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Rapatriement des Rohingyas: la Birmanie se dit « prête »

42 ont lancé un appel pour dénoncer le projet, soulignant que les Rohingyas étaient "terrifiés" à l'idée de rentrer en Birmanie

Des réfugiés musulmans Rohingya transportent de la nourriture distribuée par l'armée du Bangladesh au camp de réfugiés Balukhali près de Gumdhum, le 26 septembre 2017. (Crédit : AFP PHOTO/Dominique FAGET)
Des réfugiés musulmans Rohingya transportent de la nourriture distribuée par l'armée du Bangladesh au camp de réfugiés Balukhali près de Gumdhum, le 26 septembre 2017. (Crédit : AFP PHOTO/Dominique FAGET)

Le gouvernement birman s’est dit « prêt » dimanche au rapatriement des Rohingyas, estimant que le Bangladesh serait responsable en cas de retard dans le retour en Birmanie des membres de la minorité musulmane, planifié à partir du 15 novembre.

« Nous sommes prêts », a déclaré le ministre des affaires sociales Win Myat Aye lors d’une conférence de presse, détaillant les modalités du rapatriement.

Il incombe désormais au Bangladesh « de s’assurer que les délais seront respectés » et que tout retour s’effectue sur une base volontaire, a-t-il ajouté

Après de multiples retards, la Birmanie et le Bangladesh ont élaboré une feuille de route prévoyant le rapatriement de 2 251 Rohingyas à compter du 15 novembre, à un rythme de 150 par jour.

Sous la menace de l’armée et de milices bouddhistes, plus de 720 000 membres de cette minorité musulmane apatride dans ce pays majoritairement bouddhiste, ont fui la Birmanie depuis août 2017.

Victimes d’un « génocide » selon l’ONU, ils vivent depuis dans d’immenses campements de fortune au Bangladesh.

Un camp de réfugiés pour les Rohingyas au Bangladesh, le 21 août 2018. (Crédit : AFP / Dibyangshu SARKAR)

Le plan de rapatriement inquiète les ONG. Vendredi, 42 d’entre elles, dont Oxfam, Save the Children et Handicap International ont lancé un appel pour dénoncer le projet, soulignant que les Rohingyas étaient « terrifiés » à l’idée de rentrer en Birmanie.

Ils craignent d’être immédiatement cantonnés dans des camps dans l’État Rakhine, à l’Ouest du pays, où plus de 120 000 d’entre eux sont déjà retenus dans des conditions extrêmement précaires.

Ils ont aussi peur de subir des exactions et refusent de rentrer sans garantie de sécurité. La rapporteuse spéciale de l’ONU pour la Birmanie, Yanghee Lee a d’ailleurs estimé, début novembre, qu’ils étaient toujours exposés à un « risque de persécution élevé ».

Les Rohingyas demandent aussi que les autorités birmanes leur délivrent une preuve de citoyenneté. La junte militaire longtemps au pouvoir les en a privés en 1982, faisant d’eux des citoyens de seconde zone, sans accès à l’éducation et aux soins.

En novembre 2017, la Birmanie et le Bangladesh avaient annoncé un plan de retour mais le processus était ensuite resté au point mort, les deux pays s’en rejetant mutuellement la faute.

Le Bangladesh, déjà l’un des pays les plus pauvres et les plus densément peuplés du monde, croule sous la charge.

Car au total, c’est près d’un million de membres de cette communauté persécutée en Birmanie qui ont trouvé refuge dans ce pays ces dernières décennies.

Aung San Suu Kyi, chef de facto du gouvernement birman, très critiquée dans sa gestion de la crise des Rohingyas, doit s’exprimer lundi à Singapour lors d’une réunion de l’Asean (Association des Nations d’ Asie du Sud-Est).

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