D’après son commandant, Elor Azaria a déclaré que le terroriste « devait mourir »
Une médecin légiste a affirmé devant le Tribunal que l’attaquant au poignard palestinien blessé aurait survécu si Elor Azaria ne lui avait pas tiré dans la tête
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Le Tribunal militaire a entendu jeudi un témoignage disant que le soldat de Tsahal poursuivi pour homicide après un tir controversé il y a deux mois sur un Palestinien qui avait tenté une attaque au poignard avait dit à son commandant après avoir tiré le coup fatal, que « le terroriste devait mourir ».
Le major de Tsahal Tom Na’aman a donné sa version au Tribunal militaire de Jaffa concernant l’événement survenu à Hébron le 24 mars, lorsque le sergent Elor Azaria, un soldat de la compagnie se trouvant sous ses ordres, a tiré dans la tête de l’attaquant blessé.
L’incident a commencé lorsque les Palestiniens Ramzi Aziz al-Qasrawi et Abed al-Fattah Yusri al-Sharif ont attaqué deux Israéliens avec des couteaux, poignardant l’un d’entre eux. L’autre soldat a ouvert le feu tuant al-Qasrawi et blessant sérieusement al-Sharif.
Approximativement six minutes après, Azaria est arrivé sur les lieux, et cinq minutes après cela, le soldat de la Brigade Kfir a été enregistré par une caméra alors qu’il tirait sur al-Sharif dans la tête pendant que ce dernier était étendu sans bouger sur le sol.
Na’aman a décrit comment, après être arrivé sur les lieux, et sur la base de rapports initiaux qu’il a reçu de la part de soldats concernant le nombre de coups qui avaient été tirés, il était sûr que l’un des attaquants était mort.
« Concernant le deuxième [terroriste], je ne savais pas dans quelle condition il se trouvait. J’ai compris que le deuxième terroriste était également blessé, mais pas tué », a-t-il témoigné. « J’ai remarqué que le terroriste à la chemise noire (al-Sharif) remuait sa tête. Je pouvais voir le poignard et je pouvais voir qu’il était relativement loin, hors de sa portée ».
Il a souligné devant le Tribunal que la chemise de l’attaquant était assez moulante et qu’elle ne pouvait dissimuler de bombe.
« Je me tenais au-dessus de lui, à une courte distance, peut-être la moitié d’un mètre. Je ne ressentais aucun danger. Ses yeux étaient fermés, même révulsés. Au premier abord, il semblait que son corps s’écroulait », a-t-il dit.
Après qu’Azaria a tiré le premier coup « j’ai compris [qu’al-Sharif] avait été touché à la tête », a raconté Na’aman, et il a expliqué qu’il a d’abord pensé que la balle avait été tirée par l’un des civils armés sur les lieux, plutôt que par un soldat.
Une fois qu’il a réalisé que c’était Azaria qui avait appuyé sur la gâchette, Na’aman lui a demandé pourquoi il avait fait cela et Azaria a répondu, « Ce terroriste était vivant et il devait mourir », a ajouté l’officier.
Azaria a été mis en examen pour homicide et pour comportement militaire inapproprié par le Tribunal le 18 avril. Na’aman a précisé qu’ « Azaria était un bon combattant, un bon soldat, et discipliné », et il a noté sa décision de devenir assistant médical de la compagnie comme preuve de sa fiabilité et de son dévouement.
Plus tôt lors dans la procédure judiciaire, jeudi, la médecin légiste Hadas Gipes a témoigné et établi que « le cœur du terroriste battait toujours lorsque la balle a traversé son crâne. Le sang atteignait toujours la zone (de la blessure) et remplissait ses vaisseaux sanguins. Si le cœur pompe, cela signifie qu’(il) est toujours vivant ».
« Avec une attention médicale immédiate, le terroriste serait presque certainement resté en vie. Même sans traitement médical, il est probable que le décédé serait resté en vie », a affirmé Gipes.
Bien qu’Azaria ait admis avoir tiré sur Sharif, ses avocats de défense ont indiqué qu’ils allaient demander à exhumer et à réexaminer le corps, après que des rapports d’autopsie ont montré que Sharif était déjà sérieusement blessé aux poumons et au pubis en raison des coups de feu tirés sur lui plus tôt. L’équipe de la défense a suggéré que les coups précédents avaient pu avoir déjà causé des blessures mortelles et que cela devait être pris en considération.
Le dossier a déclenché une large controverse et a enflammé les tensions politiques en Israël. Malgré une forte condamnation des actions d’Azaria par les hauts responsables militaires, y compris par celui qui était alors ministre de la Défense Moshe Yaalon et par le chef d’Etat-major Gadi Einsenkot, des partisans d’extrême droite et certains politiciens ont accusé les hauts responsables de la défense d’avoir abandonné l’un des leurs.