Une policière, condamnée pour avoir agressé une Palestinienne, réintégrée
Ben Gvir a autorisé cette mesure et a dénoncé les poursuites et les tribunaux militaires, estimant qu'ils ne comprennent pas ce qu'il faut faire pour lutter contre le terrorisme
Le chef de la police des frontières a annoncé lundi qu’une policière condamnée la semaine dernière pour avoir agressé une résidente palestinienne de Jérusalem-Est serait réintégrée.
Oriane Ben Khalifa – qui a été reconnue coupable d’agression pour avoir arraché le hijab de la victime, l’avoir étouffée et l’avoir secouée sans raison, suite à la diffusion d’images de la Treizième chaîne l’année dernière – sera autorisée à retourner en service non-opérationnel.
Le jugement n’a pas encore été rendu et le chef de la police des frontières, Amir Cohen, a déclaré lundi à la Douzième chaîne qu’il reverrait sa décision si nécessaire.
La décision de Cohen a été autorisée par le chef de la police israélienne Kobi Shabtaï et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, qui ont tous deux salué cette décision.
« Nos combattants ont tout mon soutien. Contrairement à ce que les responsables du parquet militaire et du système judiciaire semblent croire, la lutte contre le terrorisme n’est pas menée dans des conditions de laboratoire, mais sous pression et dans un environnement hostile », a déclaré le ministre d’extrême-droite, Ben Gvir.
Avant de devenir député, Ben Gvir avait été le conseiller juridique d’une femme juive qui avait accusé Ben Khalifa de l’avoir agressée près du mont du Temple.
La semaine dernière, le tribunal du district de Jérusalem a inculpé Ben Khalifa pour agression, mais l’a acquittée de l’accusation d’entrave à la justice, invoquant en partie le manque de rigueur avec lequel le Département des enquêtes internes de la police (PIID) a mené l’enquête.
La juge Joya Skappa-Shapiro a estimé que lors d’une altercation verbale, Ben Khalifa « a rapidement réagi par la force et a bousculé la plaignante à plusieurs reprises ». « Il n’y avait pas d’autorité pour utiliser la force et les bousculades étaient non seulement inutiles, mais elles ont également déclenché un incident violent plus grave. »
A TV report published by the Israel Channel 13 shows an Israeli police officer violently assaulting a Palestinian girl after detaining her in Jerusalem.
The police officer called Oriane Ben Khalifa, she was accused of attacking the Palestinian in Jerusalem & taking off her hijab pic.twitter.com/gkyH9JvHGc
— V PALESTINE ???????? (@V_Palestine20) January 26, 2022
La victime, Hala Salim, a souffert d’ecchymoses au cou lors des affrontements qui ont suivi, mais le tribunal a estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour déterminer si les marques ont été causées lorsque Ben Khalifa a agi de manière illégale ou lorsque Salim a résisté à son arrestation – et où l’agent était donc en droit d’utiliser la force.
Skappa-Shapiro a également critiqué le PIID pour sa gestion de l’affaire, notant le long délai qui s’est écoulé avant que les témoins de la famille de la victime ne soient convoqués pour témoigner, la façon dont les interrogatoires ont été menés et le fait qu’aucun agent de l’unité spéciale de patrouille de la police n’a été interrogé alors que certains d’entre eux ont été vus sur une vidéo de surveillance en train d’assister à la scène.
Une vidéo de Ben Khalifa hurlant et malmenant Salim au poste de police a été diffusé par la Treizième chaîne l’année dernière et partagé sur les réseaux sociaux.
Selon les documents judiciaires, l’incident du 4 novembre 2021 s’est produit alors que Ben Khalifa était posté à un checkpoint installé à l’entrée de la Porte des Lions dans la Vieille Ville de Jérusalem. Salim, accompagnée de son frère, est arrivée à la barrière et a demandé à passer, ce que Ben Khalifa a refusé.
Salim a insisté sur le fait qu’elle devait passer. À un bout d’un certain moment, Ben Khalifa l’a repoussée. Une bagarre s’est alors déclenchée et, lorsque le frère de Salim s’en est mêlé, Ben Khalifa l’a attrapé par le cou et la chemise. Salim a alors tenté d’intervenir et une lutte physique s’est engagée entre elle et la policière. Ben Khalifa a saisi le hijab de la femme, l’a arraché, l’a saisie par les cheveux, l’a frappée à la tête et l’a faite tomber à terre. Le tribunal a estimé que jusqu’à ce moment-là, Ben Khalifa avait fait usage de la force physique sans autorisation.
Ben Khalifa a alors tenté de relever Salim du sol pour l’arrêter, mais cette dernière a résisté. D’autres agents sont arrivés et Salim a été remise debout. Ben Khalifa l’a alors tirée par le cou et les cheveux jusqu’au poste de police situé à proximité. Au poste, l’agent a poussé brutalement Salim sur une chaise, l’a étranglée, l’a secouée et lui a crié dessus, malgré les demandes répétées de la suspecte pour qu’elle s’arrête. Le tribunal a noté qu’à partir du moment où Salim a été relevée du sol à l’extérieur, elle n’a plus résisté à l’arrestation et n’a pas essayé de s’échapper du poste de police.
Ce n’est que lorsque la suspecte résistait à l’arrestation que l’usage de la force contre elle a été autorisé.
Dans un rapport sur l’altercation, Ben Khalifa a écrit que Salim l’avait attaquée en premier, ce que le tribunal a jugé être faux. En conséquence, la femme avait passé la nuit en garde à vue, soupçonnée d’avoir agressé une agent des forces de l’ordre.