Munich : L’attentat contre l’Oktoberfest en 1980 était en fait néo-nazi
Le terrorisme d'extrême droite a été érigé ces derniers mois par le gouvernement et les services de sécurité au premier rang des menaces pesant sur l'Allemagne
L’attentat contre la Fête de la bière de Munich en 1980, qui a fait 12 morts, est désormais considéré officiellement comme une « attaque terroriste d’extrême droite », ont rapporté mardi les médias allemands, présentant les conclusions de la longue enquête des procureurs fédéraux.
L’assaillant, Gundolf Koehler, avait également été tué dans l’explosion de la bombe qu’il avait placée dans une poubelle à l’entrée de la Fête, l’une des attaques les plus meurtrières de l’après-guerre en Allemagne.
Les enquêteurs avaient d’abord supposé que l’étudiant en géologie, âgé de 21 ans, était dépressif et avait agi à cause de difficultés relationnelles et l’angoisse des examens, minimisant l’importance de ses liens avérés avec l’extrême droite.
Mais d’autres révélations sur l’étendue de l’implication de Koehler dans les mouvements d’extrême droite et des spéculations sur le fait qu’il n’aurait peut-être pas agi seul avaient amené les procureurs à rouvrir l’enquête en 2014.
Ils ont définitivement conclu à une « attaque terroriste d’extrême droite » attentivement planifiée, indique un enquêteur haut placé cité par le quotidien Süddeutsche Zeitung.
Koehler s’est notamment entraîné avec la milice néo-nazie interdite « Wehrsportgruppe Hoffmann », avait accroché une « photo d’Hitler au-dessus de son lit » et voulait le retour du nazisme en Allemagne.
Après avoir interrogé des milliers de témoins et passé au peigne fin près de 300 000 documents, les enquêteurs estiment que Koelher souhaitait que cette attaque soit imputée à l’extrême gauche, dans l’espoir d’influer sur l’élection générale de 1980 et permettre à un candidat conservateur de devenir chancelier.
Les procureurs n’ont pas trouvé la trace de complices.
La fin de cette enquête survient alors que le pays est confronté à une hausse des actes racistes et antisémites, les autorités se retrouvant souvent accusées d’avoir négligé le danger représenté par l’extrême droite.
Un néo-nazi est actuellement jugé pour avoir abattu l’an dernier un homme politique local, ouvertement pro-réfugiés et membre du parti CDU de la chancelière Angela Merkel, Walter Lüebcke.
En octobre dernier, un homme armé a tué deux personnes dans un attentat contre une synagogue de Halle, dans l’est du pays.
En février, un homme a tué neuf personnes d’origine étrangère dans deux bars de Hanau, près de Francfort.
Le terrorisme d’extrême droite a été érigé ces derniers mois par le gouvernement et les services de sécurité au premier rang des menaces pesant sur l’Allemagne.