Un prêtre défroqué par son Église pour avoir repris le salut nazi d’Elon Musk
L'Église catholique anglicane a dit "condamner l'idéologie nazie et l'antisémitisme sous toutes ses formes" après le geste du père Calvin Robinson lors d'un rassemblement anti-avortement

JTA — Le prêtre britannique qui a repris le salut, bras levé, d’Elon Musk lors d’un rassemblement anti-avortement, la semaine dernière, a été révoqué par son Église.
L’Église anglicane catholique a annoncé mercredi que le père Calvin Robinson « n’était plus prêtre ».
Vendredi dernier, à l’occasion du Sommet national contre l’avortement à Washington, DC., Calvin Robinson avait, à la fin de son discours, repris les propos et le geste de Musk – milliardaire et conseiller de Donald Trump – lors de l’investiture du président américain, la semaine dernière.
A l’instar de Musk, Robinson a dit « Mon cœur va vers vous » avant de se toucher la poitrine et de faire un salut avec le bras droit levé. La vidéo a fait le tour de la toile. Pour nombre d’observateurs de la scène, son geste s’apparente à un salut nazi, un point de vue partagé par l’ancienne église de Robinson .
« Nous condamnons l’idéologie nazie et l’antisémitisme sous toutes ses formes », peut-on lire dans le communiqué de l’Eglise anglicane. « Ceux qui imitent le salut nazi, que ce soit pour plaisanter ou troller des adversaires, banalisent les horreurs de la Shoah et manquent de respect à ceux qui se sont battus et sacrifiés. »
Le geste de Robinson n’a pas manqué d’alimenter le débat sur l’intention plus ou moins délibérée de Musk de faire un salut nazi. Les extrémistes, qui voient dans son geste une invitation à le suivre, ont fait de ses propos un slogan.
Le geste de Robinson a été accueilli par des rires et des applaudissements par les quelque 100 000 étudiants militants anti-avortement, le jour du rassemblement auquel ont notamment pris part l’ex-membre du cabinet Trump, le Dr Ben Carson, et le commentateur pro-Trump Charlie Kirk.
BREAKING: Michigan priest Calvin Robinson has been defrocked by the Anglican Catholic Church after he made this salute gesture at the National Pro-Life Summit — seemingly mimicking the controversial salute given by Elon Musk days earlier. pic.twitter.com/gKyNr9BdpN
— Universal Life Church (@ulcmonastery) January 30, 2025
Robinson a été à la tête d’une paroisse à Grand Rapids, dans le Michigan, et sa biographie, sur les réseaux sociaux, laisse entendre qu’il est affilié à un parti politique britannique d’extrême droite. Face aux critiques, il a voulu expliquer son geste, mercredi.
« Je ne suis pas un nazi », a-t-il déclaré sur X, le réseau social de Musk, en expliquant avoir fait ce geste et tenu ces propos pour se « moquer des ‘libéraux’ hystériques qui traitent Elon Musk de nazi ». Il a bien dit que son geste « n’était pas une blague sur la Seconde Guerre mondiale, ni un aveu d’appartenance au Parti national-socialiste ».
« Le contexte est essentiel, mais parfois les gens n’en tiennent pas compte, trop désireux de confirmer leurs propres préjugés », a-t-il ajouté. « Les gens voient ce qu’ils veulent voir. » À ses détracteurs, il a écrit : « Je vous pardonne votre ignorance. Je suis de tout cœur avec vous », avec un emoji de salut.
L’Église a expliqué avoir dit à Robinson, qui depuis longtemps déjà tenait des propos provocateurs et antisémites, de ne pas se livrer à de tels comportements.
« Robinson avait été averti que le trolling en ligne et autres comportements semsblables (que ce soit au service de la gauche ou de la droite) étaient incompatibles avec une vocation sacerdotale et il lui avait été rappelé qu’il ne pouvait pas se comporter de la sorte », ajoute l’Église. « De toute évidence, il n’en a pas tenu compte, et c’est pour cela que son appartenance à cette Église a été révoquée. »

Robinson est par ailleurs proche d’un mouvement catholique conservateur proche de la droite. Sur X, il a notamment qualifié Vatican II, le concile des années 1960 au cours duquel l’Église catholique a réformé ses pratiques et déclaré que les Juifs n’avaient pas tué Jésus-Christ, de « clivant ». Il a ajouté que la messe en latin – qui était encore la norme avant Vatican II et avait provoqué des tensions entre catholiques et juifs – était « vraie, belle et bonne ». Il a ensuite déclaré que les initiatives pour en limiter la pratique étaient « pernicieuses ».
Plus récemment, Robinson avait mis en garde les chrétiens contre la tentation d’épouser les convictions sionistes en écrivant : « Les chrétiens ne devraient pas faire de l’Israël géographique une idole. L’Église est le nouvel Israël. »
Dans la même publication, Robinson avait déclaré que les chrétiens ne devaient pas haïr les Juifs, donnant même le sentiment d’encourager le prosélytisme à leur égard.
« Nous ne détestons pas les gens en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse », a-t-il écrit. « Mais nous pouvons et même devons décourager la pratique de fois mauvaises/fausses. Mais pas parce que nous haïssons les gens : parce que nous les aimons et que nous voulons qu’ils aillent au ciel. Le seul chemin vers le Père est le Fils. »
Il a également exprimé son soutien à l’idée que les chrétiens ont remplacé les juifs en qualité de peuple élu de Dieu.
« Le judaïsme moderne est une religion post-chrétienne née du rejet du Christ », a-t-il écrit. « Les Juifs de la Bible sont désormais chrétiens. »