Un artiste iranien dévoile une peinture murale sur le thème du 7 octobre en Israël
En représentant la soldate Shirel Haïm Pour, Hooman Khalili est à mi-chemin de sa mission d'hommage aux liens entre Juifs et Perses : peindre 18 fresques pour sensibiliser à l'oppression des Iraniennes
- L'artiste irano-américain Hooman Khalili devant une peinture murale qu'il a réalisée sur le mur extérieur du Musée de la Tolérance de Jérusalem représentant la soldate irano-israélienne Shirel Pour Haïm (à gauche), et Mahsa Amini, jeune femme tuée par le régime, déclenchant des manifestations en Iran, à Jérusalem, le 30 janvier 2024. (Crédit : Gianluca Pacchiani/Times of Israel)
- Une peinture murale conçue par l'artiste irano-américain Hooman Khalili célébrant la lutte des femmes iraniennes contre leur régime, à Netanya, en Israël. (Crédit : Instagram)
- Détail d'une peinture murale conçue par l'artiste irano-américain Hooman Khalili, célébrant la lutte des femmes iraniennes contre leur régime, à Nazareth, en Israël. (Crédit : Instagram)
- Une peinture murale conçue par l'artiste irano-américain Hooman Khalili et peinte par la graffeuse israélienne Shir Lamdan, représentant la reine Esther, à gauche, la championne iranienne de tir à l'arc Kosar Khoshnoodi Kia, et Shirel Haïm Pour, une soldate israélienne tuée par le Hamas, à Tel Aviv, le 29 janvier. (Crédit : Instagram)
Il y a un peu plus d’un an, Hooman Khalili, né en Iran, a quitté sa carrière de DJ dans la baie de San Francisco – ou Bay Area – et s’est lancé dans un projet personnel consistant à peindre une série de fresques murales à travers Israël. Sa mission est double : célébrer les affinités entre les peuples iranien et juif et attirer l’attention sur l’oppression des femmes à l’intérieur de la République islamique.
« Mon objectif est de réunir l’Iran et Israël autour d’une même amitié. Il s’agit d’une amitié vieille de 3 000 ans », a-t-il déclaré lors d’une récente interview accordée au Times of Israel.
Né à Téhéran en 1974, Khalili a quitté l’Iran avec sa mère à l’âge de 3 ans, quelques mois avant la révolution islamique de Khomeini. Ils ont tous deux atterri en Californie et ont été accueillis par une église presbytérienne de la Bay Area, où Khalili a grandi. Il s’est converti au christianisme et, à ce jour, la foi joue un rôle important dans sa vie.
Il n’est jamais retourné dans son pays d’origine, mais il parle encore un peu le farsi et est profondément affecté par l’oppression et les crimes commis contre son peuple par le régime islamique, « le premier sponsor du terrorisme dans le monde entier », selon ses propres termes.
L’artiste était en Israël la semaine dernière pour dévoiler sa dernière fresque à Tel Aviv. L’œuvre, conçue par Khalili et peinte par la graffeuse israélienne Shir Lamdan, commémore deux femmes : une soldate israélienne d’origine iranienne, Shirel Haïm Pour, tuée par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, et une championne de tir à l’arc iranienne qui a perdu son œil gauche lors d’une manifestation contre le régime. Sur la gauche de la peinture murale se trouve une image de la reine Esther.
Le parcours de Khalili dans l’art mural a commencé peu après la mort de Mahsa Amini, 22 ans, en septembre 2022, alors qu’elle était détenue par la police des mœurs pour avoir prétendument enfreint les règles relatives au hijab. Sa mort a déclenché une vague de manifestations contre le régime qui a embrasé l’Iran pendant des mois sous le slogan « Femme, vie, liberté ». En solidarité avec son peuple, Khalili s’est associé à une artiste de rue pour créer sa première fresque commémorative à San Francisco.

18 fresques comme signe de vie
Deux personnalités israéliennes engagées dans la défense des femmes iraniennes – la militante des réseaux sociaux et entrepreneuse Emily Schrader et la maire adjointe de Jérusalem Fleur Hassan-Nahoum – ont découvert le travail de Khalili en ligne et l’ont invité à venir en Israël.
Depuis, il s’est rendu dans le pays huit fois en 13 mois, dans le but d’accomplir sa mission : peindre 18 fresques murales dans tout le pays. Le nombre lui a été suggéré à deux reprises par deux « personnes prophétiques », a-t-il expliqué, et il correspond au nombre de chaï, ou « vivant », en guematria (une pratique mystique juive qui attribue des valeurs numériques aux mots).
Sa première œuvre, dans le quartier industriel de Jérusalem, Talpiot, représentait Mahsa Amini et trois autres femmes iraniennes assassinées par le régime.

La deuxième peinture murale a été réalisée à Nazareth, la plus grande ville arabe d’Israël, et représentait les visages d’autres jeunes Iraniennes tuées pour leur opposition à la République islamique.
Aujourd’hui, l’artiste est à mi-chemin de son projet. En coopération avec cinq graffeurs israéliens, il a déjà réalisé neuf fresques : deux à Jérusalem, Tel Aviv et Netanya, une à Nazareth, une à Mevasseret (une ville située à l’extérieur de Jérusalem) et une à Haïfa.
Khalili a parlé avec beaucoup d’enthousiasme de ses œuvres et de l’impact transformateur qu’il espère qu’elles auront.
Il a expliqué que l’une de ses deux œuvres à Tel Aviv représente une petite fille tenant un masque à gaz. Il s’agit d’une référence aux informations bouleversantes selon lesquelles le régime iranien aurait utilisé des gaz toxiques contre des écolières afin d’effrayer leurs parents et de les dissuader de participer aux manifestations contre l’obligation de porter le voile.

« Je ne pourrais jamais réaliser cette fresque à Jérusalem, car elle est trop controversée », a-t-il fait remarquer. « Celles de Jérusalem doivent être très conservatrices. »
Dans la capitale, une œuvre de Khalili domine l’entrée du musée de la Tolérance dans le parc de l’Indépendance. Elle représente les visages de Mahsa Amini et de la soldate irano-israélienne Shirel Pour Haïm avec la bannière « Esthers du monde, levez-vous » et le slogan « Femme, vie, liberté » en anglais, hébreu et farsi.
Interrogé sur les effets escomptés par son projet, Khalili a énuméré trois objectifs.
« Premièrement, je veux inspirer les femmes d’Iran à continuer à se battre. »
« Deuxièmement, je veux montrer au monde que les Juifs sont aux côtés des femmes iraniennes. C’est important parce qu’Israël est le seul pays du Moyen-Orient qui autorise ces peintures murales. Il y a 75 peintures murales dans le monde consacrées à leur lutte, mais les deux peintures de Jérusalem sont comme une bombe atomique pour le régime iranien. »
La métaphore n’a pas été choisie par hasard. Après l’apparition des œuvres de Khalili dans l’État hébreu, l’Iran a réagi avec son propre art de la rue, en accrochant dans les rues de Téhéran des bannières représentant des missiles balistiques avec des légendes en farsi et en hébreu indiquant « 400 secondes avant Tel Aviv », en référence au temps que les projectiles mettraient à atteindre la capitale économique israélienne.
Résonance biblique
Le troisième objectif de son projet est de « rappeler au monde que les Perses sont les amis des Juifs depuis 3 000 ans ».

Un élément récurrent de son art visuel est tiré d’un verset biblique souvent négligé du livre de Jérémie, dans lequel Dieu a juré qu’il établirait son trône en Élam – un ancien pays situé dans l’Iran actuel, dans la région où la reine Esther et le prophète Daniel sont enterrés selon la tradition juive. Le fait que Dieu ait choisi Jérusalem et l’Élam comme sièges de son trône incarne un lien plus étroit entre les peuples juif et persan, a affirmé Khalili.
Khalili a souligné qu’il n’était pas en contact avec les dirigeants de l’opposition à l’intérieur de l’Iran – « Je ne veux pas que quelqu’un ait des problèmes parce qu’il est en contact avec moi » – mais l’une de ses œuvres dans la ville côtière de Netanya a été visitée en avril dernier par le prince héritier iranien en exil Reza Pahlavi, une figure importante de l’opposition, au cours d’une visite historique en Israël. « C’est un événement important », a fait remarquer Khalili.
L’Américain d’origine iranienne a souligné que son travail pouvait contribuer à améliorer l’image d’Israël dans le monde. « Israël a de très mauvaises relations publiques – même l’Iran a de meilleures relations publiques qu’Israël. »
« Ces peintures murales sont une bonne publicité pour Israël », a déclaré l’artiste, qui a précisé qu’il avait reçu le soutien du ministère israélien des Affaires étrangères, mais qu’il ne recevait aucune aide financière de celui-ci, ni d’aucune institution publique ou donateur privé. Tout son travail est autofinancé.
« L’une des raisons pour lesquelles il faut tant de temps pour achever la série de 18 peintures murales est qu’après chacune d’entre elles, je dois retourner aux États-Unis, travailler et gagner de l’argent, puis utiliser tout cet argent pour l’œuvre suivante », a-t-il expliqué.
Au cours de ses nombreuses visites, Khalili a admis avoir développé une certaine affection pour la culture israélienne.
« L’une des choses que j’admire vraiment chez les Juifs d’Israël, c’est qu’on peut s’asseoir à table avec quelqu’un avec qui on n’est pas du tout d’accord sur tout. Puis on se lève, on regarde la personne dans les yeux et on lui dit : ‘Je t’aime, j’ai hâte de te revoir.’ Cela n’arrive pas du tout en Amérique. »
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