Un garçon transgenre retiré d’une école religieuse contre la volonté de ses parents
Les parents d’élèves ont dit avoir été informés de la décision d'envoyer l'enfant de 8 ans dans une autre école, mais le ministère de l'Éducation dément
Les parents d’un élève transgenre de 8 ans ont déclaré mardi qu’ils avaient été informés par le ministère de l’Éducation que leur fils serait contraint de changer d’école religieuse au milieu de l’année scolaire. Ils prévoient de faire appel de cette décision.
L’enfant n’a pas encore été transféré et aucune décision n’a été prise quant à l’endroit où il sera scolarisé.
Ses parents ont déclaré à la chaîne publique israélienne Kan que leur enfant était puni pour ce qu’il était.
Toutefois, le ministère de l’Éducation a démenti qu’une décision ait été prise dans cette affaire, qui agite l’école de la ville centrale de Givat Shmuel depuis plusieurs mois.
« Vous n’êtes pas correctement informés », a déclaré le ministère à Kan. « Il s’agit d’un cas compliqué, unique et sensible et le ministère et l’équipe éducative s’efforcent de travailler pour le bien de l’élève. »
Le ministère a déclaré qu’il ne pouvait pas donner plus de détails sans violer la vie privée de l’enfant.
L’enfant, qui est en CE2 dans une école religieuse publique, est né de sexe féminin mais s’identifie aujourd’hui comme un garçon. Les écoles religieuses pratiquent la non-mixité à partir du CM1. L’école et le ministère de l’Éducation se sont prononcés en faveur de son placement dans une classe de garçons l’année prochaine.
Cependant, au cours des derniers mois, d’autres parents de l’école et d’éminents rabbins ont protesté contre le maintien du garçon dans son école.
Un représentant des parents d’élèves a déclaré qu’ils avaient eux aussi été informés de la décision de transférer l’enfant et qu’ils s’en réjouissaient.
« Après des mois de lutte et de discussions entre les parents de l’école de Givat Shmuel et le ministère de l’Éducation, il a été décidé que les personnes souhaitant étudier dans le système d’éducation religieuse de l’État sont obligées de se comporter conformément aux règlements et à ses valeurs de Torah », ont-ils déclaré. Ils ont déclaré qu’ils garderaient leurs propres enfants hors de l’école jusqu’à ce que la décision soit appliquée.
Ces dernières semaines, les parents d’une quinzaine d’enfants ont mis en place une classe alternative pour leurs enfants afin de protester contre le maintien du garçon dans l’école, augmentant ainsi la pression sur le ministère, a rapporté la Treizième chaîne.
Le groupe de défense des droits LGBTQ Hoshen a déclaré dans un communiqué que « le ministère a décidé que les considérations politiques et sociales sont plus importantes que la sécurité et le bien-être d’un garçon de 8 ans ».
« Vous avez promis qu’il n’y aurait pas de préjudice pour les personnes issues de la communauté LGBT. Et ce matin, vous avez permis qu’un préjudice très grave soit causé à un petit garçon », a déclaré le groupe, faisant apparemment référence au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a confié l’autorité sur les programmes externes dans le système éducatif au député Avi Maoz de la faction homophobe Noam.
Netanyahu a insisté sur le fait qu’il ne permettrait pas que l’on nuise aux droits des personnes issues de la communauté LGBTQ. Parallèlement, on craint qu’en plus de la nomination de Maoz, les lois anti-discrimination soient modifiées.
En septembre, un groupe de 17 rabbins, dont plusieurs personnalités de la communauté nationaliste-religieuse, a demandé à l’école de forcer l’enfant à intégrer une classe de filles, affirmant que « les fantasmes ne changent pas la réalité ».
« La loi juive orthodoxe ne reconnaît pas les changements artificiels et interdit le comportement et l’habillage d’un garçon en fille ou d’une fille en garçon », affirme la lettre. « C’est le rôle d’une école religieuse de maintenir la loi juive et d’agir en conséquence » en envoyant l’enfant dans une classe réservée aux filles l’année prochaine.
La lettre qualifie l’élève de « fille ayant le privilège de grandir en tant que femme et mère ».
La lettre a été signée par un certain nombre de personnalités religieuses de premier plan, notamment les rabbins Dov Lior, un partisan d’extrême-droite ayant des liens avec des résidents d’implantations radicaux, et Yaakov Ariel, le grand rabbin financé par l’État de la ville voisine de Ramat Gan.
L’Association Aguda pour l’égalité LGBTQ en Israël a accusé les rabbins de mettre l’enfant et d’autres personnes « en danger d’avoir des séquelles mentales qui pourraient conduire au suicide, en totale opposition avec les autorités professionnelles et médicales en Israël et dans le monde ».
« Nous implorons toutes les autorités : laissez le garçon tranquille », a déclaré l’association, selon la Douzième chaîne. « Il est en votre pouvoir d’empêcher la prochaine tragédie. »
L’affaire a ouvert un fossé entre les parents d’élèves de Givat Shmuel, un bastion nationaliste-religieux, situé à l’extérieur de Tel Aviv.