Retraites et régimes d’épargne sont la clé pour lutter contre la crise climatique – colloque
La première conférence sur la finance et le climat en Israël a donné lieu à un appel à des politiques publiques et individuelles, sans oublier les entreprises
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Pour les hommes, le moyen le plus efficace de lutter contre le changement climatique n’est pas de recycler davantage ou de moins prendre l’avion mais de s’assurer que les fonds affectés aux retraites et assurances comme à la prévoyance et à la formation soient investis dans l’aide à l’environnement – et non à sa destruction -, a-t-on pu entendre cette semaine lors de la toute première conférence israélienne sur le financement de la lutte contre la crise climatique.
« La crise climatique est un problème politique et macroéconomique », a déclaré Oren Kaplun lors de l’événement, mardi. Kaplun est cofondateur et co-gestionnaire du Clean Money Forum et de l’ENVA, classements des investisseurs institutionnels en fonction des aspects environnementaux et sociaux de leurs dépenses.
Les investisseurs institutionnels d’Israël gèrent quelque 2,8 milliards de shekels issus de l’épargne à long terme des Israéliens pour garantir leur avenir, a poursuivi Kaplon. Pourtant, 8,3 % de ces fonds – soit un mois d’épargne annuelle – sont investis dans les combustibles fossiles, la déforestation ou des industries polluantes, ainsi que dans des secteurs tels que les jeux d’argent, la pornographie ou le tabac.
La bonne nouvelle, a-t-il poursuivi, c’est que la moitié des investissements actuels dans ces plans d’épargne à long terme peuvent s’orienter vers des fonds plus propres et plus éthiques susceptibles de générer des rendements élevés.
Il est essentiel de sensibiliser les individus à l’influence qui est la leur sur la façon dont leur argent est investi, a ajouté Noga Levtzion Nadan, fondatrice de Greeneye et Value², entreprises axées sur l’investissement responsable, et d’ESG, outil de mesure de l’impact environnemental et social des entreprises ainsi que de la qualité de sa gouvernance.
« Quand on ne fait rien, on a le sentiment d’être neutre », a-t-elle expliqué. « Mais si nous mettons pas notre argent dans le non fossile ou des investissements responsables, c’est tout le contraire qui arrive. Même si nous ne faisons rien, notre argent, lui, va quelque part. »
La conférence, qui se veut annuelle, s’est tenue à l’Université Ben Gurion, dans le sud d’Israël, organisée par l’École de durabilité et de changement climatique de l’université, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et l’envoyé de l’État pour le climat, Gideon Behar.

Le militant écologiste Yoni Sappir a noté que près de 4 000 événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique avaient, entre 2014 et 2024, entraîné au niveau mondial des pertes de l’ordre de 2 000 milliards de dollars. Il a cité des recherches récentes du Réseau pour l’écologisation du système financier (un groupe de responsables de Banques Centrales et d’autorités de régulation financière) qui mettent en garde contre des pertes potentielles de PIB mondial de 30 % d’ici 2100, faute de changement substantiel.
Le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, qui a ouvert la conférence, a lui aussi parlé des subventions aux combustibles fossiles, affirmant que le gouvernement israélien dépensait près de 4 milliards de shekels pour subventionner des combustibles dont la combustion est à l’origine du changement climatique. Soit bien davantage que ce qui est investi dans des initiatives respectueuses du climat, a-t-il souligné. Il a ajouté que la taxe sur les émissions de carbone adoptée à la fin de l’année dernière était si faible que les entreprises israéliennes finiraient par payer des taxes carbone supplémentaires à l’UE, ce qui profitera aux finances de l’Europe et non à celles d’Israël.

Le professeur Dan Amiram, de l’Université de Tel Aviv, a pour sa part déclaré que si le gouvernement décidait d’agir, il pourrait contraindre les banques d’investir dans des entreprises plus vertes, ce qui aurait pour effet additionnel de lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent.
Yair Avidan, l’ancien superviseur des banques aujourd’hui à la tête du comité consultatif de l’Arison Center for ESG de l’Université Reichman à Herzliya, a ajouté sa voix aux mises en garde faites aux entreprises qui ne s’engagent pas dans la lutte contre le changement climatique, leur promettant d’importantes pertes financières et des problèmes de réputation.
Il s’est inscrit en faux contre l’argument fréquemment employé par les investisseurs institutionnels selon lequel le fait d’investir dans des fonds ESG [NDLT : assortis de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance] s’opposait à leur obligation fiduciaire de prioriser les bénéfices de leurs clients, en assurant que les deux étaient interconnectés et complémentaires.