Un imam australien s’excuse d’avoir prononcé un sermon antisémite, mais appelle à « tuer tous les oppresseurs »
Le sheikh Ahmed Zoud s’était récemment rétracté après avoir affirmé que les Juifs étaient sanguinaires et perfides ; Il a récemment appelé à "tuer tous les oppresseurs" - une possible incitation à la haine

Un imam australien qui s’était récemment excusé pour avoir prononcé un sermon, en 2023, diffamant les Juifs a aujourd’hui prié Allah de « tuer tous » les oppresseurs – des propos que certains ont considéré comme antisémites.
En décembre 2023, le sheikh Ahmed Zoud, au cours d’un sermon enregistré dans sa mosquée Masjid as-Sunnah Lakemba, à Sydney, avait comparé les Juifs à des « monstres » sanguinaires et perfides, qui « avaient fui comme des rats » quand les terroristes du Hamas avaient lancé l’assaut contre Israël, le 7 octobre 2023.
Dans ce sermon diffusé en direct sur la page Facebook de la mosquée, Zoud avait déclaré que « la traîtrise et la perfidie » étaient des traits caractéristiques des Juifs.
« Leurs enfants, depuis le plus jeune âge, sont élevés dans la violence, le terrorisme et les meurtres », avait-il ajouté. « Les Juifs restent toujours des Juifs. Le temps qui passe ne les change pas. »
Plusieurs mois après cette diffusion, en mars 2024, le Conseil exécutif des Juifs australiens (ECAJ) avait déposé une plainte auprès de la Commission australienne des droits de l’Homme (AHRC), accusant Zoud de généralisations insultantes envers le peuple juif et d’utilisation d’un langage déshumanisant, en violation de la loi australienne de 1975 sur la discrimination raciale.
À l’issue de l’audience devant l’AHRC et de la résolution de la plainte, Zoud et la mosquée avaient récemment présenté leurs excuses.
« Je reconnais que mes propos ont contenu des généralisations insultantes et déshumanisantes envers le peuple juif, les présentant faussement comme intrinsèquement violents, traîtres, haineux, arrogants, intrigants, et collectivement responsables de crimes et de transgressions tout au long de l’Histoire », avait rapporté Zoud dans ses excuses. « Mon intention n’était pas de faire une généralisation si radicale. Je n’ai pas voulu offenser les Juifs pour de simples motifs liés à la race ou à la religion. »
Dans un communiqué distinct, la mosquée Masjid as-Sunnah Lakemba avait indiqué qu’elle « reconnaissait pleinement que les propos tenus sur le peuple juif (par opposition aux commentaires concernant l’armée et le gouvernement israéliens) étaient inappropriés, qu’ils constituaient une infraction à la législation australienne, et qu’ils s’avéraient de nature à offenser, insulter, humilier ou intimider les Juifs d’Australie. » La mosquée avait présenté ses excuses pour avoir diffusé le sermon sur sa page Facebook, et elle avait fait savoir qu’elle avait supprimé la vidéo dès qu’elle avait pris connaissance du problème.
Pour l’ECAJ, des excuses « sans réserve et inconditionnelles » devaient impliquer pour Zoud qu’il s’engage à ne plus faire de telles déclarations à l’avenir. L’organisation représentative des Juifs australiens avait par ailleurs accepté les regrets exprimés par l’imam.
« Ahmed Zouk a ainsi reconnu, et cet aveu est bienvenu, que ses actes étaient répréhensibles. Nous espérons que ce cas servira dans l’avenir d’exemple qui saura illustrer les limites de la liberté d’expression », avait alors fait savoir Peter Wertheim, dirigeant de l’ECAJ.

Le journal The Australian a toutefois rapporté que Zoud, ces derniers jours, avait au cours d’une prière publique prié Allah de « régler le sort des tyrans et des oppresseurs », lui demandant de « [les] compter un par un, de les tuer tous et de n’en laisser aucun ».
Mais même si Zoud n’avait pas mentionné les Juifs dans ses derniers commentaires, il s’était engagé, lorsqu’il s’était excusé, à ne pas utiliser un langage « pouvant être interprété comme ciblant le peuple juif dans son ensemble », a souligné le journal.
L’ECAJ a estimé que les derniers propos de Zoud constituaient « une question entièrement distincte » de la plainte précédente. L’organisation a néanmoins fait part de son inquiétude face aux attaques continues de Zoud.
« Nous espérons que les conditions indiquées dans la résolution de cette plainte seront respectées », a déclaré Wertheim dimanche dans un communiqué. « En particulier, nous attendons d’Ahmed Zoud qu’il honore les engagements qu’il a pris. Cela inclut de ne pas faire et de ne pas diffuser de déclaration comprenant des généralisations insultantes sur les Juifs, et notamment attribuant aux Juifs en tant que groupe des caractéristiques de nature à dénigrer et à diaboliser. »
« Si ces engagements ne sont pas respectés, nous n’hésiterons pas à utiliser toutes les voies de recours légales pour les faire appliquer », a ajouté Wertheim.
L’ECAJ a également porté plainte contre un autre prédicateur islamique, Wissam Haddad (également appelé Abu Ousayd), pour des discours prononcés à l’Al Madina Dawah Centre, dans l’ouest de Sydney, à la fin de l’année dernière. Haddad aurait parlé des Juifs comme d’un « peuple méprisable » et « perfide », affirmant qu’ils avaient « leurs mains partout – dans les entreprises… dans les médias ». Une audience est prévue pour cette affaire le mois prochain, a fait savoir l’ECAJ.

La communauté juive australienne, forte de 120 000 personnes, est confrontée à un antisémitisme implacable depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque d’Israël par les terroristes du Hamas. D’après l’ECAJ, entre octobre 2023 et septembre 2024, le pays a été le théâtre de plus de 2 000 incidents antisémites, soit plus de quatre fois plus que l’année précédente.
Ces derniers mois, la vague d’incidents antisémites survenus en Australie a provoqué une onde de choc dans tout le pays.
En décembre, la synagogue Adass Israel de Melbourne avait été incendiée. En janvier, l’ancienne demeure du co-directeur de l’ECAJ Alex Ryvchin avait été vandalisée, recouverte de graffitis antisémites, et deux voitures avaient été brûlées lors d’une attaque dont il aurait été la cible. En février, une vidéo montrant deux infirmières d’un hôpital de Sydney menaçant de tuer des patients israéliens et disant qu’elles refuseraient de les soigner avait choqué la nation. À la fin du mois de février, la police avait découvert à Sydney une remorque chargée d’une quantité d’explosifs suffisante pour provoquer un meurtre de masse qui aurait, pensait-on à l’époque, possiblement visé une synagogue de Sydney.
Après la victoire aux élections du Premier ministre de gauche Anthony Albanese, le mois dernier, les leaders juifs ont exprimé l’espoir qu’au cours de son second mandat, il agirait davantage pour lutter contre l’antisémitisme dans le pays.