Israël en guerre - Jour 345

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Opinion

L’attente

Après une semaine, il est encore difficile de dire comment l'Iran et le Hezbollah répondront à l'humiliation de l'assassinat, devant leur nez, de deux chefs terroristes - peut-être parce qu'ils n'ont encore rien décidé * L'aveuglement volontaire face au Hamas

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Des terroristes du groupe chiite libanais du Hezbollah effectuant un exercice d'entraînement dans le village d'Aaramta, dans le district de Jezzine, au sud du Liban, le 21 mai 2023. (Crédit : Hassan Ammar/AP)
Des terroristes du groupe chiite libanais du Hezbollah effectuant un exercice d'entraînement dans le village d'Aaramta, dans le district de Jezzine, au sud du Liban, le 21 mai 2023. (Crédit : Hassan Ammar/AP)

Une semaine entière après l’assassinat, par Israël, du numéro 2 du Hezbollah Fuad Shukr dans une frappe ultra-précise à Beyrouth et une semaine après la mort, quelques heures plus tard, du dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh, dans une attaque israélienne présumée toute aussi précise à Téhéran, c’est tout Israël qui se prépare à une riposte majeure de la part du régime iranien et de ses proxies, riposte dont la menace a été mille fois répétée.

Je devrais parler de la majorité des Israéliens, en fait. Des dizaines de milliers de ressortissants sont actuellement bloqués à l’étranger après que les transporteurs aériens, en grand nombre, ont annoncé ne plus assurer leurs liaisons vers le pays. Non en raison d’éventuelles directives émises par les autorités chargées de l’aviation en Israël ou par l’Autorité de l’aviation fédérale des États-Unis ou d’autres encore, il faut le noter. Israël, en réalité, est suffisamment responsable pour procéder à la fermeture de son espace aérien quand cela s’avère nécessaire, comme le pays l’avait d’ailleurs fait au mois d’avril quand l’Iran avait, pour la toute première fois, directement attaqué le territoire en lançant, comme on le sait maintenant, environ 500 drones, missiles et autres roquettes.

Alors que les Libanais qui ont la possibilité de pouvoir le faire sont en train de prendre la fuite, craignant une escalade susceptible de dégénérer en guerre ouverte, il faut aussi remarquer que les Israéliens, pour leur part, n’ont qu’un seul désir désespéré : celui de pouvoir rentrer chez eux.

Au vu de la rhétorique brutale qui émerge depuis Téhéran et Beyrouth, la situation actuelle de « pré-riposte » est loin d’être pacifique. Le Hezbollah continue à tirer des dizaines de projectiles en direction d’Israël – vers des cibles militaires mais aussi vers des cibles civiles – des frappes qui ont un effet dévastateur. Dans l’état actuel des choses, « nous vivons dans l’ombre du Hezbollah », a reconnu Moshe Davidovich, à la tête du Conseil régional d’Asher qui est aussi le président du Forum de la Ligne de front des Conseils régionaux des régions du nord du pays, dans un entretien accordé à la radio militaire dans la matinée de mercredi. Il y a vingt-quatre heures encore, une attaque au drone du Hezbollah avait grièvement blessé un Israélien et touché 18 autres personnes qui se trouvent, pour leur part, dans un état léger à modéré. Davidovich a aussi révélé que le ministre des Affaires sociales, Yaakov Margi, venait tout juste d’annuler une visite très nécessaire dans sa région « parce que c’est trop dangereux ».

Et le Hamas fait de son mieux – même s’il a perdu des capacités – pour frapper l’État juif depuis Gaza, prenant une nouvelle fois pour cible les communautés proches de l’enclave.

Pour sa part, Hassan Nasrallah, le dirigeant malfaisant du Hezbollah, a fait remarquer, dans son dernier discours – qu’il a prononcé mardi matin – que l’incertitude qui règne au sujet de ce que nos ennemis ont l’intention de faire dans le cadre de leurs représailles faisait partie de ce qu’il a qualifié de « châtiment » . Un « châtiment », a-t-il évité de préciser, qui viendra s’abattre sur Israël qui a eu la seule témérité de tuer des personnalités de premier plan dont toute l’existence aura été vouée à notre anéantissement.

Des Yéménites brandissant des drapeaux et des pancartes à l’effigie du commandant de la branche armée du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, Fouad Shukr, tué lors d’une frappe israélienne, et du chef du bureau politique du groupe terroriste palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh, lors d’un rassemblement à Sanaa, la capitale contrôlée par les Houthis, le 2 août 2024. (Crédit : Abdallah Adel/AFP)

Une incertitude qui serait quelque peu moins importante si le gouvernement israélien devait afficher à l’égard du public ne serait-ce qu’une once d’empathie, s’il tentait de le rassurer. Mais comme c’est le cas également en matière de diplomatie publique – avec l’absence de tout mécanisme cohérent expliquant contre quoi se défend Israël au monde qui l’entoure – la communication humaine la plus basique entre le gouvernement et le citoyen brille par son inexistence. Le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, continue à apparaître régulièrement devant les citoyens et il a promis que ces derniers seraient informés en temps et en heure si une attaque semblait être imminente. En revanche, aucun semblant d’ouverture humaine élémentaire de la part des responsables politiques – en contradiction avec leurs proclamations grandioses d’unité et les promesses de victoire imminent.

Au moment même où j’écris cette Opinion, l’establishment israélien de la sécurité ignore, en fait, comment l’Iran et le Hezbollah vont répondre à l’humiliation qui a été entraînée par l’élimination, devant leur nez, de deux chefs terroristes – peut-être, mais ce n’est pas sûr, parce que l’Iran et le Hezbollah ne l’ont pas encore décidé.

Il ne manque très certainement pas de cibles – et on peut espérer qu’Israël a pris en compte tous les scénarios, même les plus improbables – et nos capacités sont très puissantes. Mais que dire des conséquences ?

Après l’attaque largement ratée du mois d’avril, l’Iran ne voudra pas connaître une nouvelle humiliation, en particulier parce que la république islamique a juré que ces frappes, cette fois-ci, auraient beaucoup plus d’envergure. Les États-Unis tentent de renforcer la dissuasion contre les attaques. Et le guide suprême iranien, Ali Khamenei, reconnaît, tout comme Nasrallah, qu’Israël ripostera à son tour – pas seulement en fonction des attaques qu’ils auront menées, mais aussi en fonction du résultat escompté.

Ismael Haniyeh, chef du groupe terroriste Hamas (au centre, en chemise blanche), entouré de législateurs, fait le signe de la victoire lors de la cérémonie de prestation de serment du nouveau président iranien, au parlement de Téhéran, le 30 juillet 2024, quelques heures avant qu’il ne soit tué. (Crédit : AFP)

On a également beaucoup parlé d’une éventuelle attaque préventive israélienne, qui viserait principalement le Hezbollah. Mais Israël est bien trop conscient qu’il ne dispose pas du soutien de la communauté internationale pour mener une attaque préventive majeure – le monde entier, y compris les États-Unis, appelle à la désescalade – et sait que le Hezbollah a consacré les dix derniers mois à se préparer à une guerre plus intense contre Israël.

En revanche, des frappes préventives ciblées pour contrer des attaques spécifiques ne sont certainement pas à exclure.

Des terroristes du Hezbollah effectuent un exercice d’entraînement dans le village d’Aaramta, dans le district de Jezzine, au Sud-Liban, le 21 mai 2023. (Crédit : Hassan Ammar/AP)

Le ministre de la Défense Yoav Gallant reste convaincu qu’Israël aurait dû attaquer le Hezbollah immédiatement après l’invasion et le massacre du Hamas le 7 octobre, comme il l’avait recommandé à l’époque. Selon lui, le soutien international aurait été à son apogée, et le Hezbollah était loin d’être prêt à réagir. Cependant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu en a décidé autrement.

Les relations entre Gallant et Netanyahu restent tendues. Toutefois, il serait impensable que Netanyahu le limoge à nouveau, comme il l’avait brièvement fait en mars 2023 et comme de nombreuses rumeurs le suggèrent. Limoger Gallant priverait Netanyahu du dernier général expérimenté de son équipe de dirigeants, surtout après le départ des anciens chefs d’état-major de Tsahal, Benny Gantz et Gadi Eisenkot (HaMahane HaMamlahti), de la coalition d’urgence en juin dernier. Une telle action devrait être impensable.

Les États-Unis n’auraient pas été informés à l’avance du plan visant à éliminer Haniyeh et auraient été furieux de n’avoir été informés qu’après-coup, cependant Israël n’a jamais caché sa volonté de supprimer les dirigeants du Hamas, où qu’ils se trouvent, et Netanyahu a répété à plusieurs reprises sa conviction que plus le Hamas serait faible, plus les chances de parvenir à un accord sur la question des otages seraient élevées.

CNN a diffusé cette semaine un reportage affirmant connaître les capacités militaires actuelles du Hamas. Selon ce reportage, la raison pour laquelle Tsahal ne lance pas de frappes massives contre les bataillons du Hamas au centre de la bande de Gaza est la crainte que les otages ne soient détenus dans cette zone. Cependant, la conclusion selon laquelle la machine de guerre de Sinwar, dans le reste de la bande de Gaza, serait en bien meilleur état que ce qu’Israël voudrait faire croire au monde n’est pas entièrement exacte Le premier sous-titre du reportage de CNN est loin d’en renforcer la crédibilité.

Le chef du groupe terroriste du Hamas, Ismail Haniyeh, embrasse le prisonnier libéré Yahya Sinwar, un fondateur de l’aile militaire du Hamas, alors que les partisans du Hamas célèbrent la libération de centaines de prisonniers à la suite d’un échange contre le soldat israélien kidnappé Gilad Shalit, le 21 octobre 2011 à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. (Crédit : Abed Rahim Khatib / Flash 90)

Pendant ce temps, ceux qui croyaient à tort qu’il existait une différence entre le Hamas d’Ismaïl Haniyeh, parfois décrit de manière absurde comme modéré et pragmatique, et celui de Yahya Sinwar, l’architecte direct du 7 octobre, le groupe terroriste génocidaire vient de lever toute confusion potentielle. Après avoir remplacé Haniyeh à la tête du Hamas à Gaza en 2017, Sinwar a été nommé pour lui succéder à la tête de son absurde « bureau politique », devenant ainsi le chef suprême du groupe.

Seuls ceux qui refusent de voir la réalité peuvent encore douter des objectifs du Hamas. Ce groupe a ouvertement affirmé sa volonté de détruire Israël et a démontré, il y a dix mois, qu’il était sérieux dans ses intentions. La tragédie pour Israël est qu’avant le 7 octobre, beaucoup étaient volontairement aveugles à cette menace.

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