Après des années d’attente, 63 immigrants éthiopiens arrivent en Israël
Malgré l’annonce en 2013 par le gouvernement de la “fin” de l’alyah éthiopienne, certains membres de la communauté retrouvent enfin leurs familles
Au milieu des cris et des larmes de jubilation et des proclamations de « Am Yisrael Hai » (le peuple d’Israël est vivant), les Israéliens éthiopiens ont accueilli en Israël des membres de leurs familles après un gel de trois ans de l’immigration éthiopienne.
Les 63 immigrants qui sont arrivés dimanche soir étaient les premiers venus du pays depuis que le gouvernement avant annoncé la « fin » de l’immigration éthiopienne en août 2013, irritant les Israéliens éthiopiens qui avaient toujours de la famille à Gondar et à Addis-Abeba.
« J’ai l’impression que le mur de Berlin est en train de tomber », a déclaré Avraham Neguise au Times of Israel, député né en Ethiopie, qui a travaillé avec un autre élu du Likud, David Amselem, et des militants pour relancer l’immigration éthiopienne, notamment en boycottant la coalition pendant des mois.
« Ce qui est important, c’est un symbole d’ouverture des portes pour des milliers de personnes qui pourront retrouver leurs familles. Ma joie atteindra les sommets quand toutes les familles seront réunies », a-t-il ajouté.
« J’ai toujours le sentiment d’un rêve, je ne peux tout simplement pas y croire, c’est comme un bonheur sans fin », a déclaré M., qui a accueilli son frère et la famille de celui-ci. Elle n’avait pas vu son frère depuis neuf ans, et rencontrait sa nièce et son neveu pour la première fois.
« C’est difficile, quand tous les autres juifs peuvent venir ici, de vouloir quelque chose que vous ne pouvez pas avoir, a-t-elle déclaré. Ils ont l’impression d’être si isolés et seuls là-bas. Parfois, ils leur donnent l’espoir [qu’ils seront autorisés à immigrer] et ensuite ils le reprennent. »
Normalement, 64 immigrants devaient arriver dimanche, mais un bébé est mort la semaine dernière à Addis-Abeba en attendant l’approbation finale.
Neguise a également dénoncé la réticence du gouvernement à faire venir les juifs éthiopiens, ce qui a nécessité des années de combat.
« Aucune autre communauté juive ne lutte et ne se bat pour l’immigration, a-t-il déclaré. Vous ne voyez simplement pas cela avec les juifs français, russes ou américains, seulement avec l’immigration éthiopienne. C’est tout simplement au sujet de quels immigrants sont les moins chers. C’est très difficile à comprendre. Israël est un foyer pour tous les juifs. Je suis certain que si ces immigrants étaient ingénieurs, médecins, professeurs, ou même juste joueurs de football, ils les auraient déjà fait venir depuis des années. »
Les immigrants éthiopiens ont des aides supplémentaires par rapport aux autres immigrants, comme des aides au logement pendant au moins deux ans dans un centre d’intégration, et un prêt de 400 000 shekels (environ 95 000 euros).
Natan Sharansky, président de l’Agence juive pour Israël, a démenti l’accusation de racisme de Neguise à l’encontre des Ethiopiens, et a déclaré que la décision du gouvernement de les faire venir en Israël alors qu’ils ne sont pas considérés comme juifs par la loi du retour illustre l’engagement d’Israël envers eux. « Cette loi dite ‘de l’entrée’ n’existe pas pour les Russes ou qui que ce soit d’autre, elle a été faite spécialement pour les Ethiopiens », a déclaré Sharansky.
Sharansky a ajouté que pendant la première opération importante pour faire venir les juifs éthiopiens en Israël en 1985, il était toujours en Union soviétique et l’avait entendu aux informations. Il a été le premier ministre de l’Intérieur à visiter des camps juifs à Gondar, et a fait le voyage vers Israël avec des immigrants éthiopiens dans les années 1990. « Je suis toujours excité quand je vois un nouvel immigrant boucler la boucle », a-t-il déclaré.
« Les premières années seront dures », a déclaré aux nouveaux immigrants Amsalem, le député du Likud, pendant une cérémonie d’accueil officielle. « Mais quand vous vous sentirez mal, regardez autour de vous, chaque Israélien que vous voyez, que ce soit lui, son père ou son grand-père, est probablement aussi un immigrant. »
La cérémonie a été organisée dans l’aéroport, ce qui signifie que presque toutes les familles israéliennes ne pouvaient pas y assister. Des familles excitées tenant des ballons et des bouquets de fleurs étaient brutalement renvoyées par la sécurité à l’extérieur de la cérémonie. Elles ont été obligées d’attendre presque quatre heures au terminal 3 de l’aéroport Ben Gurion que leurs familles terminent leurs papiers et récupèrent leurs bagages avant de pouvoir les voir pour la première fois.
Ces trois dernières années, des militants de Lutte pour les juifs d’Ethiopie ont travaillé pour faire venir les membres de leurs familles en Israël.
« Nous sommes heureux que cela arrive finalement, mais il y a une petite larme dans nos cœurs parce que nos familles ne sont toujours pas là », a déclaré Asras Damalash, soldate de 23 ans active dans l’organisation qui a deux sœurs en Ethiopie.
Elle a déclaré que la situation politique dans le pays, qui connaît les pires manifestations anti-gouvernementales depuis des années, les a inquiétés.
Un membre de la communauté juive de Gondar a été tué dans les émeutes la semaine dernière. « Nous essayons de leur donner l’espoir qu’ils vont faire l’alyah, c’est ce qui leur permet d’avancer », a déclaré Damalash.
Il y a toujours environ 9 000 juifs qui vivent en Ethiopie et ne pouvaient précédemment pas venir en Israël parce qu’ils ne sont pas considérés comme juifs dans le cadre de la loi du retour. Un projet gouvernemental pour faire venir ces 9 000 juifs en Israël avait été approuvé en novembre 2015, mais n’avait pas été mis en place parce qu’il n’y avait pas de budget pour ce programme.
Le budget 2017 – 2018 comprend l’argent nécessaire à l’intégration de 1 300 immigrants éthiopiens.