Colère d’Israel Women’s Network contre un texte de loi relatif à l’égalité des sexes
Les critiques estiment qu'il est "inconcevable" de remplacer l'actuelle Autorité pour la Promotion des femmes par un nouvel organisme subordonné à un ministre et à la coalition
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
La commission des Lois a approuvé dimanche la première lecture à la Knesset du projet de loi visant à réorganiser l’autorité nationale officielle pour la promotion de l’égalité des sexes, d’une manière qui, selon les critiques, la privera de son indépendance professionnelle et la soumettra aux caprices des politiciens.
Proposée par la députée d’extrême-droite Limor Son Har-Melech (Otzma Yehudit), la législation remplacerait l’Autorité chargée de la promotion des femmes par une nouvelle autorité directement placée sous l’autorité du ministre chargé de l’avancement de la condition des femmes, actuellement May Golan (Likud).
Les députés de l’opposition et le plus grand groupe de défense des droits des femmes du pays ont critiqué le projet de loi et ont regretté qu’il mette fin à 25 années de fonctionnement indépendant de l’autorité actuelle pour créer une nouvelle autorité soumise à la coalition au pouvoir.
Selon les termes du projet de loi, un nouvel organisme portant un titre similaire, l’Autorité pour l’Avancement des femmes en Israël, sera créé. Son budget et ses politiques seront contrôlés par la ministre de la Promotion du statut des femmes et les dirigeants politiques, qui pourront nommer – ou licencier – son directeur, a rapporté le site d’information Walla lundi.
Le projet de loi prévoit également la création d’un comité consultatif pour la nouvelle autorité, qui sera composé de personnes nommées par les ministres du gouvernement. Le président du comité sera choisi par le ministre chargé de l’avancement des femmes, et non par le responsable de l’autorité, selon Walla.
Le groupe de défense des droits des femmes Israel Women’s Network a critiqué le projet de loi.
« Il est impensable que les outils statutaires qui fonctionnent depuis de nombreuses années pour réduire les écarts entre les sexes, et qui sont basés sur les recommandations de la commission internationale pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, soient absolument subordonnés à la politique de l’échelon politique – sans donner d’autorité et d’influence réelle aux positions des femmes et aux professionnels »,a déclaré Israel Women’s Network dans un communiqué.
Le groupe a déclaré que la loi « nuirait gravement à l’avancement du statut des femmes en Israël ».
La députée de l’opposition Meirav Cohen (Yesh Atid) a déclaré que le projet de loi était « une mesure délirante » qui « transfère certains des pouvoirs directement à la ministre afin de neutraliser les éléments professionnels ».
« Ils veulent affaiblir cet organisme majeur, dans le cadre d’un mouvement global visant à nuire aux femmes », a-t-elle averti. « Une autorité politique ne se battra pas pour les femmes, mais fera uniquement ce que la coalition lui dicte [de faire]. »
La députée de l’opposition Sharon Nir (Yisrael Beytenu) a déclaré que le projet de loi transformerait la question de l’égalité des sexes, « qui devrait concerner toutes les femmes en Israël, quel que soit leur parti politique, en une question politique ».
« Concentrer le pouvoir et l’autorité entre les mains d’une entité politique et non entre les mains d’une entité professionnelle autorisée par la loi à s’engager dans cette voie, pourrait constituer un grave préjudice pour le statut des femmes en Israël », a déclaré Nir.
Walla a rapporté que le projet de loi devrait passer une première lecture à la Knesset, mais que sa progression ultérieure – l’approbation d’une commission puis trois autres votes en plénière – dépendra de l’accord du gouvernement et de la ministre Golan.
L’autorité actuellement existante a été créée par la loi en tant qu’organisme professionnel en 1998. Il y a trois mois, elle a été transférée du ministère de l’Égalité au nouveau ministère de Golan.
Golan a rapidement évincé la directrice de l’Autorité chargée de la promotion des femmes, Ayelet Razin Bet Or, ce qui a suscité des critiques de la part des militantes des droits des femmes.