Israël en guerre - Jour 526

Rechercher

L’otage assassiné Tsahi Idan repose à côté de sa fille Maayan, tuée le 7 octobre

Des milliers de personnes massées le long des routes ont salué le passage du cortège funèbre ; ses proches lui ont demandé pardon pour ne pas avoir pu le ramener vivant de Gaza

 Des milliers de personnes massées le long des routes dans l’agglomération de Tel-Aviv ont salué vendredi le passage du cortège funèbre transportant la dépouille de Tsahi Idan, ancien otage israélien tué à Gaza.

Tsahi Idan, un ingénieur-développeur, a été enlevé lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, au kibboutz Nahal Oz où il vivait avec sa famille, juste après le meurtre de sa fille Maayan Idan, 18 ans, abattue sous ses yeux par des terroristes du Hamas. Le calvaire que leur avait infligé les terroristes du Hamas avait été retransmis en direct sur Facebook.

Sa dépouille a été restituée à Israël jeudi, en même temps que celle de trois autres otages, dans le cadre de l’accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier dans le territoire palestinien après 15 mois de guerre entre le Hamas et Israël, en échange de prisonniers palestiniens.

Lors de l’éloge funèbre de Tsahi Idan au stade de l’Hapoel Tel-Aviv, club de football dont il était un fidèle supporter, ses proches lui ont demandé pardon de ne pas avoir pu le ramener vivant de la bande de Gaza, et ont fustigé le gouvernement israélien pour son incapacité à le faire.

Des images de Tsahi et de ses filles assistant à des matchs précédents ont été diffusées sur les écrans géants autour du stade, surmontées de l’inscription « Tsachi Idan notre héros ». La cérémonie a commencé par une minute de silence, mais conformément à la tradition du club de football, la foule a été invitée à meubler le silence par des applaudissements continus.

Idan, âgé de 49 ans au moment de son enlèvement, laisse derrière lui sa femme et trois autres enfants.

Des centaines de supporters du club étaient présents dans les tribunes, nombre d’entre eux en pleurs, brandissant des drapeaux israéliens et les bannières rouges du club. « Tsahi Idan, rouge pour toujours », pouvait-on lire sur des banderoles placées autour du stade.

Des amis, des membres de la famille et des fans de football lors d’une cérémonie publique à la mémoire de l’otage assassiné Tsachi Idan, regardent un fourgon transportant son cercueil à l’extérieur du stade Bloomfield à Tel Aviv, le 28 février 2025. (Crédit : AP/Leo Correa)

A Bloomfield, les proches d’Idan ont accusé le gouvernement de ne pas l’avoir ramené vivant et ont demandé que tous les otages restants soient libérés immédiatement, plutôt que par vagues successives comme le prévoit le fragile accord sur les otages.

« Je me sépare de mon frère aîné et je lui demande pardon, au nom de nous tous, parce qu’il est revenu dans un cercueil et non pas sur ses pieds comme il était parti », a dit sa soeur Noam Idan Ben Ezra, en larmes.

« La tâche de nos dirigeants était de maintenir Tsahi en vie, et ils ont fait des choix très difficiles, avec des résultats insupportables. »

En hommage à son frère, Noam avait fabriqué un ruban rouge pour compléter le ruban jaune adopté par les familles des otages.

Elle a déclaré que « le plus grand défi de ma vie », ramener Tsahi à la maison, avait commencé 10 mois après le décès de leur père, un « mordu de sport » qui soutenait le club rival, le Maccabi Tel Aviv bleu et jaune.

Noam, la sœur de l’otage tuée Tsahi Idan, prend la parole lors d’une cérémonie au Bloomfield Stadium de Tel Aviv, le 28 février 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

« Je regarde le monde à travers les yeux rouges de Tsahi et je vois que tout le pays est jaune. J’entends mon père se vanter et Tsahi se moquer », a-t-elle dit. « J’ai donc décidé, avec ma famille, qu’un ruban rouge était notre dette envers Tsahi. »

« L’objectif du ruban rouge était, avant tout, que les gens s’arrêtent et se demandent ‘Pourquoi rouge ?’, ce qui déclencherait une conversation sur Tsahi, qui était captif à Gaza », a-t-elle déclaré.

« L’autre objectif était de permettre à davantage de personnes de se joindre à la lutte la plus importante que nous menons dans ce pays, qui consiste à ramener tous les otages chez eux le plus rapidement possible. »

Lors de l’assaut du Hamas, Idan et sa famille ont été placés « dans des situations que le diable lui-même n’aurait pas pu imaginer… Tsahi a été kidnappé et Maayani a été assassinée », a déclaré Noam, arborant un maillot rouge du Hapoel.

« Arrêtez de nous diviser en groupes : ‘libérés’, ‘tués’, ‘vivants’, ‘hommes’, ‘femmes’, etc. », a-t-elle déclaré, faisant référence à la libération de certaines catégories d’otages dans le cadre de l’accord avec le Hamas. « Nous sommes un seul groupe de 251 otages, et nous devons tout faire pour les ramener à la maison maintenant. »

Il reste maintenant 59 otages à Gaza, dont au moins 35 ont été confirmés morts par l’armée israélienne.

Yigal Idan, son oncle, lui a aussi demandé pardon et a critiqué les dirigeants israéliens qui « n’ont pas su te ramener à temps ». Il a accusé le gouvernement d’utiliser la captivité de son neveu comme un outil dans un jeu de division.

« Cher Tsahi, bien que tu sois chez toi, je tiens à m’excuser. Je suis désolé que nous ne t’ayons pas ramené vivant », a-t-il déclaré. « Je suis désolé que le pays t’ait oublié et n’ait pas su comment te ramener à temps. »

« Je suis désolé que nous vivions dans un monde où des génies comme toi croupissent dans l’enfer des tunnels de Gaza, où des dirigeants méprisables se sont permis de te condamner à mort, et où la vie continue comme si de rien n’était », dit l’oncle.

« Sache, Tsahi, que nous ne continuerons pas ainsi », a-t-il dit. « Nous ne laisserons pas cette crise prendre le dessus. »

« Nous nous battrons pour que notre pays change, un pays où la droite et la gauche sont frères, où une personne portant une kippa et une personne non religieuse peuvent avoir une vraie conversation, un pays où la vie humaine est une valeur sacrée, et non un pion dans un jeu politique », a-t-il déclaré. « Notre seule mission en tant que nation est de ramener tous les otages chez eux en une seule fois. »

S’adressant à la Jewish Telegraphic Agency, Yigal a évoqué les trois tragédies qui ont frappé sa famille au cours des 16 derniers mois, à commencer par le meurtre de Maayan, la mort de son propre fils, Guy Idan, qui a mené une campagne inlassable pour la libération de son cousin et qui a été tué dans une attaque au projectile du Hezbollah alors qu’il combattait au Liban en octobre dernier, et pour finir par le retour de Tsahi dans un cercueil.

Yigal Idan, l’oncle de Tsahi Idan, porte le maillot rouge du Hapoel Tel Aviv pour les funérailles de son neveu, le 28 février 2025. (Crédit : Deborah Danan)

« Aucun mot ne peut exprimer la colère et la tristesse que nous avons ressenties de ne pas avoir pu le ramener vivant à la maison après un tel combat », a-t-il déclaré.

« Il y a un petit réconfort dans le fait qu’au moins Tsahi est avec nous maintenant et qu’il sera enterré à côté de sa fille. »

« La tristesse nous a toujours habités, mais j’espère qu’aujourd’hui, en ce moment même, elle s’éteindra. Que nous pourrons à nouveau faire notre deuil, puis reconstruire », a-t-il conclu.

Entre les discours, la famille et les supporters ont entonné à mi-voix la Hatikva, l’hymne national israélien, debout dans les tribunes en brandissant les écharpes de l’Hapoel.

Les fans, les amis et les membres de la famille d’Hapoel Tel Aviv se rassemblent pour rendre hommage à l’otage israélien assassiné Tsahi Idan lors de ses funérailles au stade Bloomfield de Tel Aviv, le 28 février 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Roni Litvak, qui a grandi avec Tsahi à Nahal Oz, a déclaré que l’idée d’assister à ses funérailles avait dévasté toute la communauté.

« Nous sommes dans cette situation depuis un an et trois mois, et cela aurait dû avoir une fin très différente », a-t-elle déclaré, notant que Tsahi devait être libéré dans le cadre de l’accord de libération des otages de novembre 2023, avant qu’il ne prenne fin après 10 jours. « Au lieu de cela, après 510 jours, nous le récupérons dans un cercueil. »

Elle s’est toutefois abstenue de blâmer les dirigeants israéliens.

« Ce n’est pas le bon jour pour déterminer qui doit être tenu pour responsable », a-t-elle estimé.

Dror Yahalom, un fan de l’Hapoel Tel Aviv, a déclaré qu’il n’y avait « aucun doute » quant à la nécessité de se rendre au stade pour faire ses adieux à Idan.

« Le Hapoel Tel Aviv, c’est bien plus que du football ; c’est vraiment une famille », a-t-il déclaré. « Même si je ne le connaissais pas personnellement, Tsahi était mon frère. »

May Raz, qui n’est pas supporter de l’Hapoel, s’est rendue à la cérémonie après s’être sentie coupable d’avoir manqué le cortège funèbre d’un autre otage décédé, Kfir Bibas, le bébé qui a été enterré en début de semaine avec son petit frère et leur mère, tous assassinés à Gaza.

« Je n’ai plus de mots », a déclaré Raz. « La tristesse est trop forte. J’ai passé toute la semaine à pleurer. »

A l’issue de la cérémonie, le cortège funéraire a été salué par des milliers de personnes le long des routes jusqu’au kibboutz Einat, près de Tel-Aviv, à une vingtaine de km, où il a été enterré à côté de sa fille.

L’AFP a contribué à cet article.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.