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Analyse

Trump fustige Obama, attaque l’accord iranien, jure de soutenir Israël, et conquiert l’AIPAC

Le lobby pro-israélien s’inquiétait que le candidat républicain clivant ne soit mal traité. Rien n’aurait pu être plus éloigné de la vérité

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump à son arrivée sur la scène de la conférence politique annuelle de l'AIPAC au centre Verizon de Washington, le 21 mars 2016. (Crédit : AFP/Saul Loeb)
Le candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump à son arrivée sur la scène de la conférence politique annuelle de l'AIPAC au centre Verizon de Washington, le 21 mars 2016. (Crédit : AFP/Saul Loeb)

WASHINGTON – Quand Donald Trump a fait son entrée lundi soir dans le centre Verizon bondé, les applaudissements des 18 000 participants à la conférence de l’AIPAC étaient polis, voire chaleureux, mais certainement pas écrasants. Il y avait un demi-grognement provenant des rangs les plus hauts du stade, et quelques célébrations isolées.

Contrairement à l’orateur précédent, Paul Ryan, Trump n’a pas bondi sur scène. Il s’est approché lentement du micro, presque hésitant. L’indomptable favori républicain était-il peut-être un peu nerveux avant de s’adresser à ce que CNN a décrit comme son public sans doute le plus difficile ?

Comme cela s’est rapidement révélé, pas du tout.

Trump a prononcé un torrent de déclarations catégoriquement pro-Israël à une foule qui applaudissait avec un enthousiasme croissant au fur et à mesure de sa progression. Rapidement, il devait faire des pauses pour de brèves ovations debout. Puis il levait le pouce. A présent, il attendait, les lèvres retroussées, les épaules haussées, les paumes face au public, comme pour dire : vous savez que j’ai raison, et je suis le seul à avoir le cran de le dire.

Au milieu de son discours, il a pu fustiger Hillary Clinton comme « un désastre total, en passant » – quelques heures après qu’elle a donné un discours soigneusement ouvré, tout à fait pro-Israël et bien reçu ici – et recueilli ce qui semblait être autant des applaudissements que des huées de désapprobation. Et à la fin, beaucoup le félicitaient – pas tous, mais beaucoup, désolés que cela soit déjà terminé.

Le public de la conférence politique de l’AIPAC, un public difficile pour Donald J. Trump ? C’était facile, même pour un candidat fustigé par la l’Anti-defamation League il y a quelques jours pour sa critique des minorités et son apport de l’intolérance à la politique américaine dominante, un candidat qui a des difficultés à désavouer le soutien de suprématistes blancs.

De manière inquiétante pour le lobby pro-israélien, dont les références bipartisanes sont cruciales pour la crédibilité et l’efficacité, il y a également eu des sections importantes du public pour l’applaudir quand il a décrit le président Barack Obama comme sans doute « la pire chose qui soit jamais arrivée à Israël. »

Clairement, Donald Trump est un orateur extrêmement efficace. La révélation a été que ce public, dont l’AIPAC s’inquiétait qu’il puisse protester trop brutalement contre le candidat, a été gagné si efficacement, presque sans efforts. Certains étaient sortis pour protester contre sa présence ; ils étaient une très petite minorité.

Une partie de ce qu’a dit le candidat était invraisemblable.

Il a affirmé qu’il avait été « très dangereux » pour lui de prendre le rôle de grand maréchal à la parade de la journée d’Israël de New York en 2004. « J’ai pris le risque et j’en suis heureux. » Et une partie de ce qu’il a dit était ridicule. Tout en dédaignant l’accord iranien, il a déclaré que « j’ai étudié ce sujet en détails » – en effet, « je dirais bien plus, et de loin, que n’importe qui d’autre. » De grandes parties de la foule ont ri de l’absurdité de cette vantardise, mais Trump n’a donné aucun signe d’avoir plaisanté. « Croyez-moi, oh, croyez-moi », leur a-t-il assuré.

Et pourtant il a gagné des applaudissements croissants à cause du pur flot incessant de rhétorique résolument pro-Israël, devant un public plus intensément conscient que presque tous les autres de la rareté d’un tel soutien sans restriction.

Ses deux premières phrases ont été : « Je parle devant vous aujourd’hui en tant que soutien de longue date et ami réel d’Israël. Je suis nouveau en politique, mais pas dans le soutien à l’Etat juif. » L’empathie pour Israël et l’indignation devant son traitement – par l’administration Obama, l’ONU, le monde arabe – n’a que cru en intensité depuis ceci.

Le candidat à l'investiture démocrate Bernie Sanders prends la parole lors d'un rassemblement à Dearborn, Michigan, le 7 mars 2016 (Crédit : AFP / Geoff Robins)
Le candidat à l’investiture démocrate Bernie Sanders prends la parole lors d’un rassemblement à Dearborn, Michigan, le 7 mars 2016 (Crédit : AFP / Geoff Robins)

Pendant ce temps, même quand Trump parlait, des informations arrivaient d’un discours non prononcé et publié par le seul candidat présidentiel à ne pas s’être rendu à la conférence politique de l’AIPAC, le seul juif de l’élection, Bernie Sanders.

En campagne à Salt Lake City, Sanders a rendu public un discours qu’il avait de manière compréhensible choisi de ne pas prononcer à l’AIPAC, dans lequel il fustigeait Israël pour ses « réponses [ostensiblement] disproportionnées quand il est attaqué », critiquait ses « bombardements d’hôpitaux, d’écoles et de camps de réfugiés » pendant la guerre de 2014 avec le Hamas, et demandait la fin du « blocus de Gaza » par Israël (sans aucune reconnaissance de pourquoi le blocus est maintenu, pour empêcher l’importation d’armes par une groupe terroriste déclarant son intention d’effacer Israël).

Ici à D.C., en contraste total, Trump promettait que sa « priorité numéro un » en tant que président serait de démanteler « l’accord désastreux avec l’Iran ». Et peu importe que, quelques minutes après, il promette simplement d’ « appliquer ses termes ».

Ici à D.C., Trump jurait, « quand je serai président », de « démanteler totalement le réseau terroriste mondial de l’Iran ». Il exprimait son horreur face à « l’esprit [iranien] dément » qui écrit un plaidoyer pour la destruction d’Israël sur ses tests de missiles balistiques défiant l’ONU. Il raillait « la faiblesse extrême et l’incompétence des Nations unies ».

Il s’engageait à résister à toute tentative d’imposer un accord de paix à Israël. Il jurait de « confronter » le terrorisme palestinien, de « déplacer l’ambassade américaine vers la capitale éternelle du peuple juif, Jérusalem », d’ « envoyer un signal clair, qu’il n’y avait aucun espace entre les Etats-Unis et notre allié le plus fiable, l’Etat d’Israël ». Et dans sa remarque qui a peut-être été la plus applaudie, il déclarait que « quand je serai président, les jours où l’on menace Israël comme un citoyen de seconde classe prendront fin. Dès le premier jour. »

Trump poussait tous les bons boutons, proposant une louange sans relâche d’Israël à des électeurs pro-Israël affamé de soutien non critique depuis bien plus longtemps que deux mandats présidentiels. Et la réponse, dans certaines parties du stade au moins, est passée au fur et à mesure vers l’adulation.

Le candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, pendant la conférence politique annuelle de l'AIPAC au centre Verizon de Washington, le 21 mars 2016. (Crédit : AFP / SAUL LOEB)
Le candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, pendant la conférence politique annuelle de l’AIPAC au centre Verizon de Washington, le 21 mars 2016. (Crédit : AFP / SAUL LOEB)

Au moment où il commençait sa tactique la plus audacieuse, la plus clivante, la plupart du public reposait dans la paume de sa main détendue. « Avec le président Obama dans sa dernière année, YAY », a-t-il commencé. Et il s’est ensuite arrêté pour le vrombissement d’approbations dont il savait qu’il viendrait.

Et il est venu – sans aucun doute à l’inconfort extrême de la direction de l’AIPAC. Trump était debout et attendait et souriait et secouait un peu la tête. Et ensuite il a continué avec : « Il est peut être la pire chose qui soit jamais arrivée à Israël, croyez-moi, croyez-moi. » Et les applaudissements ont à nouveau retenti. Pas en continu, mais beaucoup. « Et vous le savez. Et vous le savez mieux que n’importe qui. »

Obama et Clinton ont « très mal traité Israël », a-t-il dit. Beaucoup dans le public ont été complètement d’accord avec lui.

Dans le centre Verizon, il n’y a pas eu de discussions de « neutralité » sur le sujet israélo-palestinien. Il n’y a pas eu de répétition de cette remarque, quelques heures auparavant, qu’Israël devrait payer pour l’aide militaire américaine. A la place, Trump avançait maintenant vers sa conclusion.

« J’aime les personnes dans cette pièce. J’aime Israël […]. Ma fille Ivanka est sur le point d’avoir un magnifique bébé juif. » (Enormes applaudissements). « En fait, cela pourrait arriver à l’instant, ce qui serait très agréable en ce qui me concerne. Alors je veux beaucoup vous remercier. Cela a vraiemnt été un très grand honneur. Merci à tous. »

Et avec cela, le flot de remarques saccadées s’est arrêté. Il saluait. Il rayonnait. Il levait les pouces à nouveau. Et il était parti. Parti en 25 minutes.

Pendant les deux jours précédents de la conférence de l’AIPAC, divers délégués m’ont décrit Trump pendant des conversations privées comme un démagogue, un homme libérant des forces politiques sombres aux Etats-Unis, et même comme un « Mussolini accidentel ».

Quand vous regardez la vidéo de sa performance de lundi soir, vous voyez que la peur de l’AIPAC, qu’il soit traité grossièrement ici, qu’il soit hué et raillé et ne se sente pas accueilli, s’est montrée complètement et totalement injustifiée.

Que devrions-nous tous faire de cela ?

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