Israël remet un élu jordanien qui aurait introduit plus de 200 armes en Cisjordanie
Le Shin Bet affirme qu'Imad al-Adwan a fait passer des produits de contrebande, dont des armes à feu, à 12 reprises depuis février 2022 en utilisant son passeport diplomatique
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Un parlementaire jordanien, arrêté le mois dernier par les autorités israéliennes pour avoir tenté d’introduire clandestinement plus de 200 armes à feu en Cisjordanie, a été libéré dimanche pour être renvoyé et jugé dans son pays.
L’agence de sécurité intérieure du Shin Bet a déclaré que le député Imad al-Adwan, arrêté au poste-frontière du pont Allenby le 22 avril, avait été remis aux autorités jordaniennes pour « complément d’enquête et poursuites judiciaires ».
Al-Adwan a été arrêté avec 194 armes de poing et 12 fusils d’assaut au poste-frontière d’Allenby alors qu’il se rendait en Cisjordanie en voiture.
Selon l’enquête du Shin Bet, Al-Adwan avait fait passer en contrebande divers types de produits en Cisjordanie à 12 reprises à partir de février 2022. Les marchandises illégales comprenaient des oiseaux, des cigarettes électroniques et de l’or.
Cette année, al-Adwan a fait passer des armes à feu en Israël à plusieurs reprises avant d’être arrêté en avril, selon le Shin Bet.
L’enquête a révélé qu’al-Adwan effectuait la contrebande en utilisant son passeport diplomatique et qu’il recevait « d’importantes sommes d’argent ». Les autorités jordaniennes ont arrêté un certain nombre de suspects impliqués dans ce trafic, a indiqué le Shin Bet.
Footage shows the arms allegedly seized from a Jordanian parliament member at the Allenby Crossing pic.twitter.com/VZPY6IHhlM
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) April 23, 2023
Al-Adwan a été remis aux autorités jordaniennes dimanche, bien qu’Israël et la Jordanie n’aient pas conclu d’accord d’extradition.
Israël a tenté d’éviter d’imputer directement à Amman la responsabilité de la tentative de contrebande présumée. « Je ne pense pas que cet épisode soit lié à la Jordanie en général, mais à un acte criminel irresponsable », a déclaré le mois dernier le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, dans une interview accordée au média Ynet. « Je ne veux pas imputer la culpabilité à l’ensemble du gouvernement ou du Parlement. »
Ces derniers mois, la Cisjordanie a été le théâtre d’une flambée de violence et d’attaques terroristes, favorisée par un afflux d’armes illégales, dont de nombreux fusils passés en contrebande depuis la Jordanie.
L’incident est survenu dans un contexte de tensions déjà élevées entre Amman et Jérusalem, notamment au sujet du mont du Temple.
Selon la chaîne publique israélienne Kan, le ministre des Affaires étrangères Ayman Safadi a refusé de répondre aux appels de son homologue Cohen après l’annonce de l’incident.
En avril, un haut fonctionnaire israélien a déclaré, sous couvert d’anonymat, au site d’information Walla que la conduite et les déclarations récentes de Safadi avaient exacerbé la crise dans les relations bilatérales, ajoutant qu’il « agissait comme un [Itamar] Ben Gvir jordanien » – une référence au ministre israélien de la Sécurité nationale d’extrême-droite, dont la conduite et les politiques ont été largement considérées comme contribuant à des frictions croissantes avec les États-Unis et d’autres pays.
Lazar Berman a contribué à cet article.