Trois vautours fauves en voie de disparition retrouvés morts dans le sud d’Israël, peut-être empoisonnés
Les parents et le jeune auraient mangé une carcasse traitée avec un anti-inflammatoire ; Un quatrième oiseau d’une espèce menacée est mort après avoir heurté une ligne électrique
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Deux spécimens adultes de vautours fauves d’Israël, espèce en voie de disparition, ont été retrouvés morts avec leur poussin dans le sud d’Israël mercredi et jeudi, sans doute empoisonnés par une carcasse traitée par des médicaments, a annoncé samedi l’Autorité israélienne de la nature et des parcs.
L’alerte a été donnée à l’Autorité par l’émetteur radio posé sur l’un des adultes à des fins de surveillance, qui n’enregistrait plus aucun mouvement. Le partenaire de l’oiseau et leur poussin ont été retrouvés à des kilomètres de là, dans le nid familial à flanc de falaise, dans le désert de Judée.
Le rapace en voie de disparition, dont le cadavre a été retrouvé près de Yeruham, dans le Néguev, était né dans un centre d’élevage du zoo de Jérusalem il y a six ans. Son partenaire avait 20 ans. L’âge du poussin n’a pas été précisé.
Un quatrième vautour est mort la semaine dernière dans la région d’Ein Gedi suite à une collision avec un câble électrique.
Les trois rapaces retrouvés morts dans leur nid seront autopsiés pour établir la cause de leur mort.
L’Autorité pense que les oiseaux ont consommé les restes d’un animal traité de son vivant avec un anti-inflammatoire non stéroïdien vétérinaire, ou AINS, lequel n’aurait pas été éliminé correctement.
Selon Uri Naveh, scientifique chef adjoint à l’Autorité israélienne de la nature et des parcs, d’autres vautours pourraient être morts en mangeant le même animal, mais n’auraient pas encore été retrouvés.
Les AINS utilisés pour traiter le bétail peuvent s’avérer toxiques lorsqu’ils sont consommés dans des charognes : en Inde, on leur reproche d’avoir tué la plupart des vautours sauvages. Certains médicaments sont d’ailleurs interdits depuis.
L’Autorité de la nature investit des millions de shekels pour élever des vautours fauves, les surveiller et les protéger. Ces efforts ont permis à cette population de rapaces de passer de 110 individus à l’hiver 2012 à 184 à l’hiver 2020, ce qui n’empêche pas la population de demeurer en danger de disparition.
Selon Ohad Hazofe, écologiste des rapaces à l’INPA, Israël abrite actuellement 190 vautours fauves.
« Il s’agit d’une diminution drastique par rapport au passé [lointain] et, par conséquent, le roi des oiseaux pourrait s’éteindre en tant que nicheur en Israël », avertit-il.
En mangeant des carcasses, ce célèbres rapaces jouent un rôle clé dans l’écosystème en nettoyant la nature.
Ils sont confrontés à nombre de dangers allant des collisions avec les lignes électriques ou de l’empoisonnement au plomb à la réduction de leur habitat naturel et aux pénuries de nourriture ou d’eau dans la région.
Mais la principale menace est la contamination des charognes soit par des médicaments vétérinaires, soit par des produits chimiques délibérément versés sur les carcasses pour tuer les loups, les chacals ou les chiens sauvages, dans le but de protéger le bétail.
L’Autorité de protection de la nature déploie des équipes de bénévoles pour protéger les œufs de vautours dans les nids et a mis au point un protocole très élaboré pour retirer et incuber en captivité les œufs pondus et nourrir les oisillons.
Ses gardes forestiers aident les agriculteurs à se débarrasser des carcasses d’animaux de ferme en leur fournissant des contenants adaptés. Malgré tout, l’Autorité estime qu’il reste encore beaucoup à faire.
Selon la porte-parole, le Clean Fund du ministère de la Protection de l’environnement a débloqué 28 millions de shekels pour un programme spécial, en juillet dernier, mais les fonds n’ont pas encore été versés.
« Nous savons quels sont les problèmes et nous avons défini un plan détaillé pour chaque zone, à commencer par le meilleur endroit pour distribuer de la nourriture » et empêcher les vautours de s’empoisonner, explique-t-elle.
L’Autorité de la nature fait depuis longtemps campagne pour l’ajout d’un amendement à la loi sur la faune sauvage afin de faciliter les poursuites et punir beaucoup plus sévèrement les empoisonnements d’animaux sauvages.
Le Dr. Yehoshua Shkedy, scientifique en chef sortant de l’Autorité, a plusieurs fois demandé de limiter l’utilisation d’insecticides toxiques, d’enregistrer et réglementer leur emploi, et d’adopter une loi permettant aux autorités d’interpeler les personnes soupçonnées d’empoisonner les animaux sauvages.
À l’heure actuelle, quiconque peut se procurer un tel poison et les suspects ne peuvent être inculpés que s’ils sont pris en flagrant délit.