figures clés des forces ennemies.

Le lendemain, le groupe terroriste de l’État islamique au Khorossan (EI-K) a revendiqué l’attentat, déclarant qu’il avait été perpétré par deux « martyrs », Omar al-Mowahid et Sayefulla al-Mujahid, qui ont fait exploser leurs ceintures d’explosifs au milieu de la foule, à 20 minutes d’intervalle.

L’attentat a eu lieu le jour du quatrième anniversaire de la mort de Soleimani. L’organisation terroriste a justifié l’attentat en accusant Soleimani d’avoir été « impliqué dans le meurtre de milliers de musulmans [c’est-à-dire de combattants de l’Etat islamique (EI)] en Irak et en Syrie. »

« L’attaque a porté un coup significatif à la sécurité du gouvernement iranien à un moment où plusieurs homologues tentent de promouvoir le projet iranien dans la région », indiquait le communiqué, selon une traduction fournie par l’Institut de recherche sur les médias du Moyen-Orient (MEMRI).

Soleimani, chef de la force Al-Qods au sein du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), avait joué un rôle important dans la lutte contre l’État islamique en Syrie et en Irak, à travers le déploiement de milices chiites contrôlées par le CGRI. Il a été assassiné lors d’une frappe aérienne américaine dans un aéroport de Bagdad en 2019.

L’EI-K a en outre indiqué dans son communiqué que l’attentat visait à tuer des musulmans chiites, qu’il accusaient de « pratiquer des rituels polythéistes », comme celui de se recueillir sur une tombe, une pratique strictement interdite par l’interprétation sunnite rigoriste de l’islam de l’État islamique (EI).

Des Iraniens se rassemblent pour l’enterrement du général Qasem Soleimani tué par les forces américaines, dans sa ville natale de Kerman, le 7 janvier 2020. (Crédit : Atta KENARE / AFP)

Tous les regards se penchent sur l’Etat islamique au Khorossan (EI-K)

L’attentat-suicide de la semaine dernière est le dernier d’une série d’opérations menées par l’EI sur le sol iranien. Le premier assaut remonte à juin 2017, lorsque l’EI a revendiqué un double attentat contre le Parlement iranien et le mausolée de l’ayatollah Khomeini. Seize personnes ont été tuées.

La dernière opération d’envergure dans le pays remonte à octobre 2022, lorsque des terroristes de l’EI ont ouvert le feu sur des visiteurs d’un important lieu saint chiite dans la ville de Chiraz, faisant au moins 15 morts et des dizaines de blessés.

Des ouvriers nettoient la scène après une attaque armée au sanctuaire de Shah Cheragh dans la ville iranienne de Shiraz, le 26 octobre 2022. (Crédit : ISNA NEWS AGENCY / AFP)

Bien que l’EI n’ait pas indiqué laquelle de ses branches a perpétré l’attentat de la semaine dernière, divers experts l’attribuent à l’EI-K.

L’EI rejette les frontières des Etats modernes et Khorasan est le nom d’une région historique d’Asie centrale, comprenant des parties du nord-est de l’Iran, de l’Afghanistan, du Turkménistan et du Pakistan d’aujourd’hui. Selon les experts, l’attentat aurait été planifié en dehors de l’Iran, en Afghanistan ou au Pakistan, où la vacance du pouvoir permet au groupe de proliférer. L’EI compterait entre 4 000 et 6 000 membres, dont la grande majorité est basée en Afghanistan.

L’EI-K a été fondé par des talibans afghans et pakistanais mécontents, leurrés par la version plus extrême de l’islam proposée par l’EI et par les promesses d’unir le monde musulman et de lancer le djihad contre les infidèles.

En janvier 2015, le groupe a prêté allégeance au dirigeant irakien Abou Bakr al-Baghdadi, qui était à l’époque à la tête de l’EI au plus fort de son expansion.

Dans cette photo du 16 juin 2014, des manifestants scandent des slogans pro Etat islamique alors qu’ils portent des drapeaux du groupe devant le siège du gouverne-ment provincial à Mosul, en Irak. (AP Photo)

Depuis janvier 2017, les terroristes de l’EI ont mené des centaines d’attaques contre les forces de sécurité et les civils en Afghanistan et au Pakistan, y compris contre des musulmans chiites minoritaires, selon le Centre d’études internationales et stratégiques. Des centaines de personnes ont été tuées lors d’attaques contre des mosquées chiites.

Les chiites représentent environ 10 % de la population afghane. Nombre d’entre eux sont des Hazaras, un groupe ethnique victimes de persécutions en Afghanistan depuis des dizaines d’années.

En août 2021, peu après l’annonce par les États-Unis du retrait de leurs troupes d’Afghanistan au terme d’une contre-insurrection infructueuse de 20 ans, l’EI a perpétré un attentat meurtrier à l’aéroport de Kaboul qui a tué au moins 170 Afghans et 13 membres des services américains, l’attaque la plus meurtrière contre les troupes américaines depuis une dizaine d’années.

Hostilité envers les autres musulmans

Le groupe terroriste de l’EI a une longue histoire d’hostilité envers les chiites. Cet antagonisme découle d’un différend religieux qui remonte au septième siècle de notre ère et qui porte sur la succession du prophète Mahomet. Les chiites sont systématiquement qualifiés de « rejectionnistes » par l’EI pour avoir réfuté l’autorité des trois premiers successeurs, ou califes, ainsi que « d’apostats » et de « polythéistes » en raison de leurs croyances et de leurs pratiques religieuses.

L’EI s’est développé à partir d’une scission de la branche irakienne d’Al-Qaïda suite à l’invasion américaine du pays en 2003. Les années suivantes, ses rangs se sont multipliés à mesure que le groupe recrutait de nouveaux membres parmi la population sunnite irakienne mécontente, en tirant parti de leur animosité à l’égard de la majorité chiite qui avait pris le pouvoir à la suite de l’invasion américaine et du renversement du dictateur sunnite Saddam Hussein.

En 2014, le chef Abou Bakr al-Baghdadi a déclaré, du haut de la chaire d’une mosquée de Mossoul, l’établissement du califat de l’État islamique (EI), ou Daesh, comprenant les territoires conquis par le groupe dans une zone située à cheval sur la frontière irako-syrienne.

La même année, le groupe a exécuté environ 1 700 cadets chiites non armés de l’armée irakienne lors du massacre du Camp Speicher.

Abou Bakr Al-Baghdadi, chef de l’Etat islamique. (Crédit : capture d’écran YouTube)

À son apogée, le groupe terroriste régnait sur une région transfrontalière de la taille de la Grande-Bretagne. Divers groupes islamistes du Moyen-Orient et d’Afrique ont rejoint le califat et prêté allégeance à son chef, désigné par le terme de « calife ».

En décembre 2017, l’EI avait perdu 95 % de son territoire, y compris sa capitale Raqqa en Syrie et Mossoul, la deuxième ville d’Irak. Début 2019, le groupe terroriste a subi une défaite cuisante face à une coalition internationale dirigée par les États-Unis à Baghouz, à la frontière syro-irakienne. Al-Baghdadi, le calife autoproclamé, a été tué en octobre de la même année.

Depuis lors, l’organisation terroriste islamiste n’a cessé de décliner. Ses agents en Irak et en Syrie se sont divisés en cellules qui se cachent dans les vastes déserts de la région.

Aujourd’hui, le groupe terroriste est surtout actif dans différentes parties de l’Afrique. Au Mali, il a réussi à exploiter la vacance du pouvoir et à doubler le territoire qu’il contrôle.

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