Un millier de parents de soldats morts au combat auraient signé une lettre soutenant la guerre à Gaza
La pétition, lancée par une organisation de droite, a suivi une récente série de courriers rédigés par de multiples groupes et appelant à un accord permettant le retour des otages - même si la guerre doit cesser

Près d’un millier de réservistes de l’armée israélienne et de civils, avec notamment des parents de soldats tombés au champ d’honneur, auraient signé une lettre qui a été diffusée vendredi et qui appelle Israël à poursuivre sa guerre à Gaza – venant s’opposer à une vague croissante de courriers qui ont demandé que la priorité soit accordée au retour de tous les otages, même au prix de la cessation des hostilités.
La missive, qui a été écrite par le groupe Gvura (« héroïsme »), à droite de l’échiquier politique, affirme que le prix à payer pour mettre un terme aujourd’hui à la guerre représenterait « un grave danger pour la sécurité d’Israël ».
« Les réalisations de la guerre sont nombreuses mais la mission n’est pas encore terminée », note la lettre qui ajoute que si Israël devait déposer les armes à Gaza, un tel arrêt du conflit déclencherait le « compte à rebours nous séparant du prochain massacre ».
Le Forum Gvura a déclaré que la lettre avait été signée par un millier de proches de soldats tués au cours de la guerre actuelle à Gaza ou qui ont perdu la vie lors de conflits et autres opérations antérieurs, et ce sur différents fronts. Toutefois, les noms des signataires n’ont pas encore été diffusés sur le site internet du groupe, sur sa page Facebook ou sur son compte sur X.
« La guerre ne doit pas s’arrêter avant que tous ses objectifs ne soient pleinement atteints – à savoir le retour des otages, l’élimination définitive de l’ennemi avec l’assurance que Gaza ne constituera plus une menace pour l’État d’Israël », précise la missive. « Nos proches sont partis à la guerre pour remporter la victoire, pour garantir la sécurité et ils ne sont pas revenus, et nous insistons sur le fait qu’il est déterminant que leur volonté soit accomplie et mise en œuvre ».
Le courrier rendu public par le Forum Gvura semble vouloir être une réponse à une série de lettres qui ont été signées par différents groupes israéliens, qui ont appelé à la conclusion d’un accord ouvrant la porte au retour de tous les otages qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas à Gaza, même au prix de la fin de la guerre.
יותר מ-1,000 בני משפחות שכולות נגד מכתבי המחאה שקוראים לעצירת המלחמה: "סכנה חמורה לביטחון ישראל, וספירה לאחור לטבח הבא"@HGoldich pic.twitter.com/oE6872XBv7
— כאן חדשות (@kann_news) April 18, 2025
Jeudi, trois autres pétitions de ce type ont été publiées. Elles ont été signées par des pilotes civils, par d’anciens soldats et par des membres des familles de soldats tombés au combat.
Tout avait commencé par une missive rédigée par des membres de l’armée de l’air, à la retraite en majorité, qui avaient instamment appelé à la cessation des hostilités si une telle perspective était le seul moyen de rapatrier tous les otages.
Avant la publication de cette toute première lettre, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir, et le chef de l’armée de l’air israélienne, le général de division Tomer Bar, avaient exercé des pressions sur les signataires, en privé, pour qu’ils s’abstiennent de prendre une telle initiative.
Quand le courrier a été diffusé, l’armée israélienne a menacé de licencier les quelques dizaines de réservistes actifs qui avaient apposé leur nom sur la pétition.
D’autres branches de Tsahal ont ensuite rapidement emboîté le pas à l’armée de l’air en rendant publiques leurs propres pétitions. Des groupes civils ont également appelé à la fin de la guerre en diffusant leurs propres missives.
L’un des courriers publiés jeudi a ainsi été signée par 458 anciens membres de la brigade Golani, qui demandent le retour immédiat des otages, même au prix de l’arrêt des combats.
Parmi les signataires, l’ancien chef des services de renseignement de Tsahal, le général réserviste Uri Sagi, l’ancien chef du commandement central, le général réserviste Ilan Biran, ainsi que Maayan et Ron Kehati, dont le fils, le sergent Gur Kehati, a été tué sur le front libanais au mois de novembre.
Une autre lettre, qui a été signée par 315 anciens membres d’unités de reconnaissance et d’infanterie, note que le rapatriement des captifs est « la mission prioritaire ; ce sont les valeurs qui nous guident et c’est notre devoir moral en tant que nation. Il s’agit d’un appel à sauver des vies ».

La majorité des signataires de cette pétition ne servent pas actuellement dans la réserve, a noté Ynet.
Les lettres n’ont pas appelé à un refus généralisé du service mais elles ont néanmoins entraîné l’indignation du gouvernement. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié leurs signataires « d’anarchistes bruyants ».
En ne prônant pas le refus du service, cette récente série de courriers ont contrasté avec certaines déclarations rendues publiques avant la guerre, dans le cadre du mouvement de protestation qui dénonçait le plan de refonte radicale du système judiciaire qui était alors avancé par le gouvernement.
Des groupes de réservistes, y compris de l’armée de l’air, avaient indiqué qu’ils étaient prêts à refuser de servir sous un régime qu’ils ne considéraient plus comme démocratique, et certains ne s’étaient tout simplement pas présentés lorsqu’ils avaient été appelés par Tsahal dans les mois qui avaient précédé le conflit. Quand la guerre avait éclaté, le 7 octobre 2023, les réservistes, y-compris ceux qui protestaient contre le gouvernement, s’étaient néanmoins enrôlés massivement.
Les groupes terroristes de la bande de Gaza détiennent encore 59 otages, dont 58 des 251 personnes qui avaient été enlevées par les terroristes du Hamas lors de leur pogrom dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.
Parmi les captifs, les corps sans vie d’au moins 35 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne. Le Hamas a remis en liberté 30 otages – 20 civils israéliens, cinq soldats et cinq ressortissants thaïlandais – et il a restitué les dépouilles de huit captifs israéliens, abattus par leurs ravisseurs, pendant un cessez-le-feu qui a duré deux mois – du mois de janvier au mois de mars.
Le groupe terroriste avait relâché 105 civils lors d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre 2023, et quatre otages avaient recouvré la liberté au cours des premières semaines de la guerre. En échange, Israël a libéré environ 2 000 terroristes palestiniens qui étaient incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale, des détenus de sécurité et des membres de groupes terroristes présumés qui avaient été arrêtés pendant la guerre.
Huit otages ont été sauvés vivants par les militaires et les corps sans vie de 41 personnes ont également été retrouvés, dont trois qui avaient été accidentellement tués par les soldats de Tsahal alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs. La dépouille d’un soldat qui avait été tué en 2014 a également été rapatriée.
Le corps sans vie d’un autre soldat tué en 2014, le lieutenant Hadar Goldin – considéré comm faisant partie des 59 otages – est toujours entre les mains du Hamas.