Des ministres se disent favorables à l’annexion de la Cisjordanie et de Gaza
Le ministre du Patrimoine a en outre donné le sentiment de vouloir qu'Israël domine la Syrie et le Liban, ajoutant que c'était le manque "d'envie" en Israël qui avait amené une politique territoriale faible
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

À l’occasion d’une conférence de la section jeunesse du mouvement de souveraineté ultranationaliste – Noar Ribonut – à Sderot, ce jeudi, des ministres de gouvernement ainsi que des députés de la coalition se sont exprimés en faveur de l’annexion de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, le ministre de la Communication Shlomo Karhi et le ministre du Patrimoine Amichaï Eliyahu se sont tous trois prononcés en faveur de l’annexion de ces territoires, et ce dernier a semblait appeler à une domination israélienne jusque sur Syrie et le Liban.
Les organisateurs de la conférence ont expliqué leur décision de tenir cette conférence à Sderot en ce qu’elle est, selon eux, un « symbole de la détermination et de la fermeté sioniste », et que ses habitants illustrent parfaitement l’adage selon lequel « on n’abandonne pas cette terre, on ne quitte pas son foyer. »
Le Mouvement pour la souveraineté a été fondé en 2011 par les personnalités de droite Yehudit Katsover et Nadia Matar, ex-cheffes de mouvement d’implantations, pour faire campagne sur la question de l’annexion de la Cisjordanie et empêcher la création d’un État palestinien.
« Le temps est venu de la souveraineté ; à nous de l’imposer immédiatement », a déclaré la députée Limor Son Har Melech, membre du parti Otzma Yehudit et depuis longtemps favorable à l’annexion de la Cisjordanie.

« Sderot a payé le défaut de souveraineté et l’abandon de la bande de Gaza », a-t-elle poursuivi en faisant allusion aux milliers de roquettes tirées sur la ville, ces 25 dernières années, par des organisations terroristes palestiniennes depuis Gaza.
« Ce défaut de souveraineté se paye par le sang. Si nous n’en tirons pas les enseignements, alors nous le paierons à nouveau par le sang. Les gens de Sderot connaissent le prix des hésitations, de la faiblesse et du recul. »
« Nous n’attendons pas les non-Juifs ; la souveraineté est le seul moyen d’assurer la sécurité. »
Eliyahu, également membre du parti Otzma Yehudit, a, lors de sa prise de parole lors de cette même conférence ultranationaliste à Sderot, donné le sentiment de vouloir étendre le contrôle israélien sur la Syrie et le Liban, en plus de la Cisjordanie et de Gaza.
Le ministre a demandé à son public de montrer son « envie » que le pays sorte victorieux de ses guerres et atteigne ses objectifs.
« Ce qui s’est passé le jour de Simhat Torah [le 7 octobre] n’a rien à voir avec un manque de force, de technologie, de force aérienne ni même de de chars. Qu’est-ce que nous n’avions pas ? « Envie », a assuré Eliyahu.
« Vous voulez la souveraineté ? Alors criez-le », a-t-il dit à son public.
« Voulons-nous la Judée et la Samarie [la Cisjordanie] ? Voulons-nous la Syrie ? Voulons-nous le Liban ? Voulons-nous Gaza ? » a-t-il dit en haranguant la foule, qui lui a à chaque fois répondu « Oui » avec enthousiasme.
« Alors il faut le crier haut et fort », a conclu le ministre.
Dans une vidéo diffusée lors de cette conférence, Smotrich s’est lui-même félicité pour son action en faveur du contrôle le plus étendu possible sur la Cisjordanie en affirmant que « nous appliquons de facto notre souveraineté sur la Judée et la Samarie ».
En plus de ses attributions de ministre des Finances, Smotrich est également ministre délégué au sein du ministère de la Défense, avec compétence sur les questions civiles en Cisjordanie – ce qui lui a permis de légaliser rétroactivement des dizaines d’implantations illégales et d’autoriser l’établissement de nouvelles.
Smotrich a également dit son espoir que l’annexion formelle du territoire se fasse prochainement, avec l’aval de l’administration Trump.
Pour sa part, le ministre des Communications, Shlomo Karhi, s’est réjoui de son action en faveur de l’amélioration de la connexion à Internet en Cisjordanie en indiquant que le rétablissement des infrastructures du territoire au même niveau qu’avant 1967 était un élément clé de l’annexion officielle de la Cisjordanie.
« Notre droit à la Terre d’Israël n’est pas né à l’ONU, il est né à Jérusalem, à Beit El, à Shiloh, à Hébron, c’est notre terre de droit, non par bonté », a-t-il insisté.
« Ensemble, nous allons établir notre souveraineté de la Judée-Samarie à Gaza. »
Israël a pris la Cisjordanie, Jérusalem-Est, la bande de Gaza et le plateau du Golan lors de la guerre des Six Jours, en 1967, et annexé Jérusalem-Est ainsi que le Golan – mesures non reconnues par une grande partie de la communauté internationale.
Jusqu’à présent, Israël s’était gardée d’annexer la Cisjordanie et Gaza, dont il s’est entièrement retiré en 2005 sous la pression internationale afin que ces territoires forment la base d’un État palestinien mais aussi pour ne pas avoir à naturaliser des millions de Palestiniens de plus, du fait de leur vitalité démographique.