Une campagne en ligne collecte plus de 300 000 NIS pour le soldat de Hébron
La campagne vise à financer une nouvelle association voulant fournir une assistance juridique à Elor Azaria et d’autres “dans une situation similaire”
Une campagne de financement en ligne lancée en soutien au soldat israélien inculpé pour homicide après avoir tué un assaillant palestinien neutralisé en mars avait récolté dimanche plus de 300 000 shekels (environ 71 000 euros) donné par 2 200 contributeurs, atteignant plus de 75 % de son objectif affiché (400 000 shekels) en seulement quelques heures.
La campagne a été lancée dimanche soir, et demandé des financements pour la nouvelle Association pour la défense des soldats israéliens, dont l’objectif, expliqué par le site internet de la campagne, est de fournir « une aide juridique et en communications aux combattants pris dans des situations » similaires à celle d’Elor Azaria.
L’incident du 24 mars, pendant lequel Azaria a été filmé en train de tirer à la tête sur Abed al-Fattah Yusri al-Sharif, assaillant palestinien, presque 15 minutes après qu’il a déjà été blessé pendant une tentative d’attaque au couteau contre un soldat israélien à Hébron, et le procès qui a suivi ont profondément divisé Israël.
Azaria a été inculpé le 18 avril par la Cour militaire de Jaffa.
Face aux fortes condamnations de ses actes par le gratin militaire, le ministre de la Défense d’alors, Moshe Yaalon, et le chef d’Etat-major Gadi Eizenkot, des partisans d’extrême-droite et certains politiciens avaient accusé l’establishment militaire d’abandonner l’un des siens.

La campagne pour aider à la défense d’Azaria, hébergée sur le site de financement participatif Headstrat, a appelé les partisans du soldat à « nous rejoindre dans la mobilisation pour aider Elor Azaria et sa famille ».
« Nous envoyons nos enfants à l’armée, mais face à une crise déclenchée par une opération militaire complexe, il n’y a pas de système qui les aide à affronter les difficultés. Personne n’offre d’aide aux familles ou aux combattant(e)s affrontant la crise seuls, et les coûts élevés impliqués dans de tels cas », est-il écrit dans la présentation de la campagne.
« Une défense juridique appropriée est un droit humain fondamentale, sans parler d’un combattant qui a affronté un terroriste et s’est retrouvé dans une situation si difficile pendant son service militaire obligatoire », continue le texte.
La présentation a de plus affirmé que les Israéliens « ne pouvaient pas laisser Elor et sa famille sans défense », ou « laisser la bureaucratie et la politique prévaloir sur la morale et les valeurs fondamentales. »
La campagne a repris l’argumentation de la défense, réfutée par les supérieurs d’Azaria, disant que le soldat a agi pour se défendre, et a tiré sur Sharif, blessé, parce qu’il aurait pu porter une ceinture explosive qu’il aurait pu activer.
Le texte est signé « Sharon ». Il s’agit probablement de l’ancien député du parti Yisrael Beytenu Sharon Gal, qui est devenu le porte-parole et conseiller médiatique non officiel de la famille Azaria. Gal a quitté le journalisme l’année dernière pour rejoindre le parti d’Avigdor Liberman avant les élections nationales, mais a arrêté la politique seulement cinq mois après avoir remporté un siège à la Knesset. Gal, est maintenant retourné au journalisme sur la Vingtième chaîne, financée par l’état, a organisé un rassemblement pour Azaria en avril à Tel Aviv qui avait attiré des milliers de personnes.
La majorité des donateurs ont donné le minimum requis de 50 shekels (plus de 800 personnes), mais au moins 45 personnes ont donné plus de 500 shekels, plus de 30 ont donné au moins 1 000 shekels et une personne a donné au moins 10 000 shekels.

L’affaire Azaria et son procès devant la cour militaire de Jaffa ont profondément divisé la société.
La semaine dernière, les procureurs militaires instruisant l’affaire ont été placés sous protection face aux menaces montantes et aux incitations à la violence faites en ligne par des partisans du soldat.
Quatre soldats devant témoigner ont aussi été protégés, après avoir exprimé des inquiétudes pour leur sécurité.
Selon un reportage de la Deuxième chaîne, les procureurs ont reçu un bouton de « panique » installé sur leur téléphone si le besoin s’en faisait sentir, et aussi été informé par des personnels de sécurité pour savoir quelles situations rechercher et quelles mesures prendre.
Liberman avait initialement exprimé son soutien à Azaria, mais avant de prendre le poste de ministre de la Défense en mai, il avait promis de ne pas interférer dans le procès.
Le mois dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait défendu publiquement le commandant d’Azaria, Tom Naaman, après qu’il ait reçu des menaces et ait été vilipendé par des militants d’extrême-droite pour son témoignage contre son subordonné.

Naaman avait fourni un témoignage accablant contre Azaria, déclarant qu’al-Sharif ne posait aucune menace et qu’après le tir Azaria lui avait dit que « ce terroriste était vivait et devait mourir. »
En réponse aux menaces en ligne et aux attaques dirigées contre Naaman, Netanyahu avait déclaré qu’il « n’y a pas de place pour de une hyperbole si déplacée ».
« J’appelle tout le monde à baisser le ton et à laisser l’armée israélienne en dehors de la politique. Nous devons protéger l’armée, tout comme elle nous protège », avait ajouté le Premier ministre.
La police israélienne a arrêté le mois dernier un Israélien habitant dans une implantation de Cisjordanie pour des incitations à la violence présumées contre Naaman.
La semaine dernière, le commandant de brigade d’Azaria a a déclaré à la cour militaire qu’il ne voyait aucune justification au tir, et a rejeté l’affirmation du soldat selon laquelle les troupes s’inquiétaient que l’attaquant ait pu porter une bombe.
Le colonel Yariv Ben Ezra a déclaré à la cour que contrairement aux affirmations d’Azaria, il n’avait trouvé aucune raison de suspecter que Sharif portait des explosifs.
Ben Ezra a déclaré au tribunal militaire qu’il ne considérait pas que le tir fût justifié. « A la lumière de l’enquête et du débriefing initial sur le terrain, et au final ces informations sont arrivées pendant la journée, mon évaluation est que le tir n’était pas justifié », a-t-il déclaré.
Azaria a été libéré le week-end dernier pour sa première permission depuis son arrestation.