Israël en guerre - Jour 425

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Une cadre apparemment favorable aux implantations à Gaza crée des frictions au sein des JFNA

L'organisation-cadre a réaffirmé sa politique d'impartialité après qu'une de ses responsables a, semble-t-il, fait part de son enthousiasme face à la perspective d'un renforcement des implantations sous la future présidence de Trump

Karen Paikin Barall s'exprime lors d'un événement des Fédérations juives d'Amérique du Nord à Washington, DC, en novembre. (Crédit : JTA)
Karen Paikin Barall s'exprime lors d'un événement des Fédérations juives d'Amérique du Nord à Washington, DC, en novembre. (Crédit : JTA)

JTA — Le directeur des Jewish Federations of North America (JFNA) a insisté sur l’impartialité de son organisation suite à des propos tenus par l’une de ses cadres, la semaine dernière. Elle avait fait part de son enthousiasme face à la perspective d’un possible retour des implantations juives dans la bande de Gaza, entraînant la contrariété de ses collègues.

Karen Paikin Barall, vice-présidente des relations gouvernementales des JFNA, avait prononcé ces paroles lors d’une réunion qui était organisée à Washington, DC, une semaine après la réélection de Donald Trump. Des propos ont souligné les lignes de fracture qui font leur apparition au sein des organisations juives américaines, qui se préparent à un second mandat à la Maison Blanche de Donald Trump.

S’adressant aux dirigeants des conseils locaux chargés des relations avec les communautés juives (JCRC), Barall a déclaré, selon les notes qui ont été prises par une personne présente dans la salle, que « nous devrions tous attendre avec impatience le jour où nous pourrons espérer acheter des maisons mitoyennes en Cisjordanie et à Gaza ».

Des propos qui ont semblé apporter un sceau d’approbation à l’un des objectifs les plus déterminants actuellement poursuivis par l’extrême-droite israélienne : le retour de la présence israélienne au sein de l’enclave côtière. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, prônent tous les deux cette idée qu’ils espèrent bien pouvoir concrétiser après la guerre. Et même si le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il était défavorable à une telle perspective, elle reste très privilégiée par certains partisans d’Israël – y compris parmi ceux qui ont voté pour Trump.

Ainsi, au mois de juin, la Zionist Organization of America (ZOA) avait organisé un séminaire intitulé « Gaza après la guerre », un sommet auquel avaient pris part deux représentants d’un groupe du mouvement pro-implantation, « Nachala », qui est très investi dans la construction d’avant-postes israéliens illégaux en Cisjordanie – et qui nourrit des aspirations similaires en ce qui concerne Gaza.

Barall avait noté, pendant la réunion controversée, que Trump venait tout juste de nommer l’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, au poste d’ambassadeur des États-Unis en Israël. Contrairement à la majorité des Juifs américains, Huckabee, chrétien évangélique, pense qu’Israël possède un droit divin sur toute la Cisjordanie, un positionnement qui exclut, dans les faits, toute possibilité de mise en place d’une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, l’ancien président Donald Trump, à droite et l’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, lors d’une table ronde au Drexelbrook Catering & Event Center, à Drexel Hill, en Pennsylvanie, le 29 octobre 2024. (Crédit : AP/Julia Demaree Nikhinson)

Certaines personnes présentes lors de la réunion de la semaine dernière ont déclaré que les paroles prononcées par Barall les avaient bouleversées.

« Nous sommes tous partis en nous sentant très offensés, honnêtement », a indiqué un responsable de conseil qui était présent.

« Je veux avoir la garantie qu’il existe bien une organisation qui parle en faveur de la démocratie israélienne », a ajouté ce responsable. « Je pensais que les JFNA défendaient un État démocratique. C’est ce qui m’a troublé ».

D’autres ont expliqué qu’ils avaient eu le sentiment que ce qu’avait dit Barral était une simple – et mauvaise – plaisanterie qui n’avait pas eu l’effet escompté.

« Quand cette session a eu lieu, une semaine seulement s’était déroulée depuis les élections – et un grand nombre de directeurs des JCRC, qui sont progressistes et qui représentent les communautés progressistes, étaient encore sous le choc, émotionnellement parlant », a commenté un officiel appartenant à un conseil différent. « Karen essayait d’adopter un ton optimiste dans son discours, elle voulait présenter certains avantages potentiels pour les communautés juives à la suite des nouvelles élections et elle a plaisanté ».

Le responsable a poursuivi, disant que « je pense que ses plaisanteries étaient simplement destinées à apaiser les tensions et que les gens n’étaient tout simplement pas d’humeur à les entendre, en raison de l’émotion brute qui régnait dans la salle. Je ne pense pas qu’il y ait réellement eu davantage que ça ».

Des Israéliens reconstruisent l’avant-poste de Tzur Harel en Cisjordanie, le 12 novembre 2024. (Capture d’écran de la vidéo X : utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Toutefois, ces propos ont rapidement fuité, entraînant le débat et des inquiétudes parmi ceux qui en ont eu connaissance.

Un responsable de la communauté juive, qui n’était pas présent dans la salle, a déclaré avoir reçu des messages alarmants de la part de dix à douze personnes présentes lors de la réunion, alors même que cette dernière était encore en cours.

La Jewish Telegraphic Agency s’est entretenue directement avec six participants qui se trouvaient dans la salle. L’un d’entre eux avait pris des notes. Quatre ont confirmé les paroles prononcées par Barrall sur la bande de Gaza tandis que deux ont affirmé ne pas avoir de souvenirs de ces propos.

Barall s’est refusée, de son côté, à tout commentaire. Les JFNA n’ont pas contesté les récits faits par les officiels, des récits qu’elles ont qualifiés « d’indirects ».

Eric Fingerhut, le directeur-général de l’organisation-cadre, a néanmoins fait savoir que les JFNA prenaient cet incident « au sérieux ».

« Ces informations résultent du compte-rendu indirect d’une réunion d’information informelle, non enregistrée – une réunion qui a eu lieu quelques jours seulement après les élections – mais nous prenons au sérieux l’idée même que nous ayons pu nous écarter, de quelque manière que ce soit, de nos valeurs », a déclaré Fingerhut.

« Les JFNA tirent une grande fierté d’être une organisation non-partisane qui représente la grande majorité de la communauté juive, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que cela restera le cas », a-t-il ajouté.

Eric Fingerhut, président des Fédérations juives d’Amérique du nord. (Hillel)

Personne – à l’exception de Fingerhut – n’a accepté d’être identifié concernant cette réunion qui s’était tenue à la fin de l’assemblée générale des JFNA, où les employés et les dirigeants laïcs du réseau juif de philanthropie se retrouvent chaque année. La grande majorité des conseils des relations avec la communauté juive sont affiliés au système des fédérations et ils dépendent de leur financement.

Le mouvement des JFNA a traditionnellement essayé de se tenir à l’écart de la politique intérieure israélienne – en particulier sur des questions de sécurité brûlantes. Dans ses activités de collecte de fonds et d’octroi de subventions, elles privilégient le financement du développement économique et éducatif en Israël, faisant la promotion de la diversité religieuse et des services sociaux. Lorsque les JFNA ont pu faire le choix d’intervenir sur des problématiques relatives à la sécurité nationale, elles ont eu tendance à refléter ce que révélaient les sondages – à savoir le soutien apporté par la majorité juive américaine à une solution à deux États.

Aujourd’hui, avec le retour de Trump au pouvoir, certaines des personnes qui étaient présentes dans la salle avec Barall craignent que ses propos puissent indiquer que les JFNA ne seront peut-être pas un partenaire dans la lutte pour les valeurs libérales auxquelles la plupart des Juifs américains sont encore attachés.

« Je ne sais pas vraiment ce qui se passe parce que cela ne semble pas représenter ce qu’a pu faire l’organisation dans l’Histoire et parce que je ne sais pas pourquoi ils vireraient autant à droite », a expliqué le premier officiel.

« Mais ce que je retiens surtout, c’est que nous ne pourrons pas compter sur les JFNA pour une stratégie nationale, » a-t-il estimé.

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