Vivian Silver, que l’on pensait enlevée à Beeri, a en réalité été tuée par le Hamas
Plus d'un mois après le massacre du 7 octobre, l'ADN permet d'identifier les restes de la militante pacifiste née au Canada ; son fils a fait pression pour un cessez-le-feu

Vivian Silver, une militante israélienne pour la paix née au Canada, qui avait été présumée enlevée par le groupe terroriste palestinien du Hamas, a été déclarée morte après que ses restes ont été retrouvés à son domicile.
Son décès a été confirmé à la JTA par plusieurs militants qui ont déclaré être en contact avec la famille de Vivian Silver. Shifra Bronznick, éminente militante juive pour la justice sociale et amie de longue date de Mme Silver, a appris par le fils de cette dernière que sa dépouille avait pu être identifiée grâce à son ADN.
« Vivian était toujours à la recherche de la paix et de la justice », a déclaré Mme Bronznick à la JTA lundi soir. « Elle était une féministe de longue date, une activiste engagée, une dirigeante intrépide, une amie exceptionnelle et une mère, une épouse et une grand-mère aimante. »
Jusqu’à lundi, Vivian Silver, 74 ans, était considérée comme faisant partie des quelque 240 personnes retenues en captivité par le Hamas. Elle fait désormais partie des 1 200 personnes assassinées par le groupe terroriste lors de son assaut du 7 octobre contre le sud d’Israël. Les terroristes du Hamas ont tué plus de 100 personnes dans la communauté d’origine de Mme Silver, le kibboutz Beeri, dans l’un des pires massacres de cette sombre journée.
Elle fait partie des nombreux militants pacifistes qui ont été tués ou capturés par le Hamas le 7 octobre. Hayim Katsman, 32 ans, qui travaillait avec des Palestiniens dans le sud de la Cisjordanie, a été tué à son domicile dans une autre communauté à la frontière de Gaza. Yocheved Lifschitz, qui aidait à transporter des Palestiniens de Gaza vers des soins médicaux en Israël, a été faite prisonnière par le Hamas et libérée à la fin du mois d’octobre ; son époux Oded, également impliqué dans des activités de paix, est toujours en captivité.
« Une femme d’une infinie, profonde et constante compassion, d’une grande humanité et d’un dévouement sans faille au partenariat et à la paix entre Arabes et Juifs. Oui. La paix », a écrit Anat Saragusti, écrivaine israélienne et militante féministe, sur les réseaux sociaux dans un message annonçant la mort de Vivian Silver.
« Elle voulait être libre et en paix. Repose en puissance, Vivian », a écrit John Lyndon, directeur exécutif de l’Alliance pour la paix au Moyen-Orient.

Les fils de Mme Silver, comme les membres des familles de nombreuses personnes présumées otages, avaient exercé de nombreuses pressions pour obtenir sa libération, parcourant le pays et s’adressant à des journalistes du monde entier pour attirer l’attention sur son histoire. L’un de ses fils, Yonatan Zeigen, s’est distingué par ses appels au cessez-le-feu, une position inhabituelle en Israël. Il a déclaré que sa mère lui avait appris à rechercher la paix avant tout.
« Je lui disais : ‘Israël est mort. C’est sans espoir’, et elle me répondait : ‘La paix pourrait arriver demain' », selon Yonatan, travailleur social à Tel Aviv, cité dans un article publié la semaine dernière par le Washington Post.
Chen Zeigen, son autre fils, est doctorant en archéologie à l’université du Connecticut. Elle laisse également quatre petits-enfants.
Le jour du massacre, selon l’article du Washington Post, Mme Silver s’était entretenue avec une station de radio où elle s’était opposée à l’idée que les Palestiniens étaient « fous ». Dans ses derniers échanges avec Yonatan, elle exprime sa peur, sa frustration et son amour. Comprenant qu’un massacre était en train de se produire, elle dit à son fils qu’elle l’aime.
« Elle m’a écrit : ‘Ils sont dans la maison, il est temps d’arrêter de plaisanter et de dire au revoir.' »
« Je lui ai répondu : ‘Je t’aime, maman. Je n’ai pas de mots, je suis avec toi' ».
Mme Silver a répondu : « Je te comprends. »
Née à Winnipeg, au Canada, elle a longtemps dirigé le Centre juif arabe pour l’autonomisation, l’égalité et la coopération, qui organisait des projets réunissant des communautés en Israël, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. En 2014, après la dernière grande guerre entre Israël et le Hamas, elle avait participé à la fondation de Women Wage Peace, qui encourage les actions de construction de la paix parmi les femmes de toutes les communautés et de tout l’éventail politique.
S’adressant à Forbes en 2021 dans le cadre d’une série sur les femmes qui viennent en aide aux personnes vulnérables, Mme Silver avait déclaré qu’elle se souvenait avoir ressenti du soulagement après que le gouvernement eut construit des miklatim – abris anti-bombes – dans le kibboutz Beeri, qui était soumis à des tirs de roquettes réguliers depuis Gaza depuis plus d’une dizaine d’années.

« En 2009, le gouvernement [israélien] n’a construit des abris que pour les communautés situées à quatre kilomètres de la frontière. La communauté dans laquelle je vis se trouve à quatre kilomètres et demi de la frontière, nous n’avions donc pas d’abris à l’époque », avait déclaré Mme Silver à Forbes. « Maintenant nous en avons, donc psychologiquement nous nous sentons mieux, et nous nous sentons plus en sécurité. Et en réalité, nous sommes plus en sécurité, nous sommes bien plus en sécurité que les gens de Gaza. »
Lors d’un événement organisé en 2018 par Women Wage Peace à la frontière de Gaza, elle avait déclaré que le gouvernement israélien devait changer d’approche pour apporter la paix dans la région. « Faites preuve du courage nécessaire pour apporter des changements de politique qui nous apporteront la tranquillité et la sécurité », avait-elle alors déclaré, s’adressant au gouvernement. « Le retour à la routine n’est pas une option. »
Elle a lancé un appel aux femmes de l’autre côté de la frontière : « La terreur n’améliore rien pour personne, vous aussi vous méritez le calme et la paix ».
Mme Bronznick a rencontré Mme Silver pour la première fois au début des années 1970, alors qu’elles participaient toutes deux à l’organisation d’une conférence nationale de femmes juives. Elles sont restées amies et, pendant six ans, ont fait un voyage ensemble chaque année – le dernier était à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Lorsque Mme Silver séjournait chez Mme Bronznick, elle préparait un petit-déjeuner israélien, se souvient cette dernière.
« Elle serait en train de plaider passionnément pour la paix en ce moment », a déclaré Mme Bronznick, faisant référence à la guerre d’Israël contre le Hamas, lancée à la suite de l’attentat du 7 octobre. « Elle n’a jamais renoncé à construire des ponts. Elle n’a jamais renoncé à faire changer les choses. Elle n’a jamais abandonné les gens (…). Elle s’est toujours concentrée sur les gens, les enfants, ce qui les motivait, ce qui signifiait quelque chose pour eux. »
Avant le 7 octobre, Mme Silver avait prévu un autre séjour au domicile de Mme Bronznick à New York au début du mois de décembre. En haut de chaque jour du calendrier de Mme Bronznick, elle avait écrit « Viv ».