Le shekel chutant face au dollar, la Banque d’Israël prête en masse aux banques
Cette mesure de la Banque centrale vise à injecter des liquidités et à soutenir la monnaie israélienne alors que la pandémie frappe les marchés mondiaux

La Banque d’Israël a annoncé mercredi qu’elle allouerait jusqu’à 15 milliards de dollars pour des opérations d’échange entre devises pour les banques nationales, dans le cadre d’une initiative visant à soutenir l’économie israélienne mise à mal par la pandémie de coronavirus.
Cette mesure vise à injecter des liquidités sur le marché des devises étrangères et à soutenir le shekel dans sa chute face au dollar en pleine crise économique mondiale.
Les fonds proviendront des réserves de devises étrangères de la Banque d’Israël, qui s’élèvent à environ 130 milliards de dollars et que la banque a accumulées ces dernières années.
La pandémie de coronavirus a ébranlé les marchés mondiaux alors que les restrictions gouvernementales engendrent une baisse des dépenses, des fermetures d’entreprises, la limitation des mouvements, les craintes des consommateurs et la chute des marchés boursiers.
Lundi, la banque a procédé à un échange de dollars contre des shekels avec des banques nationales pour fournir des liquidités en dollars au secteur bancaire israélien, pour un montant non spécifié.
« La Banque d’Israël continuera à mettre en œuvre cet instrument aussi longtemps que les pressions sur les liquidités en dollars resteront si élevées », a déclaré la banque dans un communiqué.

Le secteur bancaire a connu une pénurie de dollars ces derniers jours. Le shekel a baissé d’environ 10 % par rapport à la devise américaine ce mois-ci.
La pénurie de dollars est en partie due au fait que les entreprises internationales retirent des fonds vers d’autres pays.
La banque a déclaré qu’elle disposait d’autres outils pour renforcer la stabilité des prix, la politique économique du gouvernement et la stabilité du système financier.
Mercredi également, l’Association israélienne des sociétés cotées en bourse, une organisation à but non lucratif qui représente des centaines d’entreprises publiques en Israël, a appelé la Banque d’Israël à prendre davantage de mesures pour stabiliser le marché.
« La Banque d’Israël doit agir immédiatement et commencer à acheter des obligations et des actions de sociétés », a déclaré Ilan Flato, directeur de l’organisation. « Nous sommes au cœur de l’une des crises économiques les plus graves de l’histoire, et le gouvernement israélien ne prend pas de mesures significatives pour stabiliser le marché des capitaux ou répondre au problème de liquidités ».
Il a également averti que des dizaines d’entreprises publiques en Israël pourraient s’effondrer et que des dizaines de milliers de travailleurs seraient licenciés.
« Nous ne sommes probablement que dans la première phase de la crise, qui, contrairement à la crise de 2008, est réelle et pas seulement financière », a mis en garde Ilan Flato.

La Bourse de Tel-Aviv s’est effondrée ces dernières semaines. L’indice TA-35 de la bourse a chuté de plus de 30 % au cours du mois dernier, dont une baisse de 6,7 % mercredi.
Aux États-Unis, l’indice S&P 500 a chuté de plus de 29 % au cours du mois dernier.
La Banque d’Israël s’est abstenue de réduire les taux d’intérêt, malgré la réduction des taux à près de zéro par la Réserve fédérale américaine en réponse à la crise. Le taux de la Banque d’Israël s’élève à 0,25 %.
La Banque centrale israélienne et les banques de détail ont également annoncé dimanche des mesures visant à atténuer les dommages causés à l’économie par la pandémie de coronavirus.
La banque achètera des obligations d’État et proposera des opérations de mise en pension aux institutions financières israéliennes, en utilisant des obligations d’État comme garantie. La banque n’a pas précisé le montant des transactions prévues, se contentant de dire qu’elle achèterait des obligations « dans les quantités nécessaires ».
Les banques de détail adapteront leur politique pour soutenir le secteur des affaires et le grand public à la demande de la Banque d’Israël. Les nouvelles mesures d’assouplissement visent en particulier les petites et moyennes entreprises, qui dépendent fortement du crédit bancaire.
Les banques offriront un report de quelques mois pour les remboursements des crédits, accorderont des prêts aux petites et moyennes entreprises qui connaissent des problèmes de liquidités, des services numériques élargis pour les transactions à distance et des services de messagerie pour les clients en quarantaine.
Le Bureau du Travail israélien a observé une hausse des demandes d’indemnité chômage ces dernières semaines alors que la pandémie de coronavirus sème le chaos sur l’économie nationale et les marchés internationaux.
Depuis début mars, alors que le virus commençait à s’implanter en Israël, quelque 180 000 Israéliens se sont inscrits au chômage, soit 7,5 fois plus que le nombre d’inscrits en février.
L’institut de Sécurité sociale national s’attend à ce qu’entre 500 000 et 1,2 million d’Israéliens se retrouvent au chômage à cause de la crise, a estimé le directeur de l’institut, Meir Shpigler, mercredi.
Ces estimations montrent que le taux de chômage des Israéliens, à l’exclusion des travailleurs indépendants, oscillera entre 13 et 32 %.

Le ministère des Finances a estimé lundi que le total des dégâts causés à l’économie israélienne par la pandémie de coronavirus s’élèvera à 45 milliards de shekels et anéantira toute prévision de croissance pour l’année.
Cette estimation a été faite après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé lundi soir de nouvelles restrictions pour endiguer l’épidémie de virus, et avant que le ministère de la Santé n’annonce mardi de nouvelles mesures plus drastiques.
Le gouvernement a ordonné lundi aux entreprises privées de réduire leur personnel de bureau de 70 % et a placé le secteur public en état d’urgence, ajoutant aux mesures qui avaient déjà largement restreint une grande partie de l’économie israélienne.
De grandes entreprises ont libéré la plupart de leur personnel cette semaine,
Mardi, El Al a mis quelque 5 500 travailleurs – soit 80 % de son personnel -en congé sans solde et Castro, la plus grande chaîne de prêt-à-porter en Israël, a mis 6 000 employés en congé sans solde.
L’élargissement des restrictions est intervenu après que le ministère de la Santé a exprimé son soutien à un confinement total du pays. Les fonctionnaires du ministère des Finances, en revanche, s’y sont fortement opposés.
Le ministère de la Santé a introduit mardi de nouvelles restrictions radicales pour freiner la propagation du coronavirus, en donnant pour instruction aux Israéliens de ne pas quitter leur domicile sauf en cas d’absolue nécessité, mais sans imposer un confinement obligatoire. Le ministère des transports a déclaré qu’il réduisait les transports publics la nuit et le week-end.
Israël a interdit les rassemblements de plus de 10 personnes, fermé les écoles, imposé un isolement de 14 jours à tous les Israéliens entrant dans le pays, et ordonné la fermeture de tous les centres commerciaux, restaurants et cafés (les plats à emporter étant autorisés) pour contenir l’épidémie.
Jeudi matin, 529 cas de COVID-19, la maladie causée par le nouveau coronavirus, avaient été confirmés. Des dizaines de milliers de personnes sont en auto-quarantaine pendant 14 jours, car ils sont soupçonnés d’avoir été exposés au virus. Six Israéliens sont gravement malades ; tous seraient âgés et auraient déjà eu des problèmes de santé.
C’est vous qui le dites...