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Un groupe ciblant les étudiants anti-Israël taxé de « raciste », l’ADL s’excuse

L'organisation juive a présenté ses excuses pour avoir déclaré que Canary Mission était islamophobe mais rejette encore certaines de ses tactiques

Le président d'ADL Jonathan Greenblatt prenant la parole lors de la conférence Never is Now  à  New York City,le 17 novembre  2016. (Crédit : ADL)
Le président d'ADL Jonathan Greenblatt prenant la parole lors de la conférence Never is Now à New York City,le 17 novembre 2016. (Crédit : ADL)

WASHINGTON (JTA) — L’ADL (Anti-Defamation League) a indiqué regretter d’avoir utilisé « un langage trop prononcé pour » qualifier la Canary Mission, un groupe qui publie des listes noires des noms des étudiants qu’ils considère comme « anti-israéliens » sur les campus.

« Nous regrettons le langage trop prononcé que nous avons utilisé pour décrire le groupe Canary Mission dans un tweet en début de semaine », a écrit un porte-parole de l’ADL dans un courriel, jeudi soir, après que le JTA a demandé au groupe de démontrer où Canary Mission avait été susceptible de déployer une « rhétorique islamophobe et raciste » comme l’avait prétendu l’Anti Defamation League dans un tweet.

« Cela a été un tort d’appliquer ces qualificatifs à un groupe qui travaille, comme nous le faisons, à contrer l’antisémitisme à l’université », a ajouté le porte-parole, qui a ajouté qu’il faisait toutefois siennes certaines des réserves exprimées dans une lettre ouverte écrite par des étudiants pro-israéliens qui dénonçait les tactiques utilisées par Canary Mission, parue chez JTA.

L’ADL avait retweeté cette lettre ouverte qui affirmait que Canary Mission, un groupe anonyme, utilisait des « tactiques d’intimidation, est l’antithèse de nos valeurs juives et démocratiques, est contre-productif et moralement répréhensible ».

Logo de Canary Mission

Les élèves ayant signé la lettre – notamment les bureaux directeurs et exécutifs du groupe Hillel à l’université du Michigan, à l’université du Minnesota et à l’université de l’état de l’Ohio – avaient fait savoir que la technique de publication par Canary Mission des données personnelles des étudiants considérés par le groupe comme anti-israéliens avait encouragé des gouvernements étudiants à voter le boycott d’Israël lors de sessions secrètes.

« Nous considérons une grande partie de la rhétorique utilisée pour diaboliser ces individus comme haineuse et, dans certains cas, islamophobe et raciste », avait dit la lettre ouverte qui ne donnait pas d’exemples de ce langage raciste ou islamophobe utilisé. Les auteurs n’ont pas répondu à une demande de commentaires de JTA.

Le 24 avril, l’ADL a retweeté cette lettre ouverte, reprenant la terminologie utilisée. « Merci aux leaders étudiants @umich qui exposent la rhétorique islamophobe & raciste de la Canary Mission, qui est antithétique et destructrice du soutien à Israël et de l’éradication de l’antisémitisme sur les camps », disait le tweet.

L’ADL s’est distancée de cette publication jeudi.

« Nous répétons notre soutien aux étudiants de l’Université du Michigan qui ont exprimé des inquiétudes légitimes sur l’impact du groupe Canary Mission sur les efforts de soutien à Israël sur les campus », a déclaré le porte-parole de l’ADL. « Nous comprenons que l’approche et la tactique de Canary Mission dans les universités ne soit pas l’approche préférée par de nombreux étudiants. Nous pensons que toutes les parties impliquées dans cette situation veulent obtenir le même résultat et nous les encourageons à trouver des moyens de travailler ensemble pour combattre l’antisémitisme et soutenir les besoins des étudiants juifs ».

Vendredi, l’Organisation sioniste d’Amérique a critiqué l’ADL pour les qualificatifs « d’islamophobe et raciste » utilisés à l’encontre de Canary Mission. La ZOA, de droite, a salué le travail de Canary Mission qui « lutte véritablement contre l’antisémitisme sur les campus américains ».

Canary Mission a accepté les regrets exprimés par l’ADL. « Combattre l’antisémitisme est une responsabilité qui nous incombe à nous tous », a déclaré le groupe dans un courriel adressé à JTA. « L’ADL a à juste titre rectifié un tort et nous ne pouvons que lui souhaiter de réussir dans sa lutte contre l’antisémitisme, BDS et les autres formes de haine anti-juive. Revenons dorénavant à cette mission du combat contre l’antisémitisme à l’extrême-droite, à l’extrême-gauche et parmi les militants anti-israéliens ». BDS désigne le mouvement « Boycott, Divestment and Sanctions » anti-israélien.

Cette semaine, Hillel International — organisation cadre des associations juives sur les campus – a partagé sa lettre ouverte sur les réseaux sociaux. Dans une déclaration l’accompagnant, le groupe a semblé partager certaines préoccupations de ses filières locales concernant Canary Mission.

« Le dialogue respectueux et le désaccord sont au coeur de l’héritage de notre organisation, et ce sont des valeurs dont nous tentons d’être le modèle sur les campus des établissements d’enseignement supérieur partout dans le monde », a dit Hillel. « Et Hillel ne peut donc s’engager, ni appuyer, les attaques personnelles contre les étudiants qui soutiennent BDS ou autres efforts de délégitimation avec lesquels nous sommes en désaccord. Nous faisons part de notre appréciation des responsables étudiants qui ont soulevé cette question importante parmi leurs pairs et nous travaillons avec eux pour partager leurs inquiétudes avec la communauté juive plus largement ».

D’autres groupes et universitaires ont qualifié les techniques de Canary Mission de « McCarthy-istes.” En 2016, huit professeurs d’études judaïques et militants pro-israéliens – notamment Kenneth S. Stern, directeur exécutif de la Justus & Karin Rosenberg Foundation, et Deborah Dash Moore, professeure d’histoire et d’études judaïques à l’université du Michigan – avaient écrit un essai accusant Canary Mission de taxer les étudiants d’anti-israéliens ou d’antisémites sur la base de preuves insuffisantes, de tenir pour responsables les étudiants éternellement pour des déclarations ou des prises de position prises quand ils étaient jeunes, et d’inhiber la liberté universitaire et la liberté d’expression sur les campus.

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