Un livre raconte l’histoire d’un officier allemand « Juste », devenu le meilleur ami d’un Juif qu’il a sauvé
L'officier de la Wehrmacht Richard Abel a sauvé un Juif de la persécution en Tunisie et a été à son tour soutenu par la famille de celui-ci après la victoire des Alliés

C’est l’histoire d’un officier de la Wehrmacht, homosexuel donc théoriquement considéré comme déviant par le régime nazi, qui a gagné le statut de « Juste parmi les nations » en sauvant la vie de cinq Juifs en 1942, pendant l’occupation allemande de la Tunisie.
Dans son livre « Libre – Quand un soldat de la Wehrmacht et son prisonnier juif deviennent frères » (L’Harmattan), Sylvia Beretvas raconte comment son père, Luigi Beretvas a été arrêté par les nazis à Depienne (Tunisie) et a réussi à s’échapper vers la zone alliée en faisant confiance à un officier allemand qui lui a donné de la nourriture, une carte sur laquelle les mines anti-personnelles étaient marquées, et même une arme.
L’Institut international pour la mémoire de la Shoah Yad Vashem précise que cet officier, Richard Abel, a ensuite rendu visite aux parents de Luigi Beretvas à Tunis pour leur raconter ce qu’il s’était passé. Un récit qui, de l’aveu même du père de Luigi Beretvas, était « difficile à croire venant d’un Allemand ».

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Sylvia Beretvas raconte qu’à l’arrivée des Alliés en Tunisie, ses grands-parents vont à leur tour aider Richard Abel en l’adoptant comme leur fils, avant qu’il ne soit lui aussi arrêté et détenu au Maroc, en Angleterre puis aux États-Unis.
Publié début janvier 2025, le livre de Sylvia Beretva raconte, selon ses propres mots, un morceau de « banalité du Bien », un récit que l’autrice dédie à son « oncle » allemand, un « Juste » atypique et rare de cette page sombre de l’Histoire.
Reconnu « Juste parmi les nations » par Yad Vashem le 2 novembre 1969, Richard Abel a planté un arbre lors d’une cérémonie à Jérusalem.
Richard Abel est décédé le 20 mai 2011 à l’âge de 94 ans.