Le chef du Shin Bet avertit que le terrorisme juif met Israël en danger

Le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, a averti le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et d’autres ministres que le terrorisme juif mené par des résidents d’implantations violents et les actions du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gallant sur le mont du Temple causent des « préjudices indescriptibles » à Israël, dans une lettre relayée par la Douzième chaîne jeudi.

« Je vous écris cette lettre dans la douleur, la grande peur, en tant que Juif, en tant qu’Israélien et en tant que membre d’une force de sécurité », a écrit Bar dans la lettre, qu’il a également envoyée au ministre de la Justice Yariv Levin, au ministre de l’Éducation Yoav Kisch, au ministre des Finances Bezalel Smotrich, au ministre de l’Intérieur Moshe Arbel, au ministre des Affaires religieuses Michael Malchieli, et à la procureure générale Gali Baharav-Miara.

La lettre n’a pas été envoyée à Ben Gvir, qui aurait exigé que Bar soit licencié pendant la réunion du cabinet et avait quitté les lieux lorsque Netanyahu et d’autres ministres l’ont défendu.

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« Le phénomène des ‘Jeunes des collines’ est devenu depuis longtemps un foyer de violence contre les Palestiniens », a poursuivi Bar, faisant référence à un groupe de résidents d’implantations radicaux qui s’en prennent très régulièrement à des Palestiniens en Cisjordanie.

Bar a écrit qu’il ne considérait pas le phénomène comme de la violence nationaliste parce que la violence était commise pour « semer la peur, c’est-à-dire le terrorisme ».

Il ajoute que les Jeunes des collines ont été encouragés par la légèreté avec laquelle ils ont été traités et par « un sentiment occulte de soutien » de la part de la police. La police israélienne, sous la direction de Ben Gvir, a été accusée à maintes reprises de fermer les yeux sur les actions des résidents d’implantations radicaux.

Une personne vérifiant les dégâts à l’intérieur de sa maison, au lendemain d’une attaque d’extrémistes juifs dans le village de Jit, à proximité de Naplouse, en Cisjordanie, le 16 août 2024. (Crédit : Nasser Nasser/AP)

« Le fait qu’ils ne craignent plus la détention administrative en raison des conditions qu’ils obtiennent en prison et de l’argent que leur donnent les députés à leur libération, ainsi que la légitimation et les louanges, parallèlement à la délégitimation des forces de sécurité », contribue à la poursuite du phénomène, a écrit Bar.

Il a écrit que récemment, il était évident que les Jeunes des collines s’étaient sentis suffisamment en sécurité pour être plus directs, confiants et prolifiques dans leurs actions et qu’ils utilisaient souvent des « armes distribuées légalement par l’État », faisant vraisemblablement référence à la politique de Ben Gvir qui a rendu les permis de port d’armes beaucoup plus faciles à obtenir depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.

« Ce sont nos fils, nous sommes responsables de leur éducation, de leur légitimation ou de leur absence de légitimation, de la définition de la voie à suivre et des limites à respecter », a écrit Bar.

Il poursuit en avertissant que la solution au problème n’est pas le Shin Bet et que la situation doit être redressée par les dirigeants du pays.

« Les préjudices causés à l’État d’Israël, en particulier aujourd’hui et pour la grande majorité des résidents d’implantations, sont indescriptibles : délégitimation globale, même parmi nos plus grands alliés ; éparpillement des effectifs de Tsahal qui a déjà du mal à faire face à toutes ses missions et qui ne sont pas censés s’occuper de ça ; attaques vengeresses qui déclenchent un front supplémentaire dans cette guerre multi-fronts dans laquelle nous nous trouvons ; mise en place de plus d’acteurs dans le cycle du terrorisme ; pente glissante vers le sentiment d’un manque de gouvernance ; un autre obstacle à la création d’alliances locales dont nous avons besoin contre l’axe chiite ; et surtout, une tache massive sur le judaïsme et sur nous tous », a continué Bar.

Les résidents d’implantations radicaux se livrent régulièrement à des émeutes dans les villes palestiniennes de Cisjordanie, causant des dégâts matériels et blessant ou tuant parfois des Palestiniens.

Alors que quatre suspects juifs ont été arrêtés jeudi pour leur implication présumée dans une attaque contre le village palestinien de Jit, la semaine dernière, au cours de laquelle les autorités palestiniennes ont déclaré qu’un homme avait été tué, les inculpations dans de telles affaires sont rares et les condamnations encore plus, ce qui a conduit les États-Unis et d’autres pays occidentaux à commencer à sanctionner les résidents d’implantations radicaux israéliens au début de l’année.

Il a ajouté qu’un autre risque pour Israël était la récente visite de Ben Gvir sur le mont du Temple, lors du jeûne de Tisha BeAv commémorant la destruction des deux Temples bibliques, lorsque des fidèles juifs ont été filmés en train de prier et de se prosterner, en violation des instructions de la police et du statu quo régissant l’enceinte, le site le plus sacré du judaïsme et le troisième de l’islam et des consignes des autorités rabbiniques.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir en visite sur le mont du Temple, à Jérusalem, lors de Tisha BeAv, le 13 août 2024. (Crédit : Capture d’écran/Otzma Yehudit)

Ben Gvir a déclaré par la suite que les images attestent du fait qu’il a modifié le statu quo de longue date régissant le site ultra-sensible de Jérusalem.

« Des Juifs ont été filmés en train de prier ici, c’est ma politique », avait-il déclaré.

Il a immédiatement été rabroué par Netanyahu, qui a réaffirmé son soutien aux restrictions imposées au culte juif sur le site où se tenaient autrefois les deux Temples juifs et qui abrite aujourd’hui le Dôme du Rocher et la mosquée Al Aqsa.

Bar a averti que « les développements dans cette direction conduiront à des effusions de sang et changeront de manière méconnaissable la face de l’État d’Israël ».

« Je suis convaincu que nous avons besoin d’une déclaration explicite que c’est mal et dangereux – moralement et pour la sécurité. Nous avons besoin d’un effort interministériel pour endiguer le phénomène. Je suis convaincu que cela doit être l’un des principaux objectifs du gouvernement avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il conclu.

En réponse à la missive, le bureau de Ben Gvir a accusé Bar de « tenter de créer un effet de manche et d’attaquer le ministre d’extrême-droite pour détourner la discussion sur sa responsabilité dans les concepts et les échecs qui ont conduit au 7 octobre ».

« Cela ne l’aidera pas. Après [l’ancien chef du Directorat des Renseignements militaires Aharon] Haliva, il est le prochain à devoir démissionner », indiquait le communiqué du bureau de Ben Gvir.