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« Hitler est vivant » : un expert explore les conspirations qui ne mourront jamais

S'appuyant sur les archives du renseignement britannique et américain, un historien s'attaque à la kyrielle de récits absurdes sur la survie du plus grand monstre de l'histoire

A titre d'illustration : Des membres de la police fédérale portent une statue nazie au siège d'Interpol à Buenos Aires, en Argentine, le vendredi 16 juin 2017. Dans une pièce cachée d'une maison près de la capitale argentine, la police a découvert le 8 juin la plus grande collection d'objets nazis de l'histoire du pays. Les autorités disent qu'elles soupçonnent qu'il s'agit d'originaux ayant appartenu à des nazis de haut rang en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. (AP Photo/Natacha Pisarenko)
A titre d'illustration : Des membres de la police fédérale portent une statue nazie au siège d'Interpol à Buenos Aires, en Argentine, le vendredi 16 juin 2017. Dans une pièce cachée d'une maison près de la capitale argentine, la police a découvert le 8 juin la plus grande collection d'objets nazis de l'histoire du pays. Les autorités disent qu'elles soupçonnent qu'il s'agit d'originaux ayant appartenu à des nazis de haut rang en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. (AP Photo/Natacha Pisarenko)

LONDRES – En novembre 1945, l’ambassade britannique à Copenhague informe le ministère des Affaires étrangères qu’une Danoise lui a rapporté le rêve de son ami qu’Adolf Hitler était vivant, déguisé en moine et sans moustache.

A Londres, les fonctionnaires, à juste titre, s’en amusent et font observer qu’“il n’y aura jamais de fin à ce genre d’histoires”.

Comme l’écrit l’universitaire britannique Luke Daly-Groves dans son nouveau livre, « Hitler’s Death » (« La Mort d’Hitler ») – un ouvrage qui vise à réfuter les théories conspirationnistes entourant la mort du Führer – ces paroles se sont avérées quelque peu prophétiques.

Dans les semaines et les mois qui suivent la guerre, les services de renseignement britanniques et américains sont informés de la présence d’Hitler partout dans le monde.

Hitler, prétendait-on, a été vu en Irlande déguisé en femme, en Égypte où il s’est converti à l’islam, dans un café à Amsterdam, dans un train venant de la Nouvelle-Orléans, dans un restaurant de Washington DC et à Charlottesville en Virginie.

Et, fait plus célèbre encore, Hitler vit avec de vieux camarades en Argentine, après, selon certains témoignages, avoir été exfiltré de Berlin, transporté par avion vers une base aérienne allemande au Danemark, puis transporté par sous-marin outre-Atlantique. Le Führer, selon un dossier du FBI, était arrivé à cheval dans son ranch argentin.

« Hitler, à ce stade, aurait sans doute pu écrire l’un des guides de voyage les plus complets du 20e siècle », affirme l’historien avec ironie. « Mais, bien sûr, toutes les preuves disponibles suggèrent que de telles rumeurs étaient absurdes. »

Aussi absurde que cela puisse paraître, 74 ans après son suicide à Berlin et la fin du chapitre le plus sombre de l’histoire de l’humanité, ces rumeurs continuent à alimenter une industrie lucrative de théories conspirationnistes hitlériennes.

« Hitler’s Death » de Luke Daly-Groves. (Autorisation)

Ces dernières années, des livres tels que « Grey Wolf : The Escape of Adolf Hitler » de Simon Dunstan et Gerrard Williams, « Hitler in Argentina : The Documented Truth of Hitler’s Escape from Berlin » de Harry Cooper et « Hunting Hitler  : New Scientific Evidence That Hitler Escaped Nazi Germany » par Jerome R. Corsi, ont tous soutenu l’idée que Hitler n’est pas mort alors que les Soviétiques progressaient vers Berlin, mais qu’il a passé les dernières années de sa vie en Amérique du Sud.

Les livres ont bénéficié d’une large couverture dans les journaux et ont été complétés par des émissions de télévision telles que la série en plusieurs parties de la chaîne History Channel, « Hunting Hitler » (Traquer Hitler).

Cette dernière vague de conspirationnisme a été déclenchée par la révélation en 2009 que des tests ADN avaient montré qu’un morceau de crâne conservé à Moscou que l’on croyait être celui d’Hitler appartenait en réalité à une femme.

Infox soviétiques ?

C’est le comportement soviétique immédiatement après la défaite de l’Allemagne nazie qui a été à l’origine de cette rumeur sans fin. Alors que les officiers soviétiques opérant sous les ordres du maréchal Joukov, qui commandait les forces russes lors de la bataille de Berlin, ont d’abord dit aux journaux occidentaux que le corps d’Hitler avait été retrouvé, Staline les contredit rapidement. Moins d’un mois après la fin de la guerre, le dirigeant soviétique dit à Harry Hopkins, confident intime de l’ancien président Franklin D. Roosevelt, que Hitler est toujours en vie. Quelques jours plus tard, Joukov change de cap et assure que le corps du Führer n’a pas été retrouvé et que celui-ci s’est peut-être échappé.

Les déclarations des Soviétiques gagnent rapidement du terrain à Berlin et commencent à être rapportées dans les journaux alliés. Ainsi, en juillet 1945, les journaux britanniques rapportent les commentaires d’un officier russe selon lesquels un corps calciné découvert par les Soviétiques est « un bien piètre sosie ». De l’autre côté de l’Atlantique, les journaux américains publient des citations attribuées au commandant de garnison russe de Berlin selon lesquelles Hitler s’est « caché quelque part en Europe », le dictateur espagnol, le général Francisco Franco, lui ayant donné un coup de main pour le mettre à l’abri.

Luke Daly-Groves, auteur de « Hitler’s Death ». (Autorisation)

La nature concertée et soutenue officiellement de la campagne soviétique était évidente dans le fait qu’en septembre 1945, tous les journaux russes publient un article affirmant que des officiers des renseignements britanniques étaient à la recherche d’Hitler à Hambourg, l’apparence du Führer aurait apparemment été modifiée par une opération de « chirurgie esthétique ».

Le journal du Parti communiste, la Pravda, publie également des commentaires du maire-adjoint de Berlin qui se dit « convaincu qu’Hitler était vivant ». La persistance des revendications des Soviétiques est telle qu’un mois plus tard, le Commandant suprême allié, Dwight Eisenhower, suggère qu’Hitler est peut-être encore en vie. Le futur président se rétracte rapidement, ce qui n’empêche pas la propagation à grande échelle de cette idée.

Daly-Groves est convaincu que ces interventions soviétiques ont contribué à la persistance de ces théories conspirationnistes.

L’Armée rouge fête sa victoire après la fin des combats pour Berlin en mai 1945. (Bundesarchiv Bild)

« L’une des raisons pour lesquelles ces histoires sont toujours d’actualité est que, dans une large mesure, elles proviennent du gouvernement soviétique, de sorte que d’importants responsables, comme Staline, qui a pris part à la défaite de l’Allemagne nazie, disent croire qu’Hitler aurait pu s’échapper », explique l’auteur au Times of Israël.

Les motifs de Staline ont fait l’objet de nombreuses spéculations de la part des historiens. Certains pensent que le dirigeant soviétique voulait discréditer des rivaux populaires potentiels dans son pays, comme Joukov. Tenter d’accuser l’Espagne et l’Argentine d’avoir abrité Hitler a contribué à saper les ennemis fascistes de Staline à l’étranger. Il a peut-être aussi voulu maintenir l’idée d’une menace continue de la part d’Hitler dans le cadre d’un jeu de pouvoir dans les conflits territoriaux, alors que les Alliés s’installaient dans leurs zones d’occupation en Allemagne.

En effet, certains historiens suggèrent que dans ce premier exemple d’infox, il existe des parallèles avec Vladimir Poutine. Comme l’écrivait récemment l’historien Guy Walters : « Staline était désireux – tout comme son successeur au Kremlin aujourd’hui – de semer la division et la discorde en Occident en laissant entendre que les Britanniques ou les Américains abritaient Hitler ».

Daly-Groves ne conteste la possibilité d’aucun de ces éléments. Cependant, il ajoute un des siens : que le dirigeant soviétique a peut-être été embarrassé par l’enquête bâclée sur la mort d’Hitler menée par ses forces lorsqu’elles ont pris le contrôle de Berlin. Le caractère bancal de cette enquête est illustré par le fait que les premiers Soviétiques à entrer dans le bunker du Führer étaient un groupe de femmes qui ont procédé au vol de la lingerie d’Eva Braun.

« Cela ne fait que donner le ton de l’enquête soviétique », constate Daly-Groves.

Les résultats des tests d’ADN de 2009 peuvent donc simplement indiquer que les enquêtes menées par les Soviétiques dans les jours qui ont suivi la mort d’Hitler ont été plus bâclées qu’on ne le pensait auparavant. Peut-être, spécule-t-il, les soldats que Staline avait chargés de déterminer où se trouvait Hitler étaient trop terrifiés pour dire qu’ils n’avaient pas réussi à récupérer son corps et « ont ramassé la bouillie qu’ils pouvaient trouver devant la sortie du bunker d’Hitler, l’ont mise dans une boîte et ont affirmé qu’il s’agissait bien des corps d’Adolf et Eva Hitler, alors qu’en réalité, il ne restait plus que des dents, de la cendre et un désordre confus, à peine reconnaissable comme étant un ‘corps’. »

Le bunker d’Adolf Hitler avec le toit arraché, le 7 avril 1952. (AP Photo)

Le dossier Trevor-Roper

La campagne de désinformation russe ne s’est cependant pas déroulée sans heurts, la Grande-Bretagne nommant l’historien Hugh Trevor-Roper en septembre 1945 pour mener sa propre enquête sur ce qui s’est passé dans le bunker dans les derniers jours d’Hitler. Tandis que les Soviétiques bloquaient l’accès aux preuves médico-légales (ils ne les ont finalement pas divulguées avant deux décennies), Trevor-Roper a réussi à compiler un dossier de témoignages convaincants selon lesquels Hitler s’était suicidé face à une défaite imminente et que son corps, tout comme celui de Braun, avait été incinéré dans les ruines du jardin de la Chancellerie, sous une pluie d’obus russes.

En raison de cette conclusion, qui a par la suite été publiée dans son best-seller, Trevor-Roper a par la suite été la cible de nombreux théoriciens du complot. Gerrard Williams, co-auteur de « Grey Wolf », par exemple, a déclaré à la télévision britannique en 2011 : « J’ignore pourquoi Hugh Trevor-Roper a été choisi par les services secrets pour réaliser la mort d’Hitler. »

On accuse Trevor-Roper de ne pas être qualifié pour la tâche et son travail, d’être motivé par un désir politique de débarrasser la Grande-Bretagne des insinuations soviétiques selon lesquelles elle aurait hébergé Hitler. Le fait qu’en 1983, il croyait aussi au départ que les fameux journaux intimes d’Hitler – finalement révélés comme étant l’œuvre d’un faussaire allemand – étaient vrais, a également servi à miner la crédibilité de son enquête de 1945.

Mais, selon Daly-Groves, Trevor-Roper était éminemment qualifié pour vérifier si Hitler s’était échappé. Officier très respecté du MI6 qui avait appris l’allemand, il était également connu pour avoir déchiffré un code Abwehr lors d’un raid aérien, alors qu’il prenait un bain.

« Il suffit de lire la biographie de Trevor-Roper pour voir à quel point il était compétent en espionnage et pourquoi il a été choisi », suggère-t-il. « C’était le plus grand expert des services de renseignements allemands à l’époque, et si quelqu’un devait aider Hitler à s’échapper, ce serait bien les services de renseignements allemands, car cela nécessitait une importante opération secrète. »

Daly-Groves croit que les erreurs que Trevor-Roper a commises en 1983 en tant qu’homme âgé à l’époque ne devraient pas avoir une incidence sur son travail de 1945.

L’auteur Frederic V. Grunfeld, (à gauche), tenant un exemplaire de son livre « The Face of Hitler’s Germany », avec Hugh Trevor-Roper, qui a écrit la préface du livre. (Domaine public)

« Ses lettres montrent à quel point il était méticuleux et que ses motivations étaient de découvrir la vérité sur le passé », soutient Daly-Groves. « Il est très clair pour moi que s’il avait des preuves crédibles suggérant qu’Hitler avait fui, il aurait été l’un des premiers à tout faire pour essayer de le capturer ».

L’examen par Daly-Groves des archives du renseignement britannique prouve, selon lui, que les allégations des théoriciens du complot concernant les motivations du Royaume-Uni à nommer Trevor-Roper sont loin d’être fondées. La Grande-Bretagne tenait à étouffer les rumeurs selon lesquelles Hitler se cachait dans sa zone, parce qu’elle croyait que cela risquait d’amoindrir les perspectives de coopération avec les Russes dans l’après-guerre.

Il s’agissait également d’éviter qu’un « mythe hitlérien » – fondé sur l’idée qu’il était vivant ou qu’il était mort héroïquement – ne se développe. On craignait qu’un tel mythe n’entrave la dénazification en Allemagne et qu’il ne serve aussi à encourager les efforts de résistance nazis de dernière minute et, plus tard, les mouvements clandestins néo-nazis.

Enfin, les Britanniques voulaient que la vérité sur la mort d’Hitler soit consignée pour la postérité.

« Le livre est destiné à l’histoire plutôt qu’à la propagande », a expliqué Trevor-Roper aux chefs du renseignement à Londres.

Le revers de la médaille de la recherche de la vérité

Cependant, Trevor-Roper était aussi pleinement conscient que la vérité entourant la mort d’Hitler – au moment même où de jeunes garçons et des vieillards donnaient leur vie et où des déserteurs étaient exécutés sans merci par ses partisans fanatiques – agirait elle-même comme « la meilleure… forme de propagande ».

Le prétendu « Führerbunker » dans le jardin de la Chancellerie du Reich, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. (Bundesarchiv bild)

L’analyse par Daly-Groves des dossiers du renseignement militaire américain indique que les motivations des Américains pour aider Trevor-Roper dans son enquête concordaient largement avec celles de la Grande-Bretagne. Les Etats-Unis, y était-il écrit, espéraient obtenir d’autres documents utiles pour « démystifier… de nombreux mythes hitlériens » et acquérir « les connaissances nécessaires pour dénoncer les faussaires qui pourraient, à un âge avancé, prétendre être Hitler ou l’avoir vu ou discuté avec lui ».

Toutefois, c’est l’ouverture récente de dossiers britanniques et américains restés jusque-là secrets qui a peut-être servi de plus grand coup de pouce aux théories du complot des temps modernes.

« Dans ces dossiers, il y a des milliers de pistes », raconte un vétéran de la CIA au programme « Chasser Hitler », tandis qu’un narrateur affirme plus tard avec enthousiasme que « des centaines de documents du FBI situent Hitler en Argentine. »

Le fait même que les enquêtes aient eu lieu est également utilisé par certains auteurs qui prétendent que la vérité sur la survie d’Hitler a été dissimulée. « Si Adolf Hitler s’est suicidé à Berlin, s’interroge-t-on, pourquoi les services d’espionnage internationaux le recherchaient-ils encore au milieu des années 1950 ? »

« Ce qui est différent avec ces théories conspirationnistes », explique Daly-Groves, « c’est qu’elles disent que nous avons des preuves écrites que Hitler s’est échappé et les preuves dont elles parlent sont les enquêtes menées par les services britanniques et américains dans l’après-guerre sur sa survie ».

Mais en examinant une multitude de dossiers de renseignements britanniques et américains – dont certains ont été récemment déclassifiés – Daly-Groves pense avoir remis ces documents dans leur contexte. Il a examiné les motivations des enquêteurs, ainsi que leurs points de vue initial et leurs conclusions.

« La raison pour laquelle ils enquêtaient sur ces histoires dans les années 40 et 50 n’était pas parce qu’ils croyaient qu’Hitler avait pu s’échapper, mais plutôt parce qu’ils se préoccupaient souvent de savoir qui répandait ces rumeurs et pourquoi ils le faisaient », indique Daly-Groves.

A titre d’illustration : Des membres de la police fédérale portent une statue nazie au siège d’Interpol à Buenos Aires, en Argentine, le vendredi 16 juin 2017. Dans une pièce cachée d’une maison près de la capitale argentine, la police a découvert le 8 juin la plus grande collection d’objets nazis de l’histoire du pays. Les autorités disent qu’elles soupçonnent qu’il s’agit d’originaux ayant appartenu à des nazis de haut rang en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. (AP Photo/Natacha Pisarenko)

Une enquête menée en 1949, par exemple, a révélé que les histoires selon lesquelles Hitler avait survécu étaient une source d’inspiration pour l’activité néo-nazie en Allemagne occupée.

Les services de renseignement espéraient aussi, ajoute-t-il, que leurs enquêtes les aideraient à retrouver d’autres nazis qui s’étaient effectivement enfuis en Argentine.

Daly-Groves cite l’une des enquêtes les plus longues et les plus importantes menées par la Division du renseignement des forces d’occupation britanniques en Allemagne. Pendant six mois en 1948, celle-ci a étudié les affirmations du capitaine de la Luftwaffe, Peter Baumgart, selon lesquelles il avait mis Hitler et Braun à l’abri au Danemark le 28 avril 1945, s’arrêtant pour la nuit à Magdebourg en raison des bombardements des Alliés. Lors de son procès pour crimes de guerre en Pologne en décembre 1947, l’histoire de Baumgart fut rapportée dans les journaux du monde entier.

Les services secrets britanniques traquèrent les pilotes de la Luftwaffe stationnés à Berlin et à Magdebourg au cours du dernier mois de la guerre. Ils contestèrent tous les affirmations de Baumgart. Après avoir établi que Magdebourg était tombée entre les mains des Américains 10 jours plus tôt, l’enquête britannique conclut sans détour : « Baumgart ment. »

Mais cela n’a pas empêché « le témoignage devant le tribunal de Varsovie du pilote qui les a fait sortir » d’être cité par l’un des auteurs de « Grey Wolf » pour soutenir son affirmation selon laquelle Hitler et Braun s’étaient échappés en Argentine. En effet, Daly-Groves croit que c’est la marque de fabrique de nombreux théoriciens du complot que, bien qu’ils soient heureux de citer les rumeurs dans les dossiers de renseignement anglo-américains, ils citent rarement, voire jamais, les conclusions qui les réfutent.

Daly-Groves n’est pas non plus impressionné par la suggestion des théoriciens du complot selon laquelle « des centaines de dossiers du FBI localisent Hitler en Argentine. »

« Il y a des dossiers qui concernent les rumeurs de survie d’Hitler, [mais] ces récits d’Hitler en Argentine sont classés à côté de documents qui le placent dans le monde entier », explique-t-il. « Ce que font les théoriciens du complot, c’est d’ignorer ces rapports selon lesquels Hitler aurait été vu au Canada, au Japon, à New York et ailleurs, et ils passent en revue ces dossiers et choisissent ceux qui disent [il est en] Argentine parce qu’ils y voient manifestement une théorie plus plausible à vendre, car les autres Nazis se sont enfuis en Argentine ».

Frank Collin, (au centre), chef du Parti national-socialiste d’Amérique, à Rockwell Hall, siège du groupe à Chicago, le 22 juin 1978. (AP Photo/Fred Jewell)

De plus, les fichiers de renseignements mettent en lumière les motivations de ceux qui rapportent et répandent des rumeurs sur la survie d’Hitler : le désir de gagner de l’argent, de décrocher un emploi ou de faire connaître ses produits. Désireux de vendre des journaux, de nombreux journalistes et rédacteurs en chef – comme ils le font toujours – étaient heureux de faire preuve de connivence avec de tels récits. Il y a sans aucun doute eu aussi des cas où la maladie mentale a joué un rôle. Plus sinistre, certaines rumeurs ont été répandues pour des raisons idéologiques par ceux qui voulaient attiser les braises du régime nazi et relancer l’extrême droite dans la nouvelle Allemagne de l’Ouest démocratique.

Preuves « irréfutables et exhaustives »

Daly-Groves conclut son livre en affirmant qu’il ne « fait aucun doute raisonnable » qu’Hitler s’est suicidé alors que Berlin était en flammes le 30 avril 1945. Qu’est-ce qui le rend si sûr de lui ? Les preuves, affirme-t-il, sont « irréfutables et exhaustives ».

Il y a les propos du dictateur lui-même, contenus dans son testament, qui indiquaient explicitement que lui et Braun avaient choisi de mourir dans la capitale du Reich.

Il y a les dents et la mâchoire du Führer, qui se trouvent aujourd’hui dans les archives de Moscou. Elles ont d’abord été identifiées pour le compte des Russes par deux dentistes d’Hitler. Pas plus tard que l’an dernier, une équipe de médecins légistes a comparé les restes aux dossiers produits par ses dentistes. Encore une fois, la conclusion était claire : malgré l’affirmation de certains théoriciens du complot que le corps brûlé dans le bunker était celui d’un double, les dents à Moscou sont celles d’Hitler.

Les dents d’Adolf Hitler. (Archives d’État russes)

Mais ce qui est peut-être le plus incontestable, c’est le récit de nombreux témoins oculaires. Selon Daly-Groves, l’un des interrogatoires « les plus importants » menés pour le rapport de Trevor-Roper était celui d’Hermann Karnau, un garde en service à l’extérieur du bunker le jour de la mort de Hitler.

Eloigné de la Chancellerie pendant un temps par les SS, il revint voir les corps en flammes d’Hitler et de Braun « à deux mètres de la sortie de secours ». Daly-Groves publie pour la première fois une esquisse qu’il a fournie aux enquêteurs de l’endroit où le couple avait été enterré – qui correspond parfaitement aux croquis similaires des documents soviétiques. Un autre garde interrogé par des agents du renseignement a corroboré le témoignage de Karnau.

« Ce qui est si convaincant dans ces dépositions de témoins oculaires », selon Daly-Groves, « c’est que beaucoup d’entre eux sont circonstanciés. »

A part Karnau, par exemple, un autre témoin a entendu un appel téléphonique au cours duquel le garde du corps d’Hitler, Otto Günsche, a ordonné au chauffeur du Führer, Erich Kempka, d’apporter 200 litres de carburant dans le bunker.

« Des gens qui n’étaient pas censés voir et entendre des choses ont vu et entendu des choses », affirme Daly-Groves. « Tout concorde. »

On ne peut peut-être pas en dire autant des récits d’Hitler errant à cheval à travers l’Argentine, sirotant du café à Amsterdam ou voyageant en train dans le Grand Sud américain, avec lesquels les services secrets britanniques et américains ont dû lutter pendant les jours, semaines et mois suivant son décès.

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