Israël en guerre - Jour 467

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Pourquoi Netanyahu ne suivra pas les appels répétés pour un Etat palestinien

Malgré ses appels à la négociation, les déclarations du Premier ministre soulignent sa conviction que la Palestine ne sera pas créée

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Netanyahu lors d'une conférence de presse sur la situation de sécurité le 8 octobre, 2015, dans son bureau à Jérusalem. (Crédit : AFP PHOTO / Gali Tibbon)
Le Premier ministre Netanyahu lors d'une conférence de presse sur la situation de sécurité le 8 octobre, 2015, dans son bureau à Jérusalem. (Crédit : AFP PHOTO / Gali Tibbon)

L’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin n’a jamais publiquement déclaré son soutien pour un Etat palestinien.

« Le Premier ministre est d’avis qu’il n’y a pas de place pour un Etat palestinien », a écrit un proche collaborateur de Rabin, Eitan Haber, dans une lettre en décembre 1994. Dix mois plus tard, quelques semaines avant son assassinat, Rabin a déclaré à la Knesset qu’il envisage pour les Palestiniens une « entité qui est inférieure à un État ».

Bien qu’il soit difficile de deviner exactement ce que Rabin avait en tête – certains affirment qu’il qu’il a intentionnellement évité les mots « Etat palestinien » parce qu’il avait le sentiment que la population n’était pas encore prête pour une idée qui était encore tabou à l’époque – les politiciens de droite aiment citer cette phrase en particulier.

Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, l’a mentionné au cours de la cérémonie d’Etat commémorative de 2010 de l’assassinat de Rabin en novembre 1995 ; le ministre de la Défense Moshe Yaalon a fait la même chose lors d’une cérémonie commémorative à Washington plus tôt cette semaine.

Paradoxalement, Rabin, même s’il ne l’a jamais annoncé publiquement, était probablement plus enclin à la création d’un Etat palestinien et à mettre fin à l’occupation militaire en Cisjordanie qui a commencé en 1967 que Netanyahu.

L’actuel Premier ministre professe son soutien à une solution à deux Etats et appelle continuellement à de nouvelles négociations de paix avec l’Autorité palestinienne. Mais dans le même temps, il insiste sur le fait que, sous son règne, il n’y aura pas de retrait à grande échelle de Cisjordanie – ce qui signifie pas d’accord sur le statut final et pas d’Etat palestinien.

Depuis que la récente vague de terrorisme a éclaté et que les dirigeants du monde ont augmenté leurs appels pour un « processus crédible » avec les Palestiniens, Netanyahu a fait des efforts pour rétablir le calme mais a également était clair à de nombreuses reprises qu’il croit que le conflit israélo-palestinien n’est en réalité pas soluble.

En pleine guerre de Gaza 2014, Netanyahu a révélé qu’il ne voyait pas de souveraineté palestinienne en Cisjordanie bientôt. « Je pense que le peuple israélien comprend maintenant ce que je dis depuis toujours : qu’il ne peut pas y avoir de situation, en vertu d’un accord, dans laquelle nous abandonnerions le contrôle de la sécurité du territoire à l’ouest du Jourdain » ,a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Jérusalem. En d’autres termes : pas de retrait et aucune souveraineté palestinienne, ce qui signifie aucun État de Palestine.

Quelques mois plus tard, Netanyahu a déclaré, dans une interview souvent citée, à la veille de l’élection le 17 mars, que, « en effet », aucun Etat palestinien ne serait créé sous sa direction.

Un tollé international avait suivi cette déclaration, et, avec la victoire à l’élection assurée, Netanyahu est revenue sur sa déclaration, réitérant son engagement, en principe, à l’idée d’une solution pacifique, durable à « deux Etats pour deux peuples ». Pour Netanyahu, c’est une solution souhaitable dans un monde idéal mais impossible à mettre en place dans le climat chaotique actuel au Moyen-Orient.

Se trouvant confronté à nouveau à la question palestinienne à la lumière de la série incessante actuelle des attaques terroristes contre les Israéliens, Netanyahu à de nouveau déclaré son soutien de principe à une solution à deux Etats. Il continue également à appeler à la reprise des pourparlers de paix. Mais il ne cherche pas à cacher sa ferme conviction qu’une telle entreprise serait finalement futile.

S’adressant à la commission des affaires étrangères et de la Défense à la Knesset, Netanyahu a déclaré lundi qu’Israël, en raison de la crise dans la région, devra rester en Cisjordanie pendant un « futur proche ».

Il aurait également dit qu’ « Israël vivra éternellement par l’épée ». Déclarations qui signifient pour certains que l’Etat juif devra être éternellement vigilant, incapable de fléchir dans sa volonté d’utiliser la force pour se défendre.

Parlant devant la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, Netanyahu a déclaré lundi qu’Israël, en raison de la crise dans la région, devra rester en Cisjordanie pour « l’avenir proche. » Il aurait également dit qu’ « Israël vivra éternellement par l’épée, » ce qui signifie pour certains que l’Etat juif devra éternellement sur ses gardes, incapable de fléchir dans sa volonté d’utiliser la force pour se défendre.

« Il n’a pas dit qu’Israël ne sera jamais en paix, il a dit qu’Israël aura toujours une armée. Mais peu de pays dans le monde n’ont pas d’armée », a expliqué le député Michael Oren, un membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense (mais qui n’a pas assisté au discours de Netanyahu parce qu’il se trouvait à l’étranger.)

L'ambassadeur (d'alors) Michael Oren accueille le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Washington en août 2010 (Crédit photo: Moshe Milner / GPO / Flash90)
L’ambassadeur (d’alors) Michael Oren accueille le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Washington en août 2010 (Crédit photo: Moshe Milner / GPO / Flash90)

La déclaration de Netanyahu de vivre par l’épée est basée sur la croyance que les Juifs seront toujours menacés « par l’antisémitisme et d’autres forces obscures », selon Oren.

« Il croit que ces menaces seront à la fois tactiques et stratégiques, voire existentielles. »

Cette vision du monde, qu’il a héritée de son défunt père Benzion, ont été « traduites en des positions diplomatiques très solides » visant à s’assurer qu’un Etat palestinien n’implose pas et ne devienne un bastion de la terreur, a conclu Oren.

Netanyahu a également souvent dit qu’il s’oppose à un Etat binational. Et il était « super sérieux » lors des précédents cycles de pourparlers de paix, selon Oren, qui a servi comme ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis pendant que de telles négociations étaient en cours.

Un élément important de sa sombre Weltanschauung (vision du monde) est la conviction que la paix était difficile à atteindre en raison du refus palestinien d’accepter un Etat juif. L’exigence qui en découle – que les Palestiniens reconnaissent Israël comme l’État-nation du peuple juif – l’emporte sur toutes les autres préoccupations.

Aucune menace démographique, aucune pression internationale, aucun mouvement de boycott et aucune résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, a fait clairement savoir Netanyahu au cours des années, ne va le faire lâcher de ce qu’il estime être une condition préalable essentielle à tout accord de paix.

Lors de son discours d’il y a quelques semaines au Congrès sioniste, qui a fait les manchettes en raison de son affirmation sur l’influence que le mufti aurait eu sur Hitler, Netanyahu a à nouveau établi ce qu’il considère comme la principale raison de l’impasse. Les Palestiniens « ne veulent pas d’un Etat qui mettent fin au conflit parce qu’ils veulent un Etat qui continue le conflit et éradique l’Etat juif, » a-t-il déclaré. « C’est ce que ce conflit a toujours été. »

Non seulement les Palestiniens refusent de reconnaître Israël comme un Etat-nation juif, ils « ne veulent pas mettre fin une fois pour toutes au conflit, » a-t-il developpé lundi à la Knesset.

« Ils ne sont pas prêts à renoncer à leur rêve d’un « retour » à Akko, Haïfa, Jaffa et dans d’autres villes en Israël, » a-t-il ajouté. « Ils ne sont pas prêts à renoncer au rêve d’un Etat palestinien – pas aux côtés d’Israël, mais à sa place. Ils enseignent toujours leurs enfants à haïr les Juifs, à voir Israël comme une entité colonialiste et impérialiste – à la source de tous les maux ».

La création d’un Etat palestinien, a-t-il soutenu, n’est donc rien qu’un autre stratagème pour détruire Israël.

Ajoutez cela aux considérations de sécurité de Netanyahu, qui excluent un retrait israélien de la Cisjordanie tant que le Moyen-Orient reste une région dangereuse, et vous arrivez à la conclusion que le Premier ministre ne signera jamais un accord créant un Etat palestinien.

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