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Un téléfilm avec Julie Gayet sur le triste destin d’une jeune victime de la Shoah

Le film évoque le sort d’Annette Zelman, étudiante juive parisienne des Beaux-Arts déportée et tuée à Auschwitz à l’âge de 20 ans

« L’affaire Annette Zelman ». (Crédit : Hassen Brahiti / France Télévisions)
« L’affaire Annette Zelman ». (Crédit : Hassen Brahiti / France Télévisions)

Le tournage d’un téléfilm pour France Télévisions qui s’exprime contre l’antisémitisme, « L’affaire Annette Zelman », vient de s’achever, a rapporté récemment Le Figaro. Il sera diffusé la saison prochaine.

Le film évoque le sort de cette étudiante juive parisienne des Beaux-Arts déportée et tuée à Auschwitz à l’âge de 20 ans.

Juive française née de parents immigrés d’Europe de l’Est, elle a été arrêtée en mai 1942 à Paris à la suite de la dénonciation du docteur Hubert Jausion et de sa femme, des bourgeois parents de son fiancé Jean Jausion, poète lié à la mouvance surréaliste. En la dénonçant, le couple voulait s’opposer au mariage de leur fils avec une Juive. Arrêtée à titre « préventif », elle a ensuite été déportée alors que la mesure épargnait jusqu’alors les femmes.

Après s’être réfugiée à Bordeaux avec sa famille après la déclaration de guerre de 1939, elle a été recensée comme « Israélite » en octobre 1940. Elle se rendait alors fréquemment à Paris pour y entamer des études aux Beaux-Arts, où elle a fréquenté des artistes et intellectuels du Quartier latin.

Arrêtée à son domicile du 10e arrondissement le 22 mai 1942 sur ordre de Theodor Dannecker, chef du service des Affaires juives de la Gestapo à Paris pour un motif « politique », elle a été détenue jusqu’au 10 juin 1942 au dépôt de la préfecture de police de Paris puis au camp des Tourelles. Annette Zelman a fait partie du troisième convoi de déportés à destination d’Auschwitz, le 22 juin 1942. Elle y est morte, probablement en août 1942, sans qu’aucune information sur son sort n’ait pu être retrouvée.

La figure tragique d’Annette Zelman est apparue dans les souvenirs de Simone de Beauvoir quand la romancière a décrit le microcosme du Café de Flore sous l’Occupation. Un texte de Boris Vian l’évoque également. Son destin a également attiré l’attention du romancier Patrick Modiano et des historiens Henri Amouroux et Laurent Joly – le téléfilm de France Télévisions est basé sur les travaux de ce dernier.

Dans le téléfilm, Annette est interprétée par Ilona Bachelier. Jean Jausion est campé par Vassili Schneider. Julie Gayet et Laurent Lucas incarnent ses parents.

L’œuvre est réalisée par Philippe Le Guay, qui s’est inspirée pour ce projet de l’esthétique du film « Monsieur Klein ».

« L’affaire Annette Zelman » fait écho au dernier film de Le Guay, « L’Homme de la cave », qui raconte l’histoire d’un militant antisémite qui s’est installé dans le sous-sol d’un petit-fils d’un rescapé de la Shoah.

« Cet hymne à la vie, à l’amour broyé par l’obscurantisme m’a bouleversé. Annette Zelman montre la dangerosité d’un concept, de l’antisémitisme ordinaire », a expliqué le cinéaste au Figaro.

Philippe Le Guay et Ilona Bachelier ont pu s’aider pour le tournage des confidences de Michelle, la sœur cadette d’Annette. Aujourd’hui nonagénaire, elle sera la narratrice du téléfilm.

« Annette a été embarquée dans le premier convoi de femmes vers Auschwitz. Elle est emblématique de ces affaires de délation où il y a un décalage entre la volonté de vengeance personnelle et les conséquences hors de proportion. La délation a concerné tous les milieux, y compris les plus favorisés », a indiqué Laurent Joly, qui a analysé le destin d’Annette Zelman selon deux axes. D’une part, il est, explique-t-il, une illustration du massif phénomène de délation, nourri de l’antisémitisme ordinaire et des rancœurs personnelles, qui a touché la société française sous Vichy, même les milieux bourgeois et lettrés comme ceux des parents Jausion ; d’autre part, il préfigure la « Solution finale » avec une accélération du rythme des déportations et leur extension aux femmes.

« Bientôt les témoins de la Shoah ne seront plus là. Annette Zelman est une figure moderne qui tisse un lien entre les générations récentes et ce qui s’est passé en 1942 », a-t-il ajouté. « Il y a encore quelques années, la vérité des faits historiques paraissait inaliénable. On sent aujourd’hui qu’un retour en arrière, que les mensonges, les falsifications sont possibles. Du documentaire à la fiction, il est important de multiplier les outils de transmission, et combattre cette méconnaissance qui grandit. »

L’histoire d’Annette Zelman avait déjà été évoquée dans le documentaire « Dénoncer sous l’Occupation » de David Korn-Brzoza, coécrit avec Laurent Joly, diffusé dans la série « Histoire immédiate » sur France 3 en 2012.

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