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Netanyahu : “Pas de place” pour l’incitation à la haine contre le commandant d’Azaria

Après des menaces dans l’affaire du soldat qui a tué un terroriste palestinien désarmé, l’accusation demande à garder secrets les noms des autres témoins

Tom Naaman, officier commandant d'Elor Azaria, arrive à la cour militaire de Jaffa, le 16 juin 2016. (Crédit : Flash90)
Tom Naaman, officier commandant d'Elor Azaria, arrive à la cour militaire de Jaffa, le 16 juin 2016. (Crédit : Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a défendu lundi le commandant du sergent Elor Azaria, le soldat jugé pour avoir tué un terroriste palestinien désarmé à Hébron, qui après avoir reçu des menaces a été critiqué par des militants d’extrême droite pour son témoignage contre son subordonné.

Faisant référence à la haine dirigée contre le major Tom Naaman dans certains groupes, Netanyahu a déclaré qu’ »il n’y a pas de place pour de une hyperbole si déplacée ».

Le Premier ministre a ajouté qu’il « fait confiance à l’armée, à son chef d’Etat-major, aux commandants et aux soldats. Je fais confiance à la justice à 100 %. Elle est professionnelle, honnête et juste, et j’appelle tout le monde à baisser le ton et à laisser l’armée en dehors de la politique. Nous devons protéger l’armée, tout comme elle nous protège. »

Les procureurs militaires ont à présent demandé à la cour de placer un ordre de silence sur les noms des témoins du procès, citant l’incitation à la haine de l’extrême droite contre Naaman.

« Il est regrettable que nous en venions à cela, mais nous n’avons pas le choix », ont déclaré les procureurs, selon la Deuxième chaîne. « Nous protégerons chaque témoin. »

Benjamin Netanyahu à la Knesset, le 1er juin 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Benjamin Netanyahu à la Knesset, le 1er juin 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Parallèlement, le chef de l’opposition Isaac Herzog a parlé lundi par téléphone à la mère de l’officier, et lui a dit que la « vaste majorité » des Israéliens soutenait les actions de son fils par son témoignage.

« Je [lui] a dit que je voulais exprimer ma solidarité la plus profonde avec Tom contre ceux qui voudraient détruire la morale de l’armée, le principe de dire la vérité et de respecter la loi, et nos normes les plus fondamentales », a déclaré Herzog aux médias.

Herzog a déclaré être surpris que Netanyahu n’ait pas pu parler avec la famille de Naaman, alors qu’il avait parlé à la famille d’Azaria à la suite de l’arrestation d’Elor. « Si son équipe rencontre des difficultés à obtenir le numéro, nous le lui donnerons », a ajouté Herzog ironiquement.

Isaac Herzog à une réunion de l'Union sioniste au parlement israélien, le 22 février 2016  (Crédit : Miriam Alster / FLASH90)
Isaac Herzog à une réunion de l’Union sioniste au parlement israélien, le 22 février 2016 (Crédit : Miriam Alster / FLASH90)

Jeudi, Naaman avait témoigné devant la Cour militaire de Jaffa sur l’incident du 24 mars, pendant lequel Azaria a été filmé en train de tirer à la tête sur Abed al-Fattah Yusri al-Sharif, presque 15 minutes après qu’al-Sharif et un autre Palestinien, Ramzi Aziz al-Qasrawi, aient poignardé un soldat israélien à Hébron.

Naaman avait fourni un témoignage accablant contre Azaria, déclarant qu’al-Sharif ne posait aucune menace et qu’après le tir Azaria lui avait dit que « ce terroriste était vivait et devait mourir. »

Elor Azaria, le soldat israélien qui a abattu un attaquant palestinien désarmé et neutralisé en mars 2016 à Hébron devant la cour militaire de Jaffa, le 18 avril 2016. (Crédit : Flash90)
Elor Azaria, le soldat israélien qui a abattu un attaquant palestinien désarmé et neutralisé en mars 2016 à Hébron devant la cour militaire de Jaffa, le 18 avril 2016. (Crédit : Flash90)

Après avoir témoigné, Naaman a été immédiatement attaqué sur les réseaux sociaux, les utilisateurs le traitant de « traître » et disant qu’il devait mourir.

Dimanche, la police a arrêté un résident d’une implantation israélienne en Cisjordanie pour incitation à la violence contre Naaman. L’homme de 34 ans, qui habite dans la région de Samarie de Cisjordanie, est suspecté d’ « incitation à la violence, de harcèlement de témoin et d’insulte à un représentant de l’Etat » dans ses posts publiés sur des réseaux sociaux contre Naaman, a déclaré la police.

Un soldat israélien chargeant son arme avant de sembler tirer à la tête sur un assaillant palestinien au sol, apparemment désarmé, à la suite d'une attaque au couteau à Hébron, le 24 mars 2016. (Crédit : capture d'écran B'TSelem)
Un soldat israélien chargeant son arme avant de sembler tirer à la tête sur un assaillant palestinien au sol, apparemment désarmé, à la suite d’une attaque au couteau à Hébron, le 24 mars 2016. (Crédit : capture d’écran B’TSelem)

Sur Facebook, le suspect avait écrit que « dans les prochains jours, nous posterons où ce traître habite et le numéro de téléphone de sa famille, et peut-être qu’ils pourront influencer ce traitre qui a vendu son âme au diable pour sa prochaine promotion. »

Le chef d’Etat-major Gadi Eizenkot a dénoncé les attaques contre Naaman, déclarant que l’officier avait son « soutien total », et a répété le besoin d’un procès juste, sans intervention extérieure.

Jusqu’à présent, seul ce résident de Samarie a été arrêté pour des incitations à la violence contre Naaman.

Il a été emmené pour être interrogé à la division de la police de Cisjordanie, et est sorti dans la journée, avec des « conditions appropriées », a déclaré la police, sans préciser ces conditions.

Dimanche, Eizenkot avait parlé avec Naaman au téléphone pour lui exprimer son soutien.

Peu après, dans un communiqué, le chef d’Etat-major avait appelé les témoins du procès « de l’accusation et de la défense à dire la vérité sans inquiétude et sans peur. »

Le chef d'Etat major de l'armée israélienne, Gadi Eizenkot, pendant une conférence en mémoire de l'ancien chef d'Etat major Amnon Lipkin-Shahak au centre interdisciplinaire d'Herzliya, le 9 février 2016. (Crédit : Adi Cohen Zedek/IDC Herzliya)
Le chef d’Etat major de l’armée israélienne, Gadi Eizenkot, pendant une conférence en mémoire de l’ancien chef d’Etat major Amnon Lipkin-Shahak au centre interdisciplinaire d’Herzliya, le 9 février 2016. (Crédit : Adi Cohen Zedek/IDC Herzliya)

Les commentaires d’Eizenkot ont été répétés par des politiciens de gauche comme de droite. Dans des posts publiés sur Facebook ou Twitter, le dirigeant de Yesh Atid Yair Lapid, et les députées de l’Union sioniste Shelly Yachimovich et Tzipi Livni ont tous condamné les attaques contre Naaman.

Le ministre de l’Education Naftali Bennett, qui préside le parti de droite national religieux HaBayit HaYehudi, a également exprimé son soutien à l’officier.

« Tout comme j’ai été la première personne à prendre publiquement position contre le jugement public et précoce d’Elor Azaria par la direction politique, j’appelle également à un arrêt immédiat des attaques contre le commandant de compagnie qui a rempli son devoir et a témoigné, comme demandé par la loi », a tweeté Bennett dimanche.

« Il est absolument interdit de l’attaquer pour cela », a-t-il ajouté.

L’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, l’un des personnages publics qui avait fortement condamné les actes d’Azaria, a également écrit sur les réseaux sociaux pour condamner les incitations à la haine contre Naaman, disant qu’elles « traversaient un ligne rouge ».

« J’appelle le leadership à cesser de s’agenouiller devant la minorité extrémiste, à s’exprimer clairement et vigoureusement contre cette action interdite et à donner un soutien éthique et fondamental au combattant et au commandant qui ont montré du courage en dehors du champ de bataille », a écrit Yaalon.

Avigdor Liberman, président du parti Yisrael Beytenu, arrive à la cour militaire pour soutenir Elor Azaria, un soldat israélien accusé d'avoir tué un assaillant palestinien blessé à Hébron, le 29 mars 2016. (Crédit : Flash90)
Avigdor Liberman, président du parti Yisrael Beytenu, arrive à la cour militaire pour soutenir Elor Azaria, un soldat israélien accusé d’avoir tué un assaillant palestinien blessé à Hébron, le 29 mars 2016. (Crédit : Flash90)

Avant de remplacer Yaalon à la Défense, Avigdor Liberman s’était exprimé en faveur d’Azaria et avait dénoncé le procès contre lui. Cependant, après sa nomination le mois dernier, Liberman avait promis de ne pas intervenir dans le procès.

Liberman, qui s’est rendu lundi aux Etats-Unis, a publié un communiqué où il déclare « dénoncer toutes les attaques et insultes contre des officiers de l’armée israélienne », sans parler spécifiquement de l’affaire ni citer Naaman.

Judah Ari Gross a contribué à cet article.

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