Biden aurait pu mettre un terme à la guerre à Gaza en 2023 s’il avait capitalisé sur sa popularité — ancien collaborateur du président
Après la défense de la politique de l'ancienne administration par l'ex-envoyé au Moyen-Orient, Ilan Goldenberg suggère que Biden aurait dû profiter de sa popularité en Israël après le 7 octobre pour inciter à l'adoption d'un accord plus tôt
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Un ancien collaborateur de l’ex-président américain Joe Biden a affirmé mardi que son ancien patron aurait pu avoir une chance d’obtenir un accord de libération des otages israéliens dès la fin de l’année 2023, offrant l’un des premiers bilans publics de l’administration précédente concernant sa gestion de la guerre entre Israël et le Hamas.
Dans un billet publié sur son blog personnel, Ilan Goldenberg — qui a occupé plusieurs postes de haut niveau à la Maison Blanche et au Pentagone depuis 2021 — affirme que Biden a eu une opportunité quelques mois seulement après le début de la guerre, alors que sa popularité parmi les Israéliens était à son plus haut niveau pour avoir défendu avec force l’État hébreu à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, et alors que la popularité du Premier ministre Benjamin Netanyahu était toujours au plus bas, une grande partie de l’opinion publique le considérant comme responsable des échecs sécuritaires qui ont permis au pogrom d’avoir lieu.
Goldenberg soutient qu’à ce moment unique, Biden aurait pu prononcer un discours s’adressant directement au public israélien et lui proposant de choisir entre deux voies.
La première commencerait par un accord de cessez-le-feu et de libération des otages qui exigerait qu’Israël accorde à l’Autorité palestinienne un ancrage à Gaza, ce qui débloquerait le soutien recherché des alliés arabes dans la reconstruction et la stabilisation de Gaza. Un tel accord aurait impliqué un cessez-le-feu au Liban et permis de faire avancer un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.
La seconde voie aurait offert une poursuite de la guerre pour une période indéfinie au cours de laquelle davantage d’otages et de soldats israéliens trouveraient la mort. Jérusalem aurait été de plus en plus isolée dans la région et le Hamas resterait au pouvoir à Gaza.
Ilan Goldenberg a reconnu qu’un Netanyahu encore impopulaire à l’époque aurait pu rejeter l’effort visant à mettre Israël sur la première voie, l’aile de droite dure du gouvernement du Premier ministre se ralliant à lui. Par ailleurs, l’ancien collaborateur de Joe Biden a admis que le Hamas aurait pu jouer les trouble-fêtes.

« Nous ne saurons jamais comment les choses auraient pu se passer. Ce que nous savons, c’est où nous avons abouti. La guerre s’est prolongée pendant un an, avec de grandes souffrances à Gaza et des otages qui continuent de mourir », a écrit Goldenberg.
« Les désaccords entre Netanyahu et Biden sont apparus au coup par coup et de manière incohérente, Netanyahu profitant de chaque occasion pour créer une distance entre lui et Biden, et affaiblir la position de Biden auprès du public israélien, ce qui a fini par éroder son influence », a-t-il ajouté.
La réflexion de Goldenberg a offert un point de vue différent sur la gestion de la guerre par l’administration Biden après que l’ancien envoyé de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, a présenté une défense sans équivoque de la politique de l’ancien président dans un article d’opinion du Washington Post la semaine dernière.
Dans cet article, McGurk a présenté le Hamas comme le seul obstacle aux négociations sur les otages, qui ont traîné pendant plus d’un an entre le premier et le deuxième accord.

McGurk, plus âgé, a largement donné raison à Netanyahu — qui a retweeté la tribune — en affirmant que le soutien des États-Unis à Israël avait permis d’affaiblir l’Iran et ses mandataires à la fin de l’année 2024, ce qui avait conduit le Hamas, isolé, à faire des compromis et à accepter l’accord sur les otages le mois dernier.
L’année dernière, le Times of Israel a révélé que l’administration Biden avait de nouveau envisagé que le président prononce le discours du « moment du bilan » en mai, mais qu’elle avait finalement abandonné l’idée en faveur d’un autre discours au cours duquel le président révélerait les éléments de ce qui était alors la dernière offre israélienne d’accord sur les otages et appellerait le Hamas à se rallier à cette offre.
À ce moment-là, les sondages d’opinion sur Netanyahu avaient commencé à se redresser, tandis que les faveurs de Biden parmi les Israéliens avaient chuté en raison de son inquiétude croissante face à la situation humanitaire à Gaza et de sa décision de retenir une cargaison de bombes de 500 kg dont il craignait qu’elles n’entraînent la mort d’un trop grand nombre de civils.
À la fin de l’année 2023, cependant, les opérations de Tsahal avaient déjà porté des coups significatifs au Hamas, au point qu’il ne pouvait plus mener une nouvelle attaque du type de celle du 7 octobre, selon Goldenberg. Mais dès cette date, Netanyahu avait clairement indiqué qu’il n’était pas intéressé par la mise en place d’une alternative viable au groupe terroriste, ce qui augmentait considérablement les risques qu’Israël s’enlise indéfiniment dans la bande de Gaza, a soutenu l’ancien collaborateur de Biden.