L’approbation du budget rapproche les Juifs d’Ethiopie d’Israël
Le plan budgétaire de 2 ans alloue des fonds pour l'immigration et l'installation des 1 300 Juifs éthiopiens
Les militants qui font campagne pour ramener les Juifs éthiopiens en Israël se sont rapprochés de leur objectif grâce à l’approbation du budget de 21 heures vendredi dernier, mais ils attendent de voir ce qui se passera avant de sabrer le champagne.
Dans le budget 2017-2018, le ministère des Finances a alloué un budget qui permettrait à 1 300 Ethiopiens d’emménager en Israël qui seront répartis entre un certain nombre d’entités, y compris le ministère de l’Intérieur, le ministère de l’Absorption et l’Agence juive, entre autres, selon le député David Amsalem (Likud) et le porte-parole Nimrod Eliran Sabbah.
L’immigration en Israël pourrait reprendre dès novembre 2016, et continuer à une vitesse d’environ 100 personnes par mois. Il y a environ 90 personnes en Ethiopie qui ont déjà été approuvés par le ministère de l’Intérieur, il y a trois ans, mais ils ne sont pas venus en Israël parce qu’il n’y avait pas de budget pour leur intégration, y compris les allocations de logement pour au moins deux ans dans un centre d’absorption et une subvention de 400 000 shekels pour acheter un appartement. Ce groupe de 90 personnes pourrait commencer à arriver dans le mois, mais cela est peu probable.
Il y a environ 9 000 Juifs encore vivant en Ethiopie qui ne sont pas autorisés à immigrer en Israël parce que le ministère de l’Intérieur a déterminé qu’ils n’étaient pas juifs. Les Juifs éthiopiens ont répondu à cela que le processus visant à déterminer l’identité juive a été mal exécutée et inexacte, divisant les familles. Au moins 80 % des Juifs d’Ethiopie ont des parents au premier degré vivant en Israël.
Les Juifs laissés en Ethiopie sont classés comme des Falashmouras, un terme pour les Juifs éthiopiens dont les ancêtres se sont convertis au christianisme, souvent sous la contrainte, il y a plusieurs générations.
Les Falashmouras ne sont pas considérés comme étant éligibles à la citoyenneté israélienne en vertu de la loi du retour, ce qui nécessite au moins un grand-parent juif et disqualifie quelqu’un qui a été converti à une autre religion, même si la conversion est arrivée il y a longtemps.
Les Juifs éthiopiens encore en Ethiopie ne peuvent s’installer en Israël que sur la base de « décisions ad hoc du gouvernement israélien, pris sur une base humanitaire », a déclaré le porte-parole de l’Agence Juive, Avi Mayer.
Bien que le gouvernement ait approuvé à l’unanimité l’immigration de 9 000 Juifs d’Ethiopie en novembre dernier, la décision a faibli trois mois plus tard, lorsque le bureau du Premier ministre a refusé de mettre en œuvre le programme parce que le milliard de dollars nécessaire pour financer le processus d’intégration n’était pas dans le budget de l’Etat.
Deux députés du Likud, Avraham Neguise et David Amsalem, ont refusé de voter avec la coalition jusqu’à ce que le gouvernement finance et mette en œuvre la décision d’amener les Juifs éthiopiens en Israël, ce qu’il a finalement fait en avril. Les Juifs éthiopiens étaient censés commencer à arriver en Israël en juin et célébrer Pessah avec un espoir renouvelé : « l’année prochaine à Jérusalem ».
Mais le processus a été bloqué et aucun plan n’a été préparé pour reprendre l’alyah. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a refusé de rencontrer les membres de la communauté juive pendant qu’il était en Ethiopie en juillet.
« Nous allons unir les familles et c’est ce qui nous rend le plus heureux », a déclaré Sabbah, le porte-parole d’Amsalem.
Après les grandes fêtes en octobre, les responsables du ministère de l’Intérieur se rendront en Ethiopie pour déterminer l’ordre dans lesquels les 1 300 personnes seront incluses dans le premier tour de l’alyah, a expliqué Sabbah. La préférence sera probablement accordée aux personnes âgées et les mineurs non accompagnés dont les parents sont déjà en Israël.
Il a ajouté que l’objectif reste encore d’amener au moins 6 500 Juifs d’Ethiopie en Israël. « Nous sommes venus à une sorte de compromis avec le gouvernement, parce que nous préférons avoir un oui lent qu’un non absolu », a-t-il précisé.
Selon Sabbah, l’un des problèmes était de fixer des critères pour déterminer qui est éligible pour s’installer en Israël. Étant donné que les critères du droit de retour ne sont pas applicables, les organismes concernés devaient se mettre d’accord sur des critères qui seraient acceptables pour le ministère de l’Intérieur, le Grand Rabbinat et le ministère de l’Intégration. Tous les Juifs qui s’installent en Israël d’Ethiopie subiront une conversion supervisée par le rabbinat dans le cadre de leur processus d’intégration.
Sabbah a déclaré que les critères qui détermineront à l’admissibilité à l’alyah éthiopienne sont : avoir des parents au premier degré en Israël, résider dans les camps de réfugiés juifs à Gondar ou Addis-Abeba, et de prouver son ascendance juive (qui peut aussi être patrilinéaire dans ce cas). Il y a aussi une exception humanitaire d’urgence, pour environ 150 personnes qui ne peuvent pas être juifs, mais qui sont totalement dépendants des personnes qui vont partir en Israël, y compris des parents âgés et infirmes.
L’Ethiopie fait actuellement l’objet d’une vague meurtrière de manifestations anti-gouvernementales dans les régions Gondar et Oromia qui ont fait près de 100 morts, selon Amnesty International. En réponse, le gouvernement a parfois coupé la connexion Internet dans certaines parties du pays.
Gezahegn Dereve et Demoz Deboch, les dirigeants des jeunes de la communauté juive éthiopienne de Gondar qui sont actuellement en Amérique dans le cadre d’une tournée pour essayer de mieux faire connaître l’alyah éthiopienne ont expliqué qu’ils n’ont pas été en mesure de communiquer avec leurs familles depuis plus d’une semaine en raison de l’Internet qui ne fonctionne pas.
Deboch a estimé que la décision était un pas dans la bonne direction. « Mais il parle seulement de 1 300 [Juifs] et il y a 9 000 Juifs », a-t-il déploré. « La deuxième chose est – ils ont décidé alors pourquoi ne pas commencer aujourd’hui ? Pourquoi même attendre une semaine ? Nous ne voulons pas voir les décisions, nous voulons voir des gens faire l’alyah », a-t-il assené.
« Plusieurs fois, nous avons entendu dire qu’ils allaient amener des certaines de personnes, 1 000 personnes cette année, ou quelque chose comme ça, mais ils ne font simplement que parler, ils ne font rien », a-t-il dénoncé. « Et qu’en est-il des 1 300 Juifs ? Il y a 9 000 Juifs. Est-ce que cela signifie que ma mère peut partir mais pas ma sœur ? ».