Québec : Le militant néo-nazi Gabriel Sohier-Chaput condamné à 15 mois de prison
Le juge a rejeté la suggestion commune de trois mois d’incarcération, estimant qu’elle banaliserait l’infraction et serait contraire à l’intérêt public
Gabriel Sohier-Chaput, un Montréalais de 36 ans qui a rédigé près d’un millier d’articles sur un site néo-nazi américain, a été condamné à 15 mois de prison par la Cour du Québec pour avoir fomenté la haine contre les Juifs, a rapporté le journal canadien Le Devoir.
En plus de ces 15 mois de prison, il a écopé d’une probation de trois ans et d’une interdiction totale d’écrire sur les réseaux sociaux ou sur tout autre type de publication. Il a possibilité de faire appel.
Le juge Manlio Del Negro a ainsi rejeté la suggestion commune de trois mois d’incarcération, proposée par les avocats de la Couronne et de la défense, estimant qu’elle banaliserait l’infraction et serait contraire à l’intérêt public.
« Il est difficile de concevoir une infraction qui transgresse plus les valeurs fondamentales de la société québécoise et canadienne que celle de fomenter la haine », a expliqué le magistrat, justifiant sa décision.
En janvier, le juge avait conclu que l’homme, consultant en informatique, avait sciemment l’intention de promouvoir l’antisémitisme dans un article de 2017 rédigé pour le site Internet néo-nazi « Daily Stormer ».
Bien que l’homme ait été un des auteurs les plus prolifiques du site en question entre 2016 et 2017, avec des centaines de publications à son actif, un seul article avait été déposé en preuve par les autorités. Un mandat d’arrêt avait été lancé contre lui en 2018.
« Non seulement il fomente de la haine, mais il incite et encourage les lecteurs à passer à l’action », avait indiqué le juge.
L’article en question insultait aussi le peuple chinois. Sohier-Chaput avait admis avoir écrit une partie de l’article.
Le juge avait rejeté l’argument de l’accusé selon lequel certaines des insultes les plus graves de l’article avaient été écrites par quelqu’un d’autre.
Néanmoins, le juge Del Negro avait estimé que même les parties de l’article que Sohier-Chaput avait admis avoir écrites étaient suffisantes pour le condamner.
« 2017 sera une année d’action. On doit s’assurer qu’aucun guerrier de la justice sociale ou Juif ne soit à l’abri d’être provoqué. Le nazisme continue jusqu’à ce que les rues soient inondées des larmes de nos ennemis », avait-il notamment écrit, dans son texte qui a depuis été dépublié.
« Le message véhiculé est la promotion du nazisme et de son idéologie, soit la persécution et l’extermination des Juifs », avait déclaré le juge. « Il incite le lecteur à considérer les Juifs comme étant leurs ennemis et, en conséquence, de ne pas les aimer et à vouloir les détester. »
Pendant le procès, sa défense, Me Hélène Poussard, avait été accusée dans un communiqué du CIJA, l’agence représentative de la communauté juive institutionnelle du Canada, d’avoir déformé certains évènements historiques reliés à la Shoah.