Pologne/Biens spoliés : La TV met en garde contre le favori de la présidentielle
Un reportage d'une chaîne publique redoute un manque d'argent si Rafal Trzaskowski venait à être élu - celui-ci désirant compenser les pertes des biens juifs spoliés
TA – Un reportage de la chaîne publique polonaise (les médias publics sont contrôlés par les PiS) a déclaré qu’un des principaux candidats à la présidence verserait de l’argent pour les biens spoliés pendant la Shoah afin de satisfaire les revendications des Juifs.
La Pologne a restitué des millions en guise de compensation pour des biens qui appartenaient aux communautés juives, mais c’est le seul grand pays de l’ancien bloc soviétique qui n’a pris aucune mesure pour restituer des biens privés, selon l’Organisation mondiale juive de restitution.
La résistance aux efforts déployés par les États-Unis, Israël et les groupes juifs pour que la Pologne verse de telles compensations est devenue un thème majeur pour la droite politique en Pologne. Certains estiment que les réclamations pourraient se chiffrer en milliards de dollars.
Le reportage de TVP de lundi portait sur le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, qui a annoncé le mois dernier son intention de se présenter aux élections présidentielles. Le premier tour des élections est prévu pour le 28 juin.
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Ce dernier est considéré comme un favori parmi les neuf candidats qui se présentent contre le président sortant, Andrzej Duda, du parti de droite Droit et Justice.
« Les experts sont certains. Le flux d’argent qui circule du budget de l’État dans les poches des familles polonaises va se tarir si Rafal Trzaskowski, après une éventuelle victoire aux élections présidentielles, cherche à satisfaire les revendications des Juifs », a indiqué TVP.
Le reportage fait suite à une question posée samedi à Rafal Trzaskowski par la TVP lors d’une conférence de presse à Rybnik, demandant pourquoi celui-ci n’a pas « lutté pour les intérêts polonais » contre les revendications des groupes juifs en 2014 en tant que vice-ministre des Affaires étrangères.
M. Trzaskowski a répondu qu’il « tenait compte, avant tout, de l’intérêt de l’État » dans cette position et a refusé de « se lancer dans des insinuations ». « De tels sujets sensibles devraient être discutés et, évidemment, nous devrions prendre en compte surtout l’intérêt de l’État polonais, mais cela devrait être fait vraiment de manière à ne pas créer de problèmes », donc en dehors de la campagne électorale, a riposté M. Trzaskowski, lors d’une conférence de presse mardi.
Les reportages précédents sur TVP tournaient autour de la remarque du maire selon laquelle il croit au « dieu de Spinoza ». Cette déclaration, en réponse à une question sur sa religion, faisait référence au philosophe juif néerlandais du 17e siècle Baruch Spinoza.
Selon TVP, cette réponse signifie que M. Trzaskowski, qui a été élevé dans la religion catholique, ne suit pas les enseignements de cette Église. Le reportage note que les croyances naturalistes de Spinoza sont inconciliables avec le judaïsme.
La Pologne est le seul pays de la région à n’avoir jamais réussi à indemniser globalement ses citoyens, dont les juifs, dépossédés par les nazis puis par le régime communiste.
La Pologne accueillait avant la Seconde Guerre mondiale la plus grande communauté juive d’Europe, exterminée pendant la Shoah.
Le pouvoir conservateur polonais considère la question de la restitution des biens juifs comme « définitivement réglée ».