Fin des retards de vol ? Une start-up israélienne d’IA va aider à décoller à l’heure

Les retards de vol coûtent chaque année des milliards de dollars aux compagnies aériennes. Et pourtant, les décollages et atterrissages tardifs sont l’une des frustrations les plus courantes des voyageurs aériens, créant un environnement chaotique et de longues files d’attente dans les aéroports.

Alors que la saison des vacances approche à grands pas en Israël et que l’on s’attend à une forte augmentation des voyages, les touristes israéliens devront faire face à de longues files d’attente aux contrôles de sécurité et à l’enregistrement, ce qui entraînera très probablement des retards de vol.

Après une interruption due à la guerre, de nombreux transporteurs étrangers ont repris leurs liaisons vers Israël. L’aéroport Ben Gurion sera donc inévitablement submergé par un grand nombre de voyageurs israéliens pendant les prochaines vacances de Pessah et la haute saison estivale.

Mais que se passerait-il si les perturbations et les retards dans les aéroports pouvaient être réduits d’au moins 50 %, avec des vols partant à l’heure et un embarquement des passagers sans heurts, même pendant les périodes de pointe ? C’est tout l’objectif de la start-up israélienne IntellAct.

Fondée en 2017, cette start-up basée à Jérusalem a développé un logiciel d’analyse vidéo qui s’intègre à la plateforme informatique de n’importe quel aéroport en utilisant l’infrastructure des caméras de vidéosurveillance existante. Le système de surveillance utilise un algorithme de classification vidéo basé sur l’intelligence artificielle (IA) et le big data pour détecter les anomalies de service en temps réel et pour prévoir les retards. Il crée des alertes en temps utile pour les agents d’assistance au sol concernés, le personnel de l’aéroport et des compagnies aériennes en cas de retard de service, ainsi que des plans d’atténuation exploitables pour mettre en œuvre des réponses basées sur les données et résoudre les goulets d’étranglement.

La réduction du nombre de retards de vols devrait avoir un impact sur l’environnement. En minimisant les retards, les compagnies aériennes peuvent réduire la consommation excessive de carburant et les émissions de carbone.

Udi Segall, fondateur et PDG de la start-up israélienne IntellAct. (Crédit : Autorisation)

« Les passagers sont souvent priés de se rendre à l’aéroport trois heures à l’avance, mais ils ne savent pas si leur vol partira à l’heure », a déclaré Udi Segall, fondateur et PDG d’IntellAct, au Times of Israel.

« Nous nous engageons à éliminer l’aspect chaotique, à supprimer le niveau d’incertitude et à fournir aux aéroports et aux compagnies aériennes un environnement fiable et prédictif pour atténuer les retards. »

Selon les données d’Eurocontrol, au cours de l’été 2024, plus d’un tiers des vols ont eu plus de quinze minutes de retard à l’arrivée, soit une augmentation de 5 % par rapport à 2023. En 2023, le retard moyen au départ était d’environ 17,8 minutes par vol, ce qui coûtait la bagatelle de 68 milliards de dollars par an aux compagnies aériennes.

Chaque minute de retard coûte plus de 110 dollars aux compagnies aériennes, selon Segall.

« Au fil du temps, à mesure que notre système collecte et rassemble des données et des informations historiques, il fusionne des algorithmes avancés d’apprentissage automatique et d’analyse vidéo pour identifier les retards récurrents et les risques pour la sécurité, il n’y a donc plus aucune raison d’être surpris. »

« Nous pouvons analyser les tendances concernant le temps nécessaire pour embarquer dans un avion pendant les périodes où davantage de familles avec enfants voyagent, comme pendant les vacances, par rapport aux déplacements professionnels en saison régulière, afin de permettre une planification plus efficace », a-t-il ajouté.

Segall a indiqué que l’un des principaux défis de l’industrie aéronautique et la principale cause des retards de vol était ce que l’on appelle la « gestion des rotations », c’est-à-dire la rapidité avec laquelle les compagnies aériennes et le personnel au sol peuvent préparer un vol entrant pour un vol sortant.

« Il s’agit là d’un sujet sensible, à savoir l’efficacité opérationnelle des compagnies aériennes – ce qui comprend un ensemble de tâches allant du nettoyage de l’avion, au chargement et déchargement du fret, à l’embarquement et au débarquement des passagers, au ravitaillement en carburant, jusqu’au réapprovisionnement des fournitures. C’est là que la visibilité des équipes d’assistance au sol et des compagnies aériennes est limitée », a expliqué Segall.

« Notre système est comme une application de surveillance qui suit chaque étape de la chaîne de processus via les caméras de vidéosurveillance de l’aéroport et il fournit des informations pour formuler des recommandations exploitables et pour améliorer les délais d’exécution des avions, tout comme une application de santé peut faire des recommandations sur ce que vous devriez faire pour vous remettre en forme en surveillant vos mouvements quotidiens. »

« Ainsi, le système aide le personnel de la compagnie aérienne et de l’aéroport à mieux prévoir si un vol partira à l’heure, et leur permet d’améliorer la planification », a-t-il fait remarquer.

L’un des investisseurs d’IntellAct est la compagnie aérienne israélienne El Al, qui a mené un programme pilote « réussi » de son système à l’aéroport Ben Gurion, a déclaré Segall. Parmi les autres investisseurs figurent la plateforme israélienne d’investissement en capital-risque OurCrowd, l’Autorité de l’Innovation israélienne et un fonds anonyme basé aux Émirats arabes unis.

Des voyageurs faisant la queue, dans le hall des départs de l’aéroport Ben Gurion, le 30 mai 2022. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)

Segall a précisé que la start-up avait signé un contrat de plusieurs millions de dollars pour le déploiement commercial de sa technologie dans trois grands aéroports européens afin de surveiller un million de vols par an sur près de 40 millions de vols dans le monde. En outre, la start-up s’est associée au géant des transports et de l’aviation Indra, qui déploie son système dans certains des aéroports les plus fréquentés du monde.

Aux États-Unis, IntellAct travaille avec l’aéroport international de Miami sur un projet pilote visant à tester sa technologie et a réalisé un total de six projets pilotes en Europe et au Moyen-Orient.

« Nous avons un pipeline pour surveiller 4 millions de vols en trois ans », a déclaré Segall.

Interrogé sur la possibilité d’appliquer cette technologie à d’autres domaines, Segall a répondu que le système pourrait également être déployé dans le domaine maritime.