Baharav-Miara bloque la promotion d’un policier accusé d’avoir blessé un manifestant
La procureure générale informe Ben Gvir que la promotion de Suissa est illégale sans autorisation ; le chef d'Otzma Yehudit envisage de porter l'affaire en justice
La procureure générale Gali Baharav-Miara a bloqué dimanche la promotion du policier israélien Meir Suissa, la semaine dernière, au rang de surintendant en chef en raison de son inculpation le mois dernier pour avoir lancé une grenade incapacitante sur des manifestants hostiles au gouvernement en mars 2023, blessant plusieurs d’entre eux.
La semaine dernière, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, d’extrême droite, a accordé la promotion à Suissa. Il a également loué son travail et dénoncé ce qu’il considère comme une pression politique visant à « cibler un officier de police qui semble avoir agi conformément aux instructions qui lui ont été données ».
Selon la presse israélienne, le bureau de la procureure générale a adressé une lettre à Ben Gvir, indiquant que, sans les éclaircissements nécessaires ou une lettre de recommandation du chef de la police, « la promotion ou la nomination de Suissa est légalement impossible ».
Le procureur général adjoint, Gil Limon, a qualifié la décision de Ben Gvir de « comportement grave », et a fait valoir que « la situation est d’autant plus préoccupante car il s’agit d’une nomination au sein de la police, dont le rôle est de faire respecter la loi. Enfreindre la loi dans un tel contexte peut sérieusement éroder la confiance du public envers les forces de l’ordre ».
En réponse à cette décision, Ben Gvir a affirmé que la promotion aurait lieu malgré tout et a suggéré à la procureure générale d’aller en Cour suprême si elle souhaite annuler la nomination.
« Toutes les démarches légales et conformément à l’autorité du ministre ont été respectées pour cette nomination », a précisé le ministre ultranationaliste, ajoutant que la procureure générale n’a qu’un rôle consultatif et non décisionnel. Par conséquent, Suissa reste le surintendant en chef et le commandant du poste de Tel Aviv-Sud.
Or, comme l’indique Limon dans sa lettre, la promotion de Suissa doit avoir été approuvée par le commissaire de police, chose qui ne saurait avoir eu lieu la semaine dernière puisque le nouveau commissaire de la police israélienne, Daniel Levy, n’a prêté serment que dimanche, lors d’une cérémonie au ministère de la Sécurité nationale.
S’exprimant lors de la cérémonie, Ben Gvir a loué le « programme sioniste et juif » de Levy et a indiqué qu’il savait que Levy « dirigerait la police conformément à la politique que j’ai définie pour lui ».
Avshalom Peled, qui assurait l’intérim à la tête de la police jusqu’à la prestation de serment de Levy, a reçu l’interdiction de Baharav-Miara de prendre toute décision concernant le personnel pendant la durée de l’intérim.
À la suite de la réponse de Ben Gvir, Limon a demandé des éclaircissements sur la question et a indiqué que tant que Suissa n’aurait pas obtenu les autorisations nécessaires, « l’officier qui occupera le nouveau poste ou qui portera le grade de chef de la police sera en infraction avec la loi, avec tout ce que cela implique », selon le quotidien Haaretz.
Le poste qu’occupera Suissa dans l’intervalle est encore incertain et avec la légalité de sa promotion en question, la situation risque de ne pas être claire pour les officiers sous son commandement.
Suissa a été filmé en train de lancer une grenade incapacitante dans une foule lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire en mars de l’année dernière. Au moins cinq personnes ont été blessées, dont un homme à qui l’on a dû recoller l’oreille.
Le mois dernier, Suissa et quatre autres policiers ont été inculpés pour négligence, car le lancer de la grenade dans la foule a été jugé contraire aux directives de la police.
Néanmoins, Ben Gvir avait salué les actions de Suissa à l’époque et l’a défendu le mois dernier lorsque l’acte d’accusation a été déposé contre lui.
Les critiques accusent Ben Gvir de prendre le contrôle de la police et de la soumettre à son autorité. Le ministre d’extrême droite avait appelé à une répression sévère des manifestations antigouvernementales l’année dernière et aurait ordonné à la police de ne pas empêcher les extrémistes d’attaquer les camions transportant de l’aide humanitaire vers Gaza en pleine guerre.
Des policiers ont également été accusés de ne pas avoir arrêté des résidents d’implantations qui avaient attaqué des Palestiniens en Cisjordanie et d’être restés inactifs lorsque des foules d’extrême droite ont pris d’assaut des bases de l’armée le 29 juillet après l’arrestation de réservistes de Tsahal accusés d’avoir sodomisé un détenu palestinien.
Dans une lettre envoyée la semaine dernière au Premier ministre Benjamin Netanyahu et à d’autres ministres, le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a averti que la police encourageait le terrorisme juif en Cisjordanie en ne s’attaquant pas à ce problème, mettant ainsi en danger la sécurité d’Israël et ses relations avec ses alliés.
Ben Gvir aurait demandé le renvoi de Bar après l’envoi de cette lettre et a quitté furieusement une réunion du cabinet lorsque sa demande n’a pas été acceptée.