Le leader des manifestations anti-Israël à Columbia saperait les efforts pour mettre un terme à la guerre, selon Washington
Le New York Times rapporte qu'une note rédigée par Marco Rubio indique, sans preuves, que Mohsen Mahdawi a eu recours à une « rhétorique menaçante et à l'intimidation de passants pro-israéliens »

Mohsen Mahdawi, le leader palestinien des manifestations étudiantes anti-Israël qui a été arrêté lundi lors d’un rendez-vous qui portait sur son obtention de la citoyenneté américaine, devrait être expulsé parce que son activisme porterait atteinte aux efforts visant à mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, a soutenu le secrétaire d’État Marco Rubio dans une note.
L’argument contenu dans la note, qui a été rédigée le mois dernier et qui a été obtenue par le New York Times, est venu s’ajouter aux justifications offertes par Rubio et d’autres responsables de l’administration Trump dans leurs tentatives d’expliquer les raisons pour lesquelles ils cherchent à expulser les militants pro-palestiniens étrangers.
La note cite la même loi de l’époque de la Guerre froide que Rubio avait utilisée pour soutenir qu’un autre militant pro-palestinien de Columbia, Mahmoud Khalil, pouvait être expulsé dans la mesure où ses activités sur le campus entraient en contradiction avec la politique étrangère des États-Unis en matière de lutte contre l’antisémitisme. Un juge avait accepté l’argument avancé par Rubio après une audience qui avait été qualifiée par les avocats de Khalil de « farce de procédure régulière ».
Mahdawi et Khalil étaient des figures de proue de la coalition de manifestants opposés à Israël au sein de Columbia, le Columbia University Apartheid Divest (CUAD).
Le groupe a organisé des manifestations sur le campus qui ont inclus des actes de harcèlement à l’égard des étudiants juifs, un campement non autorisé, des prises de contrôle de bâtiments, des affrontements avec la police et des dommages matériels. Le CUAD a appelé à « l’éradication de la civilisation occidentale », distribué des documents du Hamas sur le campus, soutenu des appels à la violence contre les « sionistes » et déclaré que « la violence est la seule voie possible ».
La note concernant Mahdawi, selon l’aticle du New York Times, évoque un autre objectif de politique étrangère qui, selon Rubio, aurait été compromis par le manifestant : la fin de la guerre à Gaza.

Le président Donald Trump a déclaré qu’il souhaitait que la guerre entre Israël et le Hamas prenne fin, et il a fait pression sur les parties en lice pour qu’elles concluent un cessez-le-feu et un accord ouvrant la porte à la libération des otages peu après son entrée en fonction. Un cessez-le-feu qui a finalement pris fin le 18 mars – quelques jours après que Rubio a déposé la note sur Mahdawi. Les responsables israéliens ont remercié Trump d’avoir autorisé la reprise des combats.
La note accuse également Mahdawi d’avoir opté pour une « rhétorique menaçante avec des actes d’intimidation à l’égard de passants pro-israéliens », selon l’article, qui précise que la note n’apporte aucune preuve de cette affirmation.
Mahdawi, qui est né et qui a grandi dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, s’était élevé contre la rhétorique antisémite lors d’un rassemblement à Columbia au mois de novembre 2023, a rapporté à l’époque le journal étudiant Columbia Spectator. Il avait également dénoncé les discours antisémites des manifestants pro-palestiniens lors d’une apparition dans l’émission « 60 Minutes » en décembre 2023.
Des étudiants juifs et israéliens ont déclaré au journal israélien Haaretz qu’ils avaient perçu Mahdawi comme un bâtisseur de ponts favorisant le dialogue entre les groupes d’étudiants de part et d’autre du mouvement de protestation de Columbia.
« Il a parlé de la souffrance des Palestiniens, mais aussi de l’importance de comprendre le traumatisme juif, la Shoah et le bilan intergénérationnel de la violence », a commenté Sahar Bostock, doctorante israélienne à Columbia, auprès du journal. « Il a dit qu’il fallait en tenir compte pour avoir une chance de parvenir à la paix. »

Pour sa défense, les avocats de Mahdawi invoquent ses relations avec des étudiants palestiniens et israéliens. Il bénéficie également du soutien de représentants du Vermont, où il vit, notamment de l’appui du sénateur Bernie Sanders et de la représentante Becca Balint, qui sont juifs.
Des centaines de membres de Jewish Voice for Peace, un groupe antisioniste, se sont mobilisés pour la libération de Mahdawi et d’autres étudiants militants lundi devant un bureau de l’ICE à New York.
Son arrestation est intervenue après que des groupes pro-israéliens d’extrême-droite ont fait pression contre Mahdawi auprès des autorités. La note de Rubio est daté de quelques jours avant que Betar, l’un de ces groupes, ne déclare qu’il avait « des raisons de croire » que Mahdawi était « sur la liste restreinte de ceux qui seront bientôt expulsés ».