Un Texan passant pour Juif religieux inculpé de crimes sexuels sur ses enfants adoptés
Le suspect a changé son nom en Hayim Cohen, s'est inventé un passé juif, s'est fait connaître sur les réseaux sociaux et aurait agressé des mineurs pendant des années
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Un homme, inculpé par les autorités texanes pour une série de crimes sexuels, se serait fait passer pour un juif, aurait adopté neuf garçons, qu’il aurait présenté comme son « unique famille » sur les réseaux sociaux à des centaines de milliers de followers et aurait abusé certains de « ses » enfants.
L’affaire a mis en évidence le manque de surveillance des autorités de l’État et de la société privée qui a placé les étudiants dans le cadre de programmes d’échange chez le suspect. L’affaire a attisé l’antisémitisme et perturbé la communauté juive de Houston.
Hayim Nissim Cohen, 38 ans, a été inculpé la semaine dernière de huit délits, parmi lesquels des violences sur un enfant de moins de 15 ans, une agression sexuelle, une agression sexuelle aggravée sur un enfant et un abus sexuel continu sur un autre enfant, des charges qui viennent s’ajouter à plusieurs accusations portées contre lui au début du mois dernier, et à un cas d’abus distinct en 2019.
Cohen, né Jeffrey Lujan Vejil, a été accusé de 11 délits par sept plaignants au total et est détenu dans une prison de Houston. Son avocat n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Les dernières accusations ont été déposées après un appel anonyme passé par l’un des fils adoptifs de Cohen à une émission de podcast prodiguant des conseils début février pour demander de l’aide. Il a confié lors du podcast BlindSkinnedBeauty qu’il avait été abusé et violé par son père depuis l’âge de 11 ans, soit peu de temps après son adoption.
« Je me suis immédiatement senti concerné et j’ai senti que je devais l’aider. Ça a été ma première réaction », a déclaré l’une des podcasteuses, Twaiyah Paynes. Je me suis dit : « Il faut que ce gamin continue à parler, nous devons le garder en ligne ».
Les animateurs du podcast ont encouragé le garçon à contacter la police et ont fait appel à un ancien agent des forces de l’ordre lors de l’appel en direct, mais le garçon a exprimé sa peur de dénoncer son père et son scepticisme à l’égard du système juridique.
Le garçon a refusé de révéler son identité et a déclaré qu’il appelait d’un téléphone prépayé et utilisait le Wi-Fi pour dissimuler son identité. Après l’appel, Paynes a passé les deux jours suivants à essayer de le retrouver en se basant sur les quelques informations qu’il avait donnés, et elle a fini par retrouver la famille en ligne, a-t-elle dit.
Les podcasters ont signalé l’affaire aux autorités, qui ont retrouvé l’adresse du domicile de Cohen, d’où le jeune garçon avait passé son appel, grâce à l’adresse IP de Cohen, selon les documents judiciaires.

Dans un premier temps, l’enfant a nié, face à la police avoir passé l’appel, mais après s’être entendu dans l’enregistrement de l’émission il a confirmé que c’était bien lui qui avait appelé.
Peu de temps après, plusieurs autres enfants ont signalé des abus continus à la police, qui a ouvert une enquête.
Selon les plaintes déposées au pénal, Cohen battait également les enfants avec une ceinture et les aspergeait de gaz poivré, leur causant des blessures, et les menaçait de blessures et de mort. Les accusations remontent à 2018 et continuent jusqu’au mois dernier.
Cohen avait déjà été accusé en 2019 d’indécence criminelle suite à des allégations selon lesquelles il aurait abusé d’un étudiant espagnol participant à un programme d’échange et qu’il avait accueilli chez lui l’année précédente. A l’époque, Cohen avait été libéré sous caution dans le cadre de cette affaire, qui a été révoquée après l’introduction des dernières charges le mois dernier.
Le département des services familiaux et de protection du Texas a déclaré que six des fils adoptifs de Cohen qui sont encore mineurs ont été transférés dans des foyers d’accueil.
Une longue série de mensonges
Cohen se présentant comme un célibataire hassidique, il partageait avec ses fils adoptifs leur vie quotidienne de famille juive ultra-orthodoxe sur les réseaux sociaux et sur son propre site web.
Les deux comptes TikTok de la famille ont plus de 310 000 followers et leurs vidéos ont été vues plus de 5 millions de fois. La famille avait également une chaîne YouTube et une page Facebook, et certains des garçons avaient leurs propres comptes sur les réseaux sociaux. Ils n’y a plus eu de publication depuis l’arrestation de Cohen le mois dernier et ils n’ont pas répondu à nos demandes de commentaires.
La presse locale et les médias juifs, dont le Houston Family Magazine, le Jewish Herald-Voice, le Jewish Press ainsi qu’une chaîne de télévision locale affiliée à Fox News, ont tous publié et diffusé un certain nombre d’articles ou de reportages très élogieux sur les Cohen.
Il semblerait cependant que Cohen ait inventé de toutes pièces ses origines juives ainsi eu celles de ses enfants adoptifs, qui, selon lui, étaient tous nés juifs.
Il a affirmé dans des interviews avoir grandi dans une famille juive hassidique de New York qui parlait yiddish. Or, selon des documents officiels, il serait né Jeffrey Lujan Vejil à Odessa, au Texas, en 1984. Un individu portant le même nom a été diplômé du lycée d’Odessa en 2005, et un article dans la presse locale de la même année le situe dans la ville.
Il aurait changé de nom légalement plusieurs fois en 2009 et 2010, pour finalement adopter le nom de Hayim Nissim Cohen. Selon les documents judiciaires, il aurait utilisé « de nombreux noms et pseudonymes différents ». Parmi ses autres noms ou pseudonymes présumés figurent Chaim Nissim Vejil, Gabriel Jeffrey Vejil et Gabriel Rosenburg.
Il n’y a aucune preuve qu’il se soit converti au judaïsme et il n’a jamais prétendu l’avoir fait, sauf lors de sa demande à la cour pour prendre un nom juif.
Dans la religion juive, le nom de famille Cohen indique une origine associée au sacerdoce et est rarement adopté par un converti orthodoxe.
Il s’est contredit à plusieurs reprises dans diverses interviews en indiquant la langue maternelle, yiddish ou hébreu, de ses garçons. Il a également donné différentes versions de ses origines, affirmant avoir grandi dans l’un ou l’autre mouvement hassidique de New York et se présentant parfois comme un rabbin.
Le groupe Zaakah est le premier à avoir signalé ces incohérences. Le groupe, basé à New York, lutte contre les abus sexuels dans les communautés juives orthodoxes et a suivi l’affaire Cohen.
Cohen a également affirmé que tous ses fils adoptifs étaient nés juifs, mais un avocat qui a consulté les dossiers d’adoption a affirmé que c’était faux.
Selon Sherry Chandler, l’avocate qui représente l’étudiant étranger qui aurait été agressé par Cohen, aucun des enfants ne venait de familles juives, mais Cohen leur a fait prendre une identité juive après les avoir adoptés. Des photos des enfants publiées sur Internet les montraient avec de longues papillotes et portant des vêtements traditionnels hassidiques.
« Il prétendait être rabbin et disait avoir adopté tous ces enfants juifs d’autres familles juives. Il avait raconté que les deux premiers enfants étaient juifs et que leurs parents étaient morts dans un accident de voiture », a déclaré Chandler. « Ils ne sont pas juifs, le père s’est suicidé et la mère a vu ses droits parentaux résiliés pour cause de drogue, d’alcool et de négligence ».
« Il a changé leurs noms au cours de la procédure d’adoption et il leur a fait pousser les papillotes et les a habillés. Il prétend qu’ils parlent hébreu ou yiddish mais je doute qu’aucun d’entre eux ne le fasse », a-t-elle ajouté. « Il n’est clairement pas un rabbin. À mon avis, il s’est réveillé un jour et s’est dit : ‘Je suis juif’, et il est allé dans le comté de Dallas pour faire changer son nom. »
Un membre de la communauté orthodoxe de Houston a déclaré que Cohen est apparu pour la première fois en 2009 ou 2010. Cohen a déclaré être originaire de différentes communautés hassidiques de New York et de Jérusalem, et il a même affirmé à un moment donné qu’il faisait partie d’une famille sauvée du Yémen par le mouvement hassidique Satmar, pour expliquer le teint de sa peau. Il a dit qu’il avait déménagé à Houston pour un traitement médical et n’a jamais mentionné qu’il était du Texas.
« Il avait manifestement fait des recherches approfondies, mais j’ai eu un mauvais préssentiment », a déclaré un membre de la communauté, qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de confidentialité.
La communauté orthodoxe n’a pas mis long à réaliser que Cohen était un imposteur. Il prétendait notamment parler yiddish, mais était incapable d’avoir une conversation avec un interlocuteur parlant cette langue.
« Il prétendait avoir vécu à Borough Park et à Mea Shearim », a déclaré le membre de la communauté, faisant référence aux quartiers religieux de Brooklyn et de Jérusalem. « Il prétendait être un de ces types qui jettent des pierres le Shabbat, mais il ne parlait pas un mot d’hébreu ou un mot de yiddish ».
« Il est venu, a donné quelques références en présumant que personne ne vérifierait. Mais un des rabbins a vérifié ses références à New York et tout était faux », a-t-il déclaré.
« Ce type s’est fabriqué tout un passé », a-t-il ajouté. « C’est un type très intelligent. Ce type est un sociopathe comparable à Ted Bundy. Il est très intelligent, très sournois, très manipulateur. »
Arnaques, faux problèmes médicaux et antisémitisme
Cohen a été mis au ban de la communauté orthodoxe pour son imposture, et a déménagé dans un quartier où vivent des juifs religieux à Houston, et s’est présenté comme étant orthodoxe à divers événements juifs laïques, où il a pu se faire passer pour un hassidique. Il n’était membre d’aucune synagogue. Plusieurs communautés juives de Houston ont confirmé qu’il n’était affilié à aucune d’entre elles et un rabbin orthodoxe de la ville a déclaré qu’à sa connaissance, Cohen n’était lié à aucune congrégation.
Cohen pourrait être arrivé à Houston depuis la région de Dallas ; il a changé de nom en 2010 au palais de justice du comté de Dallas. En 2009, une femme de Grand Prairie, dans la banlieue de Dallas, a déclaré qu’elle et des membres de son église avaient été escroqués par un homme du nom de Luis Lujan qui se faisait passer pour un rabbin.
Un membre de la communauté juive de Houston, qui connaissait Cohen au moment de l’incident, a affirmé que l’homme photographié dans les reportages sur l’arnaque ressemblait bien à Cohen, et sa présence dans la région concordait avec son déménagement à Houston peu après. Le nom de l’escroc correspond au deuxième prénom d’origine de Cohen et à certains des pseudonymes qu’il a utilisés.
Cohen aurait également simulé des problèmes médicaux pour susciter la sympathie et éviter des conséquences juridiques.
L’un de ses fils a déclaré dans une plainte que « tout ce que [Cohen] fait est faux », y compris le fait de n’utiliser un fauteuil roulant qu’en public et devant des visiteurs, et de tousser délibérément au tribunal pour simuler une maladie.
Cohen a été libéré sous caution lors de son premier procès pour abus après avoir déclaré au tribunal qu’il était en soins palliatifs pour une maladie en phase terminale. Sur des photos de la maison familiale, on le voit porter un masque à oxygène, qui, selon le garçon, était également faux. Chandler a déclaré qu’il aurait même craché du faux sang lors d’une procédure judiciaire.
En 2020, l’un de ses fils a lancé une campagne GoFundMe sollicitant des dons pour des frais médicaux, sans préciser la pathologie. Il a récolté plus de 2 000 dollars avec cette campagne.
Cohen a déclaré dans des interviews que la famille avait un « mode de vie hassidique ». Afin d’expliquer les incohérences dans ses pratiques religieuses il a affirmé mélanger différentes variantes de l’orthodoxie afin de s’adapter aux origines diverses des garçons.
On ignore encore la raison pour laquelle Cohen était obsédé par le judaïsme. Un rabbin de la seule synagogue de sa ville natale d’Odessa, dans l’ouest du Texas, a déclaré ne pas avoir connaissance de cette affaire.
Des suprématistes blancs ont également utilisé les revendications de Cohen concernant sa judéité, avec des publications en ligne liant ses crimes à des tropes antisémites sur les comportements juifs pervers.

Peur des représailles
Cohen et ses fils adoptifs partageaient régulièrement leur vie de famille sur les réseaux mais de nombreuses questions subsistent concernant la vie personnelle de Cohen, la façon dont il a adopté les garçons et les conditions de vie dans la maison.
On peut voir sur TikTok, des vidéos montrant les garçons, dont certains sont aujourd’hui adultes, danser sur de la musique juive, fêter des anniversaires, cuisiner des plats juifs (comme des pâtisseries casher), présenter leur serpent domestique et discuter des problèmes de harcèlement antisémite en ligne. Cohen n’apparaît plus dans les dernières vidéos.
Sur YouTube, ils partageaient leur méthode d’instruction à domicile et, dans des interviews avec la presse, Cohen présentait sa famille comme une « famille unique » qui s’épanouissait et contribuait à la communauté par des dons. Les enfants auraient été maintenus à l’écart en les gardant loin de tout à la maison.
Le fils qui a appelé le podcast a confié que les enfants avaient néanmoins participé à un programme de bénévolat dans un service de police local, mais que tout cela faisait partie de la stratégie de Cohen.
« Les officiers ne savaient rien [des abus] parce que le masque que nous portions était à toute épreuve », a déclaré le garçon, ajoutant que Cohen contrôlait les garçons par la peur et la corruption.
Le garçon a ajouté que les services de protection de l’enfance avaient mené huit enquêtes, mais que Cohen obligeait les enfants à mentir au sujet des abus. A un moment donné, un des garçons s’est enfui de la maison et a été ramené par les forces de l’ordre. Cohen a expliqué qu’il était somnambule.
Le fils qui a appelé le podcast a également confié qu’il craignait qu’on ne le croie pas s’il dénonçait les abus, car il les avait précédemment niés aux forces de l’ordre, et il pensait que ses autres frères ne témoigneraient pas contre leur père. Il a dit qu’il comptait aller à la police dès qu’il aurait 18 ans.
Il a raconté dans le podcast que Cohen prévoyait de l’envoyer en Israël « parce que mon père veut que je parte et que je reste dans un endroit où il pourra contrôler mes revenus et autres », sans donner plus de détails.
Le garçon a raconté avoir été surpris par Cohen alors qu’il dévoilait ses abus en ligne et qu’en représailles, Cohen lui avait cassé son téléphone, supprimé ses réseaux sociaux et pris les 200 dollars qu’il avait économisé dans une application.
« J’ai aussi peur des représailles », a-t-il dit. « J’ai trop peur de raconter ce qui se passe ».
« Ma plus grande peur était d’être jugé pour avoir menti, et aussi pour complicité parce que je n’ai rien dit », a-t-il dit.
Lors d’une audience de Cohen la semaine dernière, la procureure du bureau du procureur du comté de Harris, Janna Oswald, a déclaré que les autorités avaient enquêté sur plusieurs plaintes pour abus au fil des ans, mais qu’elles n’avaient jamais eu assez de preuves pour engager des poursuites.
« C’était une famille de garçons qui ont été extrêmement maltraités, négligés, et conditionnés. Ils vivaient sous la menace constante. Ils craignaient pour leur sécurité », a déclaré Oswald. « Ce masque, combiné à l’incapacité des enfants de s’exprimer, sont les raisons pour lesquelles les abus ont perduré si longtemps. »
On ne sait pas comment Cohen a réussi à obtenir l’autorisation d’adopter neuf enfants, et d’accueillir plusieurs étudiants étrangers. À un moment donné, onze garçons vivaient avec Cohen dans sa maison de quatre chambres à coucher.
Cohen avait en outre un casier judiciaire pour plusieurs délits de vol datant d’environ 2006 et n’a jamais déclaré avoir exercé un emploi rémunéré.
La famille sollicitait aides et des donations ligne et semblait bénéficier de parrainages sur les réseaux sociaux, notamment auprès d’entreprises juives. Cohen recevait des allocations pour la prise en charge d’enfants, mais on ignore comment il couvrait les dépenses de la famille.
On ne sait pas non plus pourquoi il n’y a pas eu d’enquête sérieuse après que Cohen a été accusé d’avoir abusé de l’étudiant participant au programme d’échange en 2019. Le département des services familiaux et de protection du Texas a déclaré que les détails de l’affaire sont confidentiels conformément à la loi.
Chandler et son client ont attaqué en justice la société qui a placé l’étudiant chez Cohen pour négligence grave et autres délits. Cohen aurait menti sur son passé criminel, aurait falsifié ses références dans sa demande de participation au programme en donnant des numéros de téléphone de référence pour lui-même et pour ses fils, et aurait fabriqué d’autres informations. Cohen a nié toutes ces accusations.
Chandler a déclaré que Cohen utilisait sa religiosité comme couverture, le comparant à des prêtres qui ont abusé de mineurs. Dans sa demande d’accueil d’un étudiant étranger, il a indiqué « rabbin » sous profession et une « fondation » comme lieu de travail.
« Je pense que lorsque quelqu’un se présente comme un rabbin, un prêtre, quelqu’un du clergé, un certain respect ou une confiance s’installe immédiatement », a déclaré Chandler. « Les gens font confiance aux rabbins et aux prêtres et cette confiance a été trahie. Il a compris qu’il pouvait se cacher derrière ce personnage. »
« Je ne connais pas les raisons pour lesquelles il a opté pour l’identité d’un juif orthodoxe. Je ne saurais même pas où commencer à chercher pour le comprendre, mais je dirai que vu que c’est une culture que très peu de personnes comprennent et connaissent, il est donc possible qu’il y ait eu moins de questions concernant des sur des éléments qui étaient apparemment inhabituels, parce que beaucoup de gens ne comprennent pas la foi juive orthodoxe », a-t-elle dit.
Selon Mme Chandler, Cohen a réussi à recevoir la garde des deux premiers enfants, puis à les adopter, sans avoir été soumis à un contrôle approprié de son passé, lui assurant ainsi une certaine crédibilité et lui permettant d’obtenir des adoptions et des échanges d’étudiants supplémentaires.
« Il a pu passer à travers les processus d’adoption, de placement en famille d’accueil et d’échange d’étudiants étrangers sans qu’aucune vérification ne soit faite », a-t-elle déclaré.
Cohen a raconté aux médias qu’il travaillait comme assistant social lorsqu’il a été contacté au sujet des deux garçons orthodoxes placés en famille d’accueil. Il a indiqué qu’au départ, il les aidait en leur apportant de la nourriture casher, et qu’il les avait adoptés par la suite. Il a également adopté au moins deux autres frères d’une même famille.
« À partir du moment où j’ai obtenu l’autorisation d’adopter, je suis devenu une destination d’adoption incontournable pour les garçons orthodoxes dans le système de placement familial », a-t-il déclaré dans une interview de 2019.
Cohen était aussi impatient de pouvoir accueillir des étudiants de programmes d’échange et la société chargée de leur trouver des foyers le considérait comme un hôte très intéressant puisqu’elle était payée par étudiant placé aux États-Unis. L’industrie des programmes d’échanges internationaux est en grande partie autorégulée, et le système de placement en famille d’accueil n’est pas suffisamment contrôlé, a déclaré Chandler.
« Ces organisations gérées par l’État pour le placement familial et l’adoption doivent être mieux surveillées. C’est une situation horrible, extrêmement triste et tragique, mais ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière », a-t-elle déclaré. « Beaucoup de gens pensent à tort que si quelqu’un a été placé en famille d’accueil, c’est que cette famille a été dûment contrôlée. Ce n’est pas nécessairement le cas. »
Le sort des enfants est également incertain. N’ayant pas de soutien familial puisqu’ils ont été adoptés et que Cohen n’avait pas de réseau familial, ils vont être réinsérés dans un système de placement familial surchargé.
Mme Paynes, la podcasteuse, a confié qu’elle était restée en contact avec le fils qui avait appelé dans son émission.
« Il est vraiment perdu en ce moment et il souffre », a-t-elle déclaré.
Elle a proposé d’accueillir elle-même certains des garçons, en disant : « Je veux qu’ils recouvrent la santé et aient une vie normale ».
« Il y aura beaucoup de choses à guérir. Ces enfants ont tous été adoptés dans des situations difficiles et ils ont été recueillis par quelqu’un qui avait un but néfaste », a déclaré Asher Lovy de Zaakah, le groupe de défense des droits. « Ces enfants partent de rien et il va falloir beaucoup de ressources, beaucoup d’aide professionnelle et de moyens d’intervention pour mettre ces enfants sur une voie qui leur permettra de guérir et d’avoir une bonne vie. »