Israël en guerre - Jour 471

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Un an après les émeutes, un restaurateur d’Akko rouvre, sur des bases fragiles

Ouvert il y a 26 ans et classé 19e meilleur restaurant par Tripadvisor, l'établissement d'Uri Jeremias avait été incendié lors de la guerre de 2021. Il a rouvert fidèle à ses valeurs

Le 2 mai 2022, le chef Uri Jeremias s’entretient avec des membres du personnel de son restaurant de fruits de mer et de poissons Uri Buri, dans la ville côtière d’Acre, au nord d’Israël (Crédit : Jack Guez/AFP)
Le 2 mai 2022, le chef Uri Jeremias s’entretient avec des membres du personnel de son restaurant de fruits de mer et de poissons Uri Buri, dans la ville côtière d’Acre, au nord d’Israël (Crédit : Jack Guez/AFP)

En mai 2021, le chef Uri Jeremias participait à une rencontre intercommunautaire dans sa ville d’Akko, considérée comme un symbole du vivre-ensemble entre Juifs et arabes en Israël. Une semaine plus tard, son restaurant était incendié lors d’une vague de violence qui a laissé des traces.

« Ils voulaient s’en prendre à la coexistence à Akko, et moi, en quelque sorte, j’en suis un symbole », dit Uri Jeremias, cuisinier juif qui a ouvert il y a 26 ans un célèbre restaurant de fruits de mer dans la vieille ville de cette localité du nord d’Israël, un quartier à majorité arabe.

« J’aurais été vexé si je n’avais pas été la cible », ajoute-t-il non sans une pointe d’ironie.

Son établissement, Uri Buri, a été désigné 19e meilleur restaurant au monde par le site Tripadvisor en 2021. Au-delà des mets à la carte, le restaurant s’illustre par son engagement en faveur du dialogue entre Juifs et Arabes.

Uri Jeremias est connu pour recruter depuis toujours des jeunes désœuvrés et sans compétences professionnelles, tant arabes que juifs, pour travailler dans son établissement et son hôtel situé à proximité.

Le chef israélien Uri Jeremias répond à une interview dans son restaurant de fruits de mer et de poissons « Uri Buri » dans la ville côtière d’Acre, au nord d’Israël, le 2 mai 2022 (Crédit : Jack Guez/AFP)

Mais en mai 2021, alors que s’embrasaient les Territoires palestiniens sur fond de heurts à Jérusalem-Est et de guerre entre le Hamas et le Jihad islamique palestinien, des groupes terroristes palestiniens de Gaza et l’armée israélienne, la violence a fait tâche d’huile dans les villes mixtes israéliennes.

Si Uri Jeremias et les dirigeants de sa ville côtière de 50 000 habitants sont « très satisfaits » des relations harmonieuses qui règnent dans son établissement, ce vivre ensemble porté en étendard en a fait une cible directe, estime-t-il.

« On n’a pas vu venir les gens invisibles, ceux qui n’étaient pas contents », dit le chef à l’épaisse et longue barbe blanche dans son établissement, rouvert après sept mois de rénovation à la suite de l’incendie.

« Silence menaçant »

Le 11 mai 2021, Uri Jeremias devait être de repos mais compte tenu des tensions qui ne faisaient qu’augmenter, il s’était senti obligé de faire un saut dans son restaurant, pour y boire un bol de soupe et s’assurer que tout allait bien dans son équipe avant de rentrer chez lui.

Mais un « silence menaçant » plombait la vieille ville d’Akko et alors qu’il finissait son potage, quatre hommes armés de pieds-de-biche ont débarqué et fait voler en éclats les fenêtres.

« Puis ils sont partis et j’ai pensé que c’était bon, qu’ils avaient exprimé leur colère et qu’ils en avaient fini », se souvient-il un an après.

Pourtant, quelques minutes plus tard, un coup de fil l’informait que son hôtel Efendi était en feu. Le temps d’y courir, ses voisins l’avaient déjà éteint mais des clients avaient inhalé de la fumée. L’un d’eux finira par succomber.

Une photo de la façade extérieure du restaurant de fruits de mer et de poisson « Uri Buri » dans la ville côtière d’Acre, au nord d’Israël, le 2 mai 2022 (Crédit : Jack Guez/AFP)

Mais Uri Jeremias n’était pas au bout de ses peines ce jour-là. Alors qu’il se trouvait devant son hôtel, un homme a jailli pour l’avertir que le restaurant était à son tour la proie des flammes.

Au vu des violences partout ailleurs dans le pays, parfois meurtrières comme à Lod (centre), il lui était impensable de demander l’aide de la police, des pompiers ou de l’armée, dit-il.

« Acre était à poil », dépourvue de toute défense, se souvient le chef, qui a passé deux heures à tenter de maîtriser le feu avec des extincteurs et le tuyau d’arrosage d’un voisin, faisant de son mieux pour que le brasier n’atteigne pas la vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.

En voyant tout ce qu’il avait construit partir en fumée, le chef Jeremias réfléchissait déjà à l’après: « La prochaine chose à faire, demain matin, c’est de chercher un autre endroit, me suis-je dit ».

Une photographie du 13 mai du restaurant juif Uri Buri d’Acre, connu pour son engagement en faveur de la coexistence, attaqué et lourdement endommagé lors d’émeutes dans la ville (Crédit : Jalaa Marey/AFP)

« Prendre le pouls »

Deux semaines plus tard, Uri Buri servait son célèbre sashimi de saumon sur glace de wasabi dans un restaurant temporaire, installé dans une zone industrielle à quelques kilomètres du vieux Akko, dont l’atmosphère bétonnée ne semblait pas échauder les nombreux clients.

Mais à Akko, la première réaction après l’attaque a été teintée de déni, regrette le restaurateur.

« Au début, les gens disaient ‘les émeutiers ne sont pas d’Akko’, ils trouvaient toutes sortes d’excuses pour ne pas regarder le problème en face et reconnaître que nous faisions partie du problème », dit-il à l’AFP.

Le chef Uri Jeremias accueille des touristes américains dans son restaurant de fruits de mer et de poissons « Uri Buri » dans la ville côtière du nord d’Israël, à Acre, le 2 mai 2022 (Crédit : Jack Guez/AFP)

La leçon à tirer de l’incident, selon lui, est que maintenir le calme n’est pas seulement une mission pour les forces de l’ordre ou la municipalité, mais incombe à tous les citoyens.

« Nous devons continuer à prendre le pouls de la population locale » pour éviter toute dérive extrémiste, conclut-il.

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