Vance : Les intérêts des États-Unis et d’Israël ne s’accorderont pas toujours ; nous ne voulons pas d’une guerre avec l’Iran
Le colistier de Trump a semblé laisser entendre qu'Israël soutiendrait une guerre avec l'Iran, soulignant la présence croissante de l'aile isolationniste du parti républicain dorénavant représentée parmi les candidats à la présidentielle
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le candidat républicain à la vice-présidence, JD Vance, a indiqué samedi que les intérêts des États-Unis et d’Israël ne s’accorderaient pas toujours – établissant un lien entre ce positionnement et son opposition à une guerre avec l’Iran.
Lors d’une interview accordée dans le cadre du podcast « The Tim Dillon Show », dans le contexte de la récente frappe de représailles lancée par l’armée israélienne sur le territoire iranien, Vance a été interrogé sur la manière dont l’administration Trump prendrait en charge ce qui pourrait se transformer en une guerre majeure au Moyen-Orient.
Vance a commencé à répondre en soulignant qu’Israël avait le droit de se défendre. Il a ensuite ajouté : « Mais les intérêts de l’Amérique seront parfois distincts ».
« Parfois, nos intérêts s’accordent, et ils sont parfois distincts. Notre intérêt à nous, c’est de ne pas entrer en guerre avec l’Iran. Ce serait un énorme détournement de ressources. Cela coûterait très cher à notre pays », a ajouté le colistier de l’ancien président Donald Trump.
Vance n’est pas allé jusqu’à dire qu’Israël était favorable à une guerre contre l’Iran, mais le fait qu’il ait souligné son opposition à une guerre potentielle contre la république islamique après avoir affirmé que les intérêts américains et israéliens ne se recoupaient pas toujours a pu laisser entendre que Jérusalem soutiendrait une telle guerre.
Des propos qui ont mis en évidence la présence croissante de l’aile isolationniste au sein du Parti républicain – une aile qui, avec Vance, est désormais représentée sur le ticket présidentiel. Les arguments avancés semblent également aller à l’encontre de ceux exprimés par les faucons du Parti républicain, qui ont exhorté Israël à lancer une riposte massive contre l’Iran, notamment en prenant pour cible ses installations nucléaires, ce qui serait susceptible de déclencher une guerre totale.
Vance a poursuivi en affirmant que les Américains pro-israéliens étaient même « plus militaristes » que les Israéliens dans leur réponse au pogrom commis par le Hamas dans le sud de l’État juif, le 7 octobre 2023.
« Les Israéliens ont dit : ‘Bon, le Hamas vient de nous attaquer. Il y a un aspect humanitaire là-dedans et nous voulons essayer de minimiser les pertes civiles’. Mais il y avait aussi des Américains qui disaient : ‘Cette attaque a eu lieu le jour de l’anniversaire de Poutine, nous devons donc entrer en guerre contre la Russie. Et les Iraniens ont financé une partie de l’opération, nous devons donc entrer en guerre contre l’Iran’, » a indiqué Vance.
« Je ne souhaite pas que l’Iran se dote d’une arme nucléaire et je pense que nous devrions user de toute notre influence pour encourager Téhéran à ne pas se doter d’une telle arme… Mais nous devons faire preuve d’intelligence dans ce domaine », a-t-il poursuivi.
« C’est là que la diplomatie intelligente a vraiment de l’importance », a expliqué Vance, qui a souligné que l’administration Trump avait négocié les accords d’Abraham en 2020.
Il a décrit les accords de normalisation qui avaient été signés entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc comme une alliance de pays qui « se détestent, en quelque sorte » mais qui ont décidé de collaborer parce qu’ils ont toutefois un ennemi commun, l’Iran.
Plutôt que d’entraîner les États-Unis dans une guerre avec l’Iran, « laissons les Israéliens et les États arabes du Golfe faire contrepoids à l’Iran », a noté Vance.
« L’Amérique n’a pas à surveiller en permanence toutes les régions du monde. Nous devrions donner aux gens les moyens de contrôler les régions qui sont les leurs sur la planète. Premier point : nous économiserions beaucoup d’argent. Deuxième point : nous économiserions beaucoup d’attention ».
Le candidat républicain à la vice-présidence a par ailleurs affirmé que la vice-présidente Kamala Harris parlait publiquement d’essayer de minimiser les pertes civiles du côté palestinien tout en défendant une politique « qui maximise ces pertes ».
« Ils se disent pro-israéliens, mais ils ont choisi de prolonger la guerre le plus longtemps possible, ce qui est mauvais pour Israël. Il semble qu’ils nous entraînent dans une guerre avec l’Iran. C’est le pire des mondes possibles », a-t-il ajouté.