Shmuel trigano : un nouveau souffle intellectuel francophone en Israël ?
Son but : "construire un pont intellectuel entre l'alyah de France et la société israélienne" avec la création de son association, Dialogia
« Il s’est produit une chose particulière dans le judaïsme français des années 30 aux années 90, et les Israéliens n’en n’ont aucune idée ! » s’amuse le nouveau résident israélien Shmuel Trigano.
Cette chose particulière, c’est le renouveau de la pensée juive française issu de l’école d’Orsay, où les cadres des Éclaireurs israélites confrontèrent judaïsme et modernité avec une richesse de points de vue intellectuel rarement égalé. Une grande partie d’entre eux immigrèrent en Israël.
« Les non-Français ne comprennent pratiquement jamais le judaïsme français. C’est trop compliqué : la seule communauté au monde principalement séfarade, influencée par le centralisme et l’universalisme français, il y a un biais culturel trop important, » ajoute-t-il.
D’un autre côté, Max Benhamou, qui a mis Shmuel Trigano à la tête de cette nouvelle association, constate, après 30 années passées en Israël, que les « Français ont aussi beaucoup de mal à comprendre cette société israélienne multiple » ; « à des lieux de ce « peuple » homogène qu’ils imaginaient rejoindre, » ajoute Trigano.
Dialogia est née de ce double constat, d’où cette volonté de créer un pont pour que l’immigration française ne soit pas simplement une immigration « mais une alyah avec tout ce que cela comporte de sens ».
L’association développera surtout « un travail intellectuel, » explique Shmuel Trigano, déjà auteur de 28 livres centrés autour du judaïsme, de l’identité des juifs d’Algérie, et de l’identité écartelée des juifs de France, le but étant de faire participer « l’héritage de la pensée juive française [aux] débats qui traversent Israël ».
L’association sera officiellement lancée dimanche 22 janvier (à partir de 18h) à la Zoa House (Beit Zionei America) en présence de Shmuel Trigano et Max Benhamou et d’un panel d’intellectuels représentants la diversité des courants de pensée israéliens. Parmi eux, le sociologue Eliezer Ben Rafaël, le poète Erez Biton (le premier séfarade à avoir gagné le Prix Israël), l’historien Yoesef Gorny, et l’écrivain Avraham B. Yeoshua. Les débats seront traduits dans les deux langues.
A cette occasion, il commentera un sondage commandé par Dialogia sur l’image des Français en Israël.
Entrée libre, et inscription obligatoire (contact@dialogia.co.il)