Des manifestants arrêtés avant un rassemblement anti-gouvernement à la Knesset
Frères d'armes est accusé d'avoir prévu d'incendier des véhicules sur la Route 1 ; pour Shikma Bressler, qui a mené le convoi depuis Césarée, le gouvernement doit partir pour la survie de la nation
La police et les manifestants anti-gouvernement se sont affrontés sur la principale autoroute Tel Aviv-Jérusalem lundi matin, alors que des militants à travers le pays avaient donné le coup d’envoi d’une « journée de perturbation » pour marquer le début de l’assemblée d’été de la Knesset, après un long congé parlementaire, largement controversé en temps de guerre.
Les manifestations de lundi se sont principalement axées sur les appels à la démission du gouvernement et à l’organisation d’élections législatives anticipées, en raison de son incapacité à ramener les otages capturés par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre et des désaccords sur la loi relative à l’enrôlement des ultra-orthodoxes– ou haredim.
Les manifestants se sont également mobilisés pour la situation difficile des dizaines de milliers d’habitants du nord et du sud qui demeurent délogés en raison des attaques du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et du Hamas, près de huit mois après, sans aucune indication quant à la date à laquelle ils pourront rentrer chez eux.
En prévision de la principale manifestation de la journée, qui était programmée devant la Knesset à Jérusalem à 17 heures, des convois de véhicules sont partis vers la capitale lundi matin depuis différents points d’Israël, notamment depuis Césarée, où se trouve la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Les convois se sont rejoints en cours de route avant d’arriver à Jérusalem vers 14 heures.
Le groupe de protestation Frères d’armes, l’une des nombreuses organisations anti-gouvernement participant aux manifestations de lundi, a déclaré que treize de ses membres avaient été arrêtés après une altercation avec la police suite à une tentative de blocage de la circulation près du carrefour Shaar Hagaï sur la Route 1, qui sert d’artère principale entre Tel Aviv et Jérusalem.
« Ce matin, nos militants sont arrivés à Shaar Hagaï, sur la route mythique où les convois se frayaient un chemin vers Jérusalem », a indiqué Frères d’armes à propos des affrontements, en référence aux batailles féroces qui ont eu lieu pendant la Guerre d’Indépendance de 1948, lorsque les forces arabes avaient bloqué la route.
Les militants « se tenaient à l’écart, brandissant des photos des otages et des drapeaux israéliens », a ajouté le groupe dans son communiqué. « Les militants sont venus avec d’énormes pancartes qui portent un message clair : l’héritage du gouvernement de destruction restera à jamais gravé dans les mémoires. »
« C’est l’héritage du gouvernement de la destruction. »
« Des otages en enfer, des maisons et des véhicules brûlés, l’abandon des habitants du nord, des pertes de temps avec la loi sur l’évasion [de la conscription haredi], et des jeux politiques aux dépens de nos soldats », poursuit le communiqué.
« Il est temps que le peuple se lève et que le gouvernement de destruction disparaisse. »
À la suite de l’altercation sur la Route 1, la police a déclaré que les manifestants interpellés avaient peut-être l’intention de mettre le feu à des véhicules afin de provoquer une fermeture prolongée de cette artère principale, et a publié des photos de pneus, de jerrycans remplis d’essence, de planches et de chiffons qu’elle a indiqué avoir trouvés dans l’un des véhicules des personnes impliquées.
Frères d’armes a nié l’allégation et, dans une déclaration sur X, a accusé la police de mentir et de procéder à des arrestations sans preuves.
« La police israélienne est devenue un outil politique exécutif d’un gouvernement extrémiste. Nous continuerons à protester de manière déterminée et non violente pour rendre le mandat au peuple. Nous appelons le peuple à se joindre à nous jusqu’à ce que cette Knesset soit dissoute. »
Les manifestations devraient représenter un large éventail de voix, avec la participation de nombreux groupes anti-gouvernement apparus ces dernières années, ainsi que de groupes formés à la suite de l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre et de la guerre qui s’en est suivie dans la bande de Gaza.
Parmi les groupes participants figurent Restart Israel, fondé pour lutter contre la refonte – largement controversée – du système judiciaire prévue l’année dernière ; The Change Generation, fondé à la suite du 7 octobre ; Lohamei Kippur, fondé par des vétérans de la Guerre de Kippour de 1973 ; et Women Wage Peace, co-fondé en 2014 par Vivian Silver, qui a été assassinée par le Hamas le 7 octobre.
Avant le départ pour Jérusalem du convoi, Shikma Bressler, cheffe de file des manifestants opposés à la refonte du système judiciaire et au gouvernement Netanyahu, a lancé un appel à l’action à Césarée.
« Aujourd’hui, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, car nous comprenons que pour que ce pays continue d’exister, ce gouvernement doit être démis », a-t-elle déclaré en brandissant un drapeau israélien sous lequel était noué un ruban jaune pour les otages.
« Notre nation a montré à de multiples reprises au cours de l’Histoire – et assurément au cours de l’année et demie écoulée – que lorsque nous travaillons pour le bien commun, nous nous comprenons et que nous croyons en l’autre et en la justesse du chemin, il n’y a pas une seule chose au monde qui puisse nous arrêter », a-t-elle affirmé.
Afin de s’assurer que la manifestation devant la Knesset ne déborde pas des limites autorisées, des centaines de policiers ont été déployés dans la zone, a rapporté la Douzième chaîne. Cependant, on s’attend à ce que d’autres manifestations non autorisées aient lieu, notamment une marche prévue de la Knesset à la résidence du Premier ministre, rue Azza, lundi soir.
Yaakov Godo, dont le fils Tom Godo a été tué par des terroristes palestiniens du Hamas au kibboutz Kissufim aux premières heures du 8 octobre, alors que les soldats de Tsahal luttaient pour reprendre le contrôle de la situation, s’est exprimé sur la scène principale à l’extérieur de la Knesset lundi après-midi.
Il a été annoncé qu’il serait suivi d’Ayala Metzger, la belle-fille de l’otage du Hamas Yoram Metzger, 80 ans, et par Eyal Yaffe, ancien combattant de la Guerre de Kippour.