Des militants de droite bloquent pendant 3 heures l’aide humanitaire destinée à Gaza
Une personne a été arrêtée dans le cadre des efforts renouvelés visant à bloquer l'aide à la bande de Gaza en raison de l'absence d'accord sur les otages avec le Hamas
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Des militants de l’organisation de droite Tzav 9, dont des proches de victimes des attaques commises par le Hamas le 7 octobre, ont bloqué pendant trois heures, jeudi matin, l’aide humanitaire destinée à Gaza qui transitait par le point de passage de Nitzana avec l’Égypte, a indiqué la police.
La police et la police des frontières ont délogé les manifestants par la force au cours de la matinée et ont arrêté un militant. Des images vidéo diffusées par la police plus tard jeudi après-midi ont montré des camions d’aide humanitaire franchissant le point de passage.
La police a déclaré qu’une cinquantaine de militants avaient pris part aux efforts de blocage du point de passage de Nitzana.
L’aide humanitaire qui arrive à Gaza par l’Égypte entre en Israël par le poste-frontière de Nitzana, situé au sud de Gaza, où elle est soumise à un contrôle de sécurité. Elle est ensuite transférée à Gaza par le point de passage de Rafah, à la frontière entre l’Égypte et Gaza, ou par le point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et Gaza.
Les Nations unies et les organisations humanitaires affirment que la faim et la malnutrition sévère sévissent à Gaza, en particulier dans la partie nord du territoire, et mettent en garde contre une famine imminente si la crise n’est pas résolue de manière adéquate.
Israël a récemment pris des mesures destinées à augmenter et à faciliter le transfert de nourriture et d’autres produits de première nécessité dans le territoire, le ministre de la Défense Yoav Gallant affirmant que le plan consiste à « inonder Gaza d’aide ».
Depuis des mois, Tzav 9 s’oppose à l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, arguant que cela dissuade le Hamas d’accepter un accord de libération des otages et qu’une grande partie de l’aide est saisie par le groupe terroriste. Les militants de Tzav 9 ont réussi à bloquer les points de passage de Nitzana et de Kerem Shalom à plusieurs reprises depuis le début de la guerre.
Noga Alfassa, la nièce de Maya Goren, enlevée par le Hamas le 7 octobre et dont la mort a été confirmée mais dont le corps est toujours détenu par le groupe terroriste, a participé à la manifestation de jeudi.
Alfassa a été emmenée de force par la police avec d’autres manifestants au cours de la manifestation de jeudi.
« Apparemment, les gens ne comprennent pas que si nous ne gérons pas cette guerre comme il se doit, personne dans ce pays ne sera à l’abri de la résurgence de groupes terroristes et de massacres dans les années à venir, qu’à Dieu ne plaise », a déclaré Alfassa.
Tzav 9 a également manifesté devant les bureaux de Jérusalem de l’agence d’aide palestinienne UNRWA, en raison des allégations d’Israël selon lesquelles plusieurs de ses employés ont participé aux atrocités du 7 octobre et que des centaines d’entre eux sont affiliés à des groupes terroristes.
« Les ordres donnés aux services de sécurité sont devenus confus », a déclaré Reut Ben Haim, fondatrice de Tzav 9, lors des manifestations de jeudi. « Au lieu de s’opposer au Hamas, on s’oppose à nous, à l’arrêt de l’aide au Hamas. » « C’est de la folie. La seule solution est d’arrêter l’aide », a-t-elle ajouté.
Après la manifestation de jeudi, la police a déclaré qu’elle adoptait une politique de « tolérance et de sensibilité à l’égard des manifestants », mais qu’elle « agirait avec une tolérance zéro » à l’égard de toute personne violant l’ordre public.
Mercredi, Tzav 9 a publié une lettre ouverte au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour protester contre l’augmentation massive de l’aide humanitaire fournie à Gaza. Cette augmentation intervient après que le président américain Joe Biden a averti Netanyahu que la politique américaine sur la guerre changerait fondamentalement si Israël n’augmentait pas l’aide fournie à ce territoire déchiré par la guerre.
« L’aide que vous transférez au Hamas augmente chaque jour, sans qu’un accord [de libération d’otages] ne soit signé », a écrit Tzav 9 à Netanyahu. « Dans la situation actuelle, le Hamas ne sera pas intéressé par un accord, car si vous lui donnez tout gratuitement, il n’y a aucune raison pour qu’il donne quoi que ce soit en retour. »
Jeudi également, le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a souligné les nouveaux efforts déployés par l’armée israélienne pour accroître le flux d’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Hagari a confirmé que les forces israéliennes construisaient un nouveau point de passage pour les marchandises entre Israël et le nord de la bande de Gaza, ce qui, selon lui, faciliterait l’acheminement de l’aide vers le nord de la bande, là où elle est le plus nécessaire.
« Nous construisons un nouveau point de passage terrestre entre Israël et le nord de la bande de Gaza, afin de permettre à davantage d’aide d’être acheminée directement aux civils dans les zones difficiles d’accès pour les camions », a déclaré Hagari.
Il a ajouté que les forces israéliennes « travaillaient également avec des partenaires internationaux » pour acheminer l’aide par le port israélien d’Ashdod, puis à Gaza.
Depuis le début de la guerre, le gouvernement israélien a essentiellement interdit l’acheminement de l’aide à Gaza par Ashdod, la majeure partie étant acheminée par Port Saïd, en Égypte, à quelque 200 kilomètres de là, ce qui, selon les groupes de défense des droits de l’Homme et les organisations humanitaires, a rendu l’acheminement de l’aide plus difficile.
Hagari a déclaré que ces mesures signifieraient que le nombre moyen de camions entrant dans la bande de Gaza pourrait atteindre les 500 par jour. La moyenne journalière en mars était d’environ 160 camions.