Une policière, condamnée pour avoir agressé une Palestinienne, reçoit une distinction
Itamar Ben Gvir salue la décision d'honorer Oriane Ben Kalifa, qui a été filmée arrachant le hijab de Hala Salim et l'étranglant ; un haut responsable estime que cette décision "nuit à la police"

Une agente de la police des frontières condamnée pour avoir agressé une Palestinienne en 2023 a reçu un certificat de mérite de la police avant Yom HaAtsmaout, la fête de l’indépendance, ont rapporté lundi les médias israéliens.
Oriane Ben Kalifa a été reconnue coupable d’agression après avoir été filmée en train de pousser Hala Salim, une Palestinienne résidant à Jérusalem-Est, à un poste de contrôle dans la Vieille Ville, de lui arracher son hijab, de l’étrangler et de la secouer. Elle a été condamnée en juin 2023 à une peine avec sursis et à une amende.
Malgré sa condamnation, Ben Kalifa a été autorisée à réintégrer la police des frontières une semaine après le verdict du tribunal, suite à une décision approuvée par le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et le chef de la police de l’époque, Kobi Shabtaï.
Les certificats de mérite au sein des forces de police sont décernés chaque année aux agents par des policiers de rang supérieur à l’occasion de Yom HaAtsmaout.
Ce certificat rend hommage à Ben Kalifa, qualifiée de policière « très motivée » qui « s’acquitte de ses fonctions de manière exceptionnelle, avec un dévouement total, faisant preuve de responsabilité, de connaissances, d’une grande capacité à prendre les choses en main et de créativité ».
Il a été signé par le commissaire Haïm Amar, qui dirige la branche « Rotem » de la division de la sécurité intérieure de la police des frontières, et par le commandant Eli Abutbul, commandant de la Garde nationale dans le sud d’Israël.
זוכרים את לוחמת מג״ב אוריאן בן קליפא שהורשעה לפני כשנתיים בתקיפת פלסטינית תוך שהיא חונקת אותה ודוחפת אותה? ביום העצמאות הקרוב – היא תקבל מצטיינת יום העצמאות במשמר הגבול | דיווחנו לראשונה אצל @efitriger pic.twitter.com/MNsBiVwvpx
— שיר ביטון || shir bitton (@shirbitton_) April 28, 2025
Selon Ynet, certains membres des forces de police se sont opposés à cet honneur.
Le média a cité un officier supérieur qui a déclaré que Ben Kalifa « ne méritait pas » ce certificat et que lui décerner ce certificat était « préjudiciable à la force ».
Ben Gvir a salué cette distinction, affirmant avoir constaté par lui-même « la motivation, l’amour pour la terre et le désir profond de Ben Kalifa de revenir servir et défendre son pays ».
Le ministre a ajouté qu’il avait personnellement aidé Ben Kalifa et sa famille, aidant l’officière condamnée à « revenir et à se battre aux côtés de ses camarades de la police des frontières ».

Une vidéo datant de 2021 dans laquelle on voit Ben Kalifa crier et malmener Salim avait été diffusée par la Treizième chaîne et largement partagée sur les réseaux sociaux quelques mois après les faits.
Ben Kalifa a été reconnue coupable d’agression en mai 2023 par le tribunal de Jérusalem. La juge Joya Skappa-Shapiro avait alors déclaré que Ben Kalifa « avait réagi rapidement et avec violence » à ce qui avait commencé par une altercation verbale.
Le juge a ajouté que Ben Kalifa « a poussé la plaignante à plusieurs reprises. Elle n’avait aucune autorité pour recourir à la force et ces bousculades étaient non seulement inutiles, mais ont également déclenché un incident violent plus grave ».
Selon les documents judiciaires, l’incident du 4 novembre 2021 s’est produit alors que Ben Kalifa était en service à un checkpoint installé à l’entrée de la Porte des Lions, dans la Vieille Ville de Jérusalem.
Watch: A TV report published by the Israel Channel 13 shows an Israeli police officer violently assaulting a Palestinian girl after kidnapping her in the old city of Jerusalem.
The police officer called Oriane Ben Khalifa, she was accused of attacking pic.twitter.com/hT7YZLdP8u
— Prof. Walid Amer (@DrWalidAmer1) January 26, 2022
Salim, accompagnée de son frère, est arrivée à la barrière et a demandé à passer, ce que Ben Kalifa a refusé.
Salim a insisté pour passer et, à un moment donné, Ben Kalifa l’a repoussée. Au cours d’une nouvelle bousculade, une bagarre a éclaté et lorsque le frère de Salim s’en est mêlé, Ben Kalifa l’a saisi par le cou et par le col de sa chemise.
Salim a alors tenté d’intervenir et une bagarre a éclaté entre elle et la policière. Ben Kalifa a saisi le voile qui couvrait les cheveux de la femme, l’a arraché, l’a saisie par les cheveux, l’a frappée à la tête et l’a jetée à terre. Le tribunal a estimé que jusqu’à ce moment-là, Ben Kalifa avait utilisé la force physique sans autorité.
Ben Kalifa a ensuite tenté de soulever Salim pour l’arrêter, mais celle-ci a résisté. D’autres agents sont arrivés et Salim a été redressée. Ben Kalifa l’a alors tirée par le cou et les cheveux jusqu’au poste de police voisin.

Une fois au commissariat, Ben Kalifa a violemment poussé Salim sur une chaise, l’a étranglée, secouée et lui a crié dessus, malgré ses demandes répétées pour qu’elle cesse. Le tribunal a noté qu’à partir du moment où Salim a été relevée du sol à l’extérieur, elle n’a plus opposé de résistance à son arrestation et n’a pas tenté de s’échapper du poste de police.
Dans le rapport consignant l’incident, Ben Kalifa a écrit que Salim l’avait agressée en premier, une affirmation que le tribunal a jugée fausse. C’est pourquoi Salim a d’abord été placée en garde à vue pendant une nuit au commissariat pour suspicion d’agression sur un agent.