Slovaquie : L’auteur des tirs sur un bar LGBTQ voulait la mort des Juifs
Dans le manifeste qu'il a laissé, le tueur déverse sa haine des personnes LGBTQ et soutient l’idée que les Juifs orchestrent le "grand remplacement" des Blancs
L’homme qui a ouvert le feu sur un bar LGBTQ en Slovaquie, mercredi, était animé des mêmes idées, antisémitisme compris, que nombre de meurtriers de masse, ces dernières années.
Le tireur, qui a tué deux personnes et en a blessé une troisième devant le bar Tepláreň de Bratislava, la capitale slovaque, était un « adolescent radicalisé », a expliqué le président slovaque.
Il avait publié un manifeste avant la fusillade et exposé ses croyances sur Twitter où, croient savoir les organisations de suivi et prévention de l’extrémisme, il était actif depuis plus d’un an.
L’activité en ligne du tireur « pose question sur l’efficacité de la modération de contenu sur Twitter et la responsabilité de la plate-forme dans la diffusion de contenus suprémacistes blancs », écrit le Centre sur l’extrémisme de l’Anti-Defamation League dans une analyse du manifeste et du profil de l’auteur des tirs, publiée vendredi.
Cette analyse établit que le tireur, retrouvé mort jeudi, avait publié sur Twitter son intention de commettre cet attentat puis, après les faits, un message confiant son passage à l’acte.
Dans le manifeste, explique l’ADL, le tireur déverse sa haine des personnes LGBTQ, selon lui des « violeurs » d’enfants, et affiche son soutien à la « théorie du grand remplacement », sous-tendue par l’idée que les Juifs font en sorte de « remplacer » les Blancs par des personnes de couleur.
Selon l’analyse de l’ADL, le document est émaillé d’expressions que l’on retrouve dans la littérature néo-nazie, appelant au génocide des Juifs.
Ce que l’on comprend du manifeste et des intentions du tueur positionne clairement la fusillade de Bratislava sur la liste maintenant longue des attentats perpétrés sur ce même modèle.
La théorie du grand remplacement a inspiré plusieurs attentats antisémites et extrémistes, et notamment la fusillade de la synagogue de Pittsburgh en 2018, dans laquelle 11 Juifs ont trouvé la mort, l’attaque de 2019 contre la mosquée néo-zélandaise, qui a fait 51 morts, le massacre de 2019 dans un Wal-Mart du Texas contre des immigrants hispaniques ou le meurtre, cette année, de 11 Afro-Américains dans une épicerie de Buffalo, dans l’État de New York.
« Les écrits du tireur de Bratislava démontrent sa très bonne connaissance des suprémacistes blancs américains », explique sur Twitter Oren Segal, directeur du Centre sur l’extrémisme de l’ADL.
« Le suprémacisme blanc est aujourd’hui une menace terroriste mondiale. »
L’attentat a fait grand bruit en Slovaquie, où les fusillades sont rares et le nombre des homicides n’excède pas une soixantaine par an, pour une population de près de 5,5 millions d’habitants.
Des milliers de personnes se sont rassemblées vendredi dans la vieille ville de Bratislava, en soutien aux Slovaques appartenant à la communauté LGBTQ.
« Nous, politiciens, sommes responsables de chaque mot que nous disons. Et à côté de cela, des gens saturent l’espace public de haine », a écrit la présidente slovaque, Zuzana Caputova, sur Facebook.
« Je ne comprends pas que certains procureurs, certains juges ignorent encore les incitations à la haine et les propos haineux et violents. Je le dis depuis trois ans maintenant et j’exige que cela soit suivi d’effet. »
« Je condamne fermement l’assassinat de ces deux jeunes par un adolescent radicalisé à Bratislava, la nuit dernière », a écrit sur Twitter le Premier ministre Eduard Heger.
« Nous ne tolérerons aucune forme de supremacisme blanc, racisme ou extrémisme, envers quelque communauté que ce soit, à commencer par les LGBTI. »
Les médias slovaques ont indiqué que le tueur se trouvait être le fils, âgé de 19 ans au moment des faits, d’un ex-candidat du parti politique d’extrême droite anti-immigrés « Patrie ».
Ils ont précisé que la police enquêtait sur la provenance de l’arme utilisée pour commettre l’attentat, afin d’établir si elle venait du père du meurtrier.
Selon les médias tchèques, le tireur aurait publié des contenus sur Twitter et 4chan, forum de discussion fréquenté par des extrémistes, qui lui aurait réservé un très bon accueil.
« Il n’a pas fallu longtemps pour que des extrémistes violents élèvent l’auteur des tirs de Bratislava au rang de ‘saint’, comme ils le font des terroristes suprémacistes blancs qu’il admirait tant », a commenté l’ADL dans son analyse.