Manifestation du 8 mars à Lausanne : des participants traités de « sionistes » et exclus de la marche
Une cinquantaine de personnes, qui marchait visiblement aux côtés de la Licra et de la communauté juive, a été traitée de "fasciste" alors qu'elle dénonçait les crimes sexuels du Hamas sur des femmes israéliennes

Le conflit israélo-palestinien ne s’est visiblement pas seulement invité à la marche parisienne à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, le 8 mars dernier, lorsque des militants ont encore exclu les membres de l’association juive féministe « Nous Vivrons » du cortège, au motif qu’elles seraient « sionistes » et « d’extrême-droite ».
À Lausanne, en Suisse romande, deux associations, la branche régionale de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et la communauté israélite de Lausanne, ont dénoncé des actes de haine à leur encontre lors du rassemblement du 8 mars dans la ville, selon une information de la Radio Télévision Suisse (RTS).
Certains manifestants arborent des pancartes indiquant : « Stop aux atrocités djihadistes contre les femmes israéliennes » ou encore « Stop aux viols, mutilations et assassinats comme arme de guerre ».
Ces messages semblaient dénoncer le recours, par le groupe terroriste du Hamas, aux viol et agressions sexuelles comme mode opératoire lors de son attaque meurtrière du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.
Rapidement, des militants pro-palestiniens ont interpellé les manifestantes qui dénonçaient les crimes du Hamas aux cris de « Sionistes, fascistes, hors de la manif ».
Mélissa Elkaïm, avocate à Lausanne et présente à la manifestation, a été interrogée par la RTS au sujet de cette exclusion. « C’était l’occasion de pouvoir dénoncer et rappeler les atrocités faites aux femmes israéliennes », a-t-elle déclaré. « Je tiens à souligner qu’on n’avait absolument pas de slogans politiques, ni drapeau israélien […] On a été identifiées comme un groupe de femmes juives sans savoir quelles sont nos nationalités, notre religion. […] On a été stigmatisées et empêchées de manifester. »
De son côté, la branche locale du collectif Grève féministe, qui organisait la manifestation à laquelle ont participé, selon lui, « au moins 5 000 personnes », a assuré dans un communiqué que « les personnes juives sont nos sœurs et adelphes, elles sont les bienvenues dans notre manifestation ».
« Nous regrettons profondément le mal causé à nos adelphes et sœurs par les actes et propos violents qui ont été tenus », poursuit le communiqué, qui néanmoins dénonce « les propos sionistes, islamophobes et transphobes » qui auraient été tenus par la cinquantaine de manifestants écartés de la marche, bien que l’on ne sache pas très bien ce que le collectif entend par « propos sioniste ».
La Coordination communautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad) a elle aussi réagi en dénonçant l’exclusion du groupe formé par la Licra et la communauté israélite de Lausanne, écrivant qu’ainsi, « des femmes violées parce que juives ne sont pas jugées dignes d’être défendues ».
« Cette indignation sélective ne fait que creuser davantage le fossé entre les causes défendues et les réalités qu’elles prétendent combattre », estime l’organisation.
Les autorités locales n’ont pour l’heure pas commenté l’incident.