Après avoir rejetée l’idée d’une trêve, Netanyahu affirme qu’Israël « adhère aux objectifs »
Selon des diplomates occidentaux le Premier ministre et ses collaborateurs auraient contribué à l'élaboration du cadre franco-américain de cessez-le-feu, avant de faire volte-face
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi en fin de journée qu’Israël « adhérait aux objectifs » de l’initiative menée par les Etats-Unis en faveur d’un cessez-le-feu temporaire avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, après avoir été cloué au pilori au sein de sa coalition pour avoir donné son assentiment en privé à ce plan, avant d’y renoncer par la suite.
Le bureau du Premier ministre a publié une « clarification » après les déclarations des Etats-Unis et de la France selon lesquelles Israël avait indiqué qu’il soutiendrait la trêve de 21 jours proposée mercredi par Washington et Paris.
Des équipes israéliennes et américaines se sont rencontrées jeudi en fin de journée pour discuter de l’initiative américaine, a indiqué le cabinet du Premier ministre, et de « la manière dont nous pouvons faire avancer l’objectif commun du retour des personnes en toute sécurité dans leurs foyers ». Il a ajouté que ces discussions se poursuivraient dans les jours à venir.
Cette proposition fait suite à une semaine de frappes israéliennes quasi-ininterrompues qui ont éliminé le haut commandement du groupe terroriste libanais, après une vague d’explosions d’appareils de communication des terroristes du Hezbollah, largement imputées à Israël.
Cette initiative vise à donner du temps pour parvenir à la libération des otages enlevés le 7 octobre par le groupe terroriste palestinien du Hamas et la conclusion d’un accord de « trêve contre libération d’otages », ainsi que pour la négociation d’un accord entre Israël et le Hezbollah, en vertu duquel le groupe terroriste chiite libanais se retirerait de la frontière, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
« En raison d’un grand nombre d’informations erronées concernant l’initiative de cessez-le-feu menée par les Etats-Unis, il est important de clarifier certains points. En début de semaine, les Etats-Unis ont fait part à Israël de leur intention de présenter, avec d’autres partenaires internationaux et régionaux, une proposition de cessez-le-feu au Liban », a déclaré le cabinet du Premier ministre.
« Israël partage les objectifs de l’initiative menée par les Etats-Unis, qui consiste à permettre aux personnes vivant le long de notre frontière nord de rentrer chez elles en toute sécurité », a-t-il ajouté, réitérant l’objectif de guerre du pays, qu’il a invoqué dans le cadre de la nouvelle opération contre le Hezbollah au Liban.
Les Etats-Unis et la France ont clairement indiqué dans leurs déclarations de jeudi que Netanyahu avait accepté en privé le plan de cessez-le-feu, pour ensuite y renoncer au milieu d’une réaction brutale dans son pays. Ils se sont déclarés surpris et déçus qu’Israël l’ait rejeté.
Alors qu’il se rendait à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU jeudi, Netanyahu a nié avoir répondu à la proposition de cessez-le-feu ou l’avoir approuvée, bien qu’un diplomate occidental de haut rang ait déclaré au Times of Israel que le Premier ministre et ses collaborateurs avaient été étroitement impliqués dans l’élaboration de la déclaration conjointe américano-française annonçant l’initiative.
« Nous continuons à frapper le Hezbollah avec toute la force nécessaire. Et nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas atteint tous nos objectifs, au premier rang desquels le retour des habitants du nord en toute sécurité dans leurs maisons », a déclaré le Premier ministre lors de son atterrissage à New York.
Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, l’un des principaux conseillers de Netanyahu, a rencontré l’envoyé spécial américain Amos Hochstein et l’envoyé de la Maison Blanche pour le Proche-Orient Brett McGurk, jeudi, dans le contexte de la controverse. Il a également rencontré le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans la soirée.
Lors de leur entretien, Blinken a réitéré à Dermer la conviction de l’administration Biden qu’une escalade israélienne contre le Hezbollah ne ferait que rendre plus difficile la réalisation de l’objectif du retour des Israéliens évacués dans leurs foyers le long de la frontière nord.
« Un accord diplomatique permettra aux civils de part et d’autre de la frontière de rentrer chez eux […] Une nouvelle escalade du conflit ne fera que rendre cet objectif plus difficile », a déclaré Blinken à Dermer, selon le communiqué américain.
Blinken a également abordé la question du cessez-le-feu à Gaza, qui est au point mort depuis plus d’un mois.
Il a également discuté des mesures qu’Israël doit prendre pour améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, tout en réitérant l’engagement des Etats-Unis en faveur de la sécurité d’Israël, a indiqué le Département d’État.
Parallèlement, à l’ONU, le ministre des Affaires étrangères libanais, Abdallah Bouhabib, a appelé jeudi à un cessez-le-feu immédiat « sur tous les fronts », avertissant que la poursuite de la violence à la frontière de son pays « se transformera en un trou noir qui engloutira la paix et la sécurité internationales et régionales ».
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de vingt-six civils du côté israélien, ainsi que celle de vingt-deux soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Avant la flambée de cette semaine, le Hezbollah avait signalé que 513 de ses terroristes avaient été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 88 membres d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes avaient également été tués.
Depuis qu’Israël a intensifié ses frappes aériennes contre le groupe terroriste du Hezbollah lundi, plus de 630 autres morts ont été signalés au Liban, selon le ministère de la Santé du pays.
Au moins un quart des personnes tuées depuis lundi seraient des femmes et des enfants, selon les autorités sanitaires libanaises qui ne fait pas de distinction entre les civils et les terroristes. Plus de 2 000 personnes auraient également été blessées. Israël a déclaré que de nombreux terroristes du Hezbollah figuraient parmi les morts.
Face à l’escalade, le Hezbollah semble avoir cessé de nommer ses éléments éliminés.
Netanyahu a également rencontré jeudi le président serbe Aleksandar Vučić, qui a déclaré qu’il aimerait voir tous les otages de Gaza libérés « dès que possible ».
Un citoyen serbe, Alon Ohel, enlevé le 7 octobre par le groupe terroriste palestinien du Hamas est toujours détenu à Gaza.
La Serbie est un partenaire de sécurité important, quoique discret, pour Israël. Le président Isaac Herzog s’est rendu à Belgrade au début du mois, quelques semaines après la visite du directeur de la CIA, William Burns, dans le pays.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël, qui a juré d’anéantir le groupe terroriste palestinien et de libérer les otages, a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.
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