Varsovie rejette les accusations de « révisionniste de la Shoah » à l’encontre du président-élu
La diplomatie polonaise a annoncé avoir protesté auprès du Times of Israel qui a qualifié de "révisionniste de l'Holocauste" le nationaliste Karol Nawrocki

La diplomatie polonaise a annoncé mardi avoir protesté auprès du Times of Israel qui a qualifié de « révisionniste de l’Holocauste » le nouveau président polonais élu, le nationaliste Karol Nawrocki.
Karol Nawrocki, un historien de formation, soutenu par le parti d’opposition nationaliste PiS, a remporté 50,89% des voix contre 49,11% pour le pro-européen Rafal Trzaskowski au second tour du scrutin présidentiel de dimanche.
Lundi, un article de l’édition anglophone du Times of Israel a employé le terme de « révisionniste de l’Holocauste » dans le titre de son article consacré à la victoire de Nawrocki, accusant ce dernier d’avoir fait de ce révisionnisme « une part de sa campagne électorale ».
Dans une lettre transmise au site israélien par l’ambassade de Pologne à Tel-Aviv, « nous demandons de ne pas utiliser ce type de termes, nous protestons contre cela », a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères au sein du gouvernement pro-européen polonais.
« Nous reconnaissons le droit de la rédaction à poser un jugement, mais le jugement en question, utilisant justement ce terme (précis) suscite – particulièrement en Pologne – des associations très dangereuses », a déclaré Pawel Wronski cité par l’agence polonaise PAP.
The Times of Israel a dénoncé notamment des critiques faites par Karol Nawrocki à l’égard d’historiens enquêtant sur la participation de Polonais à des crimes contre des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

Cherchant à bénéficier du soutien électoral des partisans d’un petit parti aux positions ultra-nationalistes, anti-ukrainiennes et antisémites, M. Nawrocki a assuré, selon le site de ce parti, qu’il entendait continuer à « défendre le bon nom de la Pologne et des Polonais contre toutes les attaques odieuses de personnes comme Grabowski, Gross ou Engelking ».
Barbara Engelking, présidente du Conseil du musée Auschwitz-Birkenau, Jan Grabowski de l’Université d’Ottawa, et l’historien américain Jan Tomasz Gross avaient été accusés en Pologne de diffamer la nation polonaise mais les tribunaux ont décidé de classer ces affaires.
Titulaire d’un doctorat en histoire, M. Nawrocki a été directeur du musée de la Deuxième Guerre mondiale à Gdansk de 2017 à 2021.
Depuis 2021, il dirige l’Institut de la mémoire nationale (IPN) chargé d’enquêter sur les crimes nazis et communistes.