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Iran: Washington juge « absurde » toute suggestion que les Etats-Unis ou Israël seraient impliqués

Les dirigeants iraniens jurent de se venger des explosions survenues près de la tombe de Soleimani et ne blâment pas officiellement Israël ; un responsable américain semble tenir l'Etat islamique pour responsable

Des Iraniens se précipitent après des explosions survenues le 3 janvier 2024 près de la tombe de Qassem Soleimani, l'homme clé du régime iranien tué en janvier 2020, à l'âge de 62 ans, lors d'une attaque de drone américain en Irak. (Crédit : capture d'écran)
Des Iraniens se précipitent après des explosions survenues le 3 janvier 2024 près de la tombe de Qassem Soleimani, l'homme clé du régime iranien tué en janvier 2020, à l'âge de 62 ans, lors d'une attaque de drone américain en Irak. (Crédit : capture d'écran)

L’Iran a accusé Israël et les Etats-Unis d’être derrière l’attentat qui a fait une centaine de morts mercredi près de la tombe de Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient dont l’Iran commémorait la mort il y a quatre ans, ont rapporté des médias d’Etat, une accusation jugée « absurde » par le département d’Etat à Washington.

L’agence de presse officielle Irna avait évoqué dans un premier temps un bilan de 103 morts, la télévision d’Etat faisant mention de 211 blessés, dont certains dans un état critique.

Le ministre de la Santé, Bahram Eynollahi, a ensuite révisé à 95 le nombre de personnes tuées, expliquant que certains noms « avaient été enregistrés deux fois ».

Le bilan final s’élève depuis jeudi matin à 84.

Les dirigeants iraniens ont juré de se venger de l’attaque, sans toutefois accuser ouvertement Israël. Toutefois, le vice-président du Parlement iranien a affirmé que l’attentat présentait les signes d’une attaque israélienne parce qu’il n’impliquait pas de kamikazes.

« Les Etats-Unis n’ont été impliqués en aucune façon », a déclaré le porte-parole du département d’Etat Matthew Miller.

« Nous n’avons aucune raison de croire qu’Israël est impliqué dans cette explosion », a-t-il ajouté, tout en exprimant ses condoléances aux victimes.

Mouvement de foule près du site où deux explosions en succession rapide ont frappé une foule marquant l’anniversaire de l’assassinat en 2020 du général de la Garde Qassem Soleimani, près de la mosquée Saheb al-Zaman dans la ville de Kerman, dans le sud de l’Iran, le 3 janvier 2024. (Crédit : MEHR NEWS / AFP)

L’attentat « ressemble à une attaque terroriste, le genre de chose que l’EI a fait dans le passé », a affirmé un haut responsable américain sous couvert d’anonymat.

Ennemi juré de l’Iran, Israël n’a pas commenté l’attentat. « Nous sommes concentrés sur les combats avec le Hamas », a déclaré le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari.

L’explosion a eu lieu à la date anniversaire de l’assassinat de Soleimani, au lendemain d’une attaque attribuée à Israël qui a tué le chef adjoint du groupe terroriste palestinien Hamas, Saleh al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, la capitale du Liban, qui est un bastion du Hezbollah, soutenu par l’Iran.

Sans confirmer explicitement la responsabilité israélienne ni soutenir la frappe, Miller a déclaré qu’Arouri était un « terroriste brutal avec du sang de civils sur les mains ».

Il a toutefois mis en garde contre une nouvelle escalade dans la région.

« Il n’est dans l’intérêt de personne – ni d’aucun pays de la région, ni d’aucun pays du monde – de voir ce conflit s’envenimer davantage qu’il ne l’est déjà », a-t-il déclaré.

Miller a refusé de suggérer l’identité des auteurs de l’attentat à la bombe perpétré en Iran.

Mojtaba Zolnouri, vice-président du Parlement iranien, a rejeté la responsabilité sur Israël.

« La nature non suicidaire de l’attaque terroriste à Kerman montre qu’il s’agit d’un acte du régime sioniste », a-t-il déclaré selon le journal britannique The Guardian. « Nous punirons le régime sioniste par une vengeance qui aura une valeur opérationnelle mondiale.

Le site web en langue persane de la BBC a rapporté que le premier vice-président iranien Mohammad Mokhber a accusé Israël d’être impliqué dans les explosions, déclarant que « les agents du régime sioniste » avaient fait couler le sang lors de l’attaque.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis une « réponse sévère » à l’attentat, un acte « odieux et lâche » pour le président Ebrahim Raïssi qui a annulé un déplacement prévu jeudi en Turquie, selon un média d’Etat.

« Les ennemis maléfiques et criminels de la nation iranienne ont une fois de plus créé un désastre et martyrisé un grand nombre de personnes chères à Kerman », a déclaré Khamenei dans un communiqué.

« Ce désastre aura une réponse sévère, si Dieu le veut », a-t-il ajouté.

« Il ne fait aucun doute que les auteurs de cet acte lâche seront bientôt identifiés et punis pour leur acte odieux par les forces de sécurité et les forces de l’ordre compétentes », a déclaré Raïssi dans un communiqué. « Les ennemis de la nation doivent savoir que de tels actes ne pourront jamais perturber la solide détermination de la nation iranienne », a-t-il poursuivi, sans toutefois préciser d’entité particulière.

Une photo fournie par la présidence iranienne montre le président Ebrahim Raissi s’exprimer avant de monter dans un avion en partance de l’aéroport international Mehrabad, à Téhéran, et à destination de l’Arabie saoudite pour assister à un sommet, le 11 novembre 2023. (Crédit : Présidence iranienne/AFP)

L’attaque, non revendiquée dans l’immédiat, survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit en octobre entre Israël et les terroristes palestiniens du Hamas à Gaza, et au lendemain de l’élimination d’un haut responsable du groupe terroriste islamiste palestinien dans une frappe près de Beyrouth.

Par le passé, l’Iran a accusé Israël d’être à l’origine d’attentats apparemment perpétrés par des groupes armés nationaux. Yaron Bloom, ancien officier supérieur de l’agence de sécurité israélienne Shin Bet, a rejeté toute idée selon laquelle Israël serait à l’origine de l’attentat.

« Il est impossible qu’Israël ait mené une telle attaque. Les attaques [en Iran] qui sont toujours imputées à Israël [par les Iraniens] sont des actions chirurgicales au cours desquelles les citoyens ne sont pas blessés », a analysé Bloom au micro de la Douzième chaîne. « Il s’agit d’une attaque typique de l’État islamique. »

L’Iran a de nombreux ennemis qui pourraient être à l’origine de cet assaut, notamment des groupes d’exilés, des organisations militantes et des acteurs étatiques.

Bien qu’Israël ait mené des actions en Iran au sujet de son programme nucléaire, il a procédé à des assassinats ciblés et non à des attentats à la bombe faisant de nombreuses victimes. Des groupes extrémistes sunnites, dont le groupe État islamique, ont mené par le passé des attaques à grande échelle qui ont tué des civils dans l’Iran à majorité chiite, mais pas à Kerman, une ville relativement paisible.

L’Iran a également été le théâtre de manifestations de masse ces dernières années, notamment à la suite de la mort de Mahsa Amini, 22 ans, en 2022. Le pays a également été la cible de groupes d’exilés lors d’attaques remontant aux troubles qui ont entouré la révolution islamique de 1979.

En septembre, l’agence de presse Fars a rapporté qu’un « agent » clé affilié au groupe État islamique, chargé de mener des « opérations terroristes » en Iran, avait été arrêté à Kerman. En juillet, le ministère iranien du Renseignement a déclaré avoir démantelé un réseau « lié à l’organisation d’espionnage israélienne » qui préparait des « opérations terroristes » dans tout l’Iran, a rapporté l’IRNA.

Les complots présumés incluaient « la planification d’une explosion sur la tombe » de Soleimani, a déclaré le ministère.

Des Iraniens brandissant des drapeaux nationaux lors d’une cérémonie dans la capitale Téhéran, le 3 janvier 2022, commémorant le deuxième anniversaire de l’assassinat en Irak du haut commandant iranien Qassem Soleimani (portrait) et du commandant irakien Abu Mahdi al-Muhandis lors d’une opération américaine. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

Déclaré « martyr vivant » par l’ayatollah Ali Khamenei, alors qu’il était encore en vie, Qassem Soleimani était célébré pour son rôle dans la défaite du groupe jihadiste Etat islamique en Irak et en Syrie.

Longtemps considéré comme un ennemi juré de Washington et ses alliés, Soleimani dirigeait la Force Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, supervisant les opérations militaires dans l’ensemble du Moyen-Orient, notamment en Syrie, en Irak et au Yémen.

Soleimaini a dirigé la Force Quds du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, une organisation terroriste désignée par les États-Unis. Il a lui-même été désigné comme terroriste par les États-Unis en 2005 pour avoir orchestré des attentats et des tentatives d’attentats contre des cibles américaines et autres.

L’AFP a contribué à cet article.

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